mardi 14 septembre 2010

Lena, part I: How she saved my life

« Si tu lis cette lettre c’est que je suis pas loin de la prochaine
Elle aura son charme mais ça vaudra pas tes fossettes
J’ai un pincement ici quand je repense à ton visage
Hélas, rien ne se présente comme on l’envisage
On s’est tellement répété que c’était trop beau pour être vrai
Les débuts sont tous pareils à peu de choses près
Je pars avant l’heure où l’homme commence à mentir
Lorsque l’aiguille penche entre le meilleur et le pire
On se reverra, d’ici là t’en rencontreras d’autres
Imagine tout ce que nous aurions pu
Pour ne jamais réaliser que nous ne riions plus
[…] J’ai pris la décision de te quitter plutôt que de te tromper
Est-ce le bon geste ?
On a vécu…
Ce grand A que peu peuvent se vanter d’avoir connu
Tout ce qu’on aurait pu est souvent mieux que ce qui se fait
Qui est satisfait ? »

Oxmo Puccino



Les gens sont ce qu’ils sont, on les observe, on vit avec eux, on apprend comment combler leurs besoins, palier leurs carences mais ils restent incomplets. On s’approprie des détails pour justifier l’ensemble, car au fond dans le désespoir ne pas remplir les vides de leurs silences, les réponses aux questions non posées, dans la rage de ne pas pouvoir compléter leurs gestes avant qu’ils ne les esquissent, c’est notre propre quête d’eccéité qui demeure un échec. Dans le regard de l’autre, on cherche désespérément une voix qui hurlerait à nos tympans que nous ne sommes pas vains. Un miroir qui reflèterait autre chose que nos corps imparfaits rabotés par le temps, la lueur d’une incandescence.
Je ne suis pas différent, un peu particulier sans doute, sur le lisse de mon être une aspérité se dessine, une singularité. Je crois que je suis un idéaliste réaliste, mais est-ce seulement possible? Un peu comme regarder à droite et à gauche en même temps, pour ca, il faut être deux. Il faut être deux et je suis un, et en étant qu’un je ne suis pas un, foutu cercle psychotique.

Ce blog, en attente depuis des mois méritait mieux. Je ne suis qu’un scribe paresseux écrivant sous sa douche, dans sa tête, des lignes et des lignes d’histoire sans les mettre sur le papier. Je ne suis qu’un auteur sans volonté d’écrire, épuisé par une vie qu’il déstructure à loisir de sommeil incomplet, de plaisirs fugaces ou non assouvis pleinement, comme si le temps pressait et qu’il ne m’en restait que peu. Peur ? non, même pas, juste incapable de me relever d’un coup porté je ne sais quand par je ne sais qui. Je n’ai plus qu’un rêve, être moi. Ca à l’air simple mais je n’y arrive pas.

Je voudrais entrer. Ici tout n’est que nuit, tout est sombre, tout est ombre, même la musique semble délavée de ses notes originelles. Ici je suis seul et pourtant mon propre regard me juge et conditionne mes actes. Je suis devenu tellement étranger à ce que je fais, à ce que se suis. Je reste la, à la porte de ma propre vie, derrière une grande baie vitrée, je voudrais entrer mais l’autre à l’intérieur ne me laisse pas, quand bien même que cet autre c’est moi.
Je voudrais entrer. Comme je suis juste un peu perdu entre mes désirs et mes non désirs, mes actes effectifs et ceux rêvés. Je me manque à moi-même et je ne sais pas si je vais revenir. Je ferme les yeux, je ne sais pas ce que j’attends depuis si longtemps presque qu’a en désespérer.
Je voudrai entrer. J’ai tant frappé à la porte de ma propre vie que mes doigts imaginaires se sont brisés. Sans doute le verrou sautera de lui-même ou l’autre dans un élan de compassion me laissera passer. Peut être se dit-il la même chose, que de l’autre cote de la baie vitrée il voudrait aussi traverser. Peut être ais je oublié que c’est moi qui l’ai enfermé la.

Lena, part I: How she saved my life

Lena s’était endormie sur la couverture du lit, juste vetue d’un tee-shirt qui descendait jusqu’aux genoux. Elle ressemblait à une figure peinte sous la Renaissance, le visage extrêmement pale, les joues pommelées et les lèvres roses comme une fraise Haribo. Mon doigt était enserré entre ses poings, comme si elle avait voulu me retenir mais n’avait pu saisir qu’une infime part de mon corps. Je n’arrivais pas à écarter ses doigts du mien, elle serrait trop fort et je ne voulais pas la réveiller. Je me retrouvais donc là, à la regarder dormir.

La veille, son avion a peine débarqué de St-Petersbourg, elle m’avait donné rendez vous pour me dire qu’elle ne voulait plus me voir. Je devais la retrouver devant le Virgin sur les Champs Elysées, j’étais en retard et elle était perdue. Elle avait descendu la mauvaise avenue en sortant du RER, je lui demandais de ne plus bouger et partait à sa rencontre en face de l’Hôtel Napoléon. Je pensais savoir ou était l’hôtel, je descendais en courant l’Avenue Marceau et me rendit compte face à l’hôtel Regencia que j’étais dans l’erreur. Je remontais et m’engageait sur Friedland. J’avais une heure de retard quand je la vit de l’autre coté de la rue.
J’allais traverser quand je vis un type l’accoster. J’observais la scène de loin. J’enrageais… Cela dura une éternité, 5mn sans doute, le type la fit rire, l’envie de le tuer me traversa l’esprit. Il sortit son téléphone de sa poche, mais ne nota rien dessus, elle ne le lui donnait pas ses coordonnées. J’étais soulagé, légèrement euphorique, comme si ce combat a distance m’avait désigné vainqueur. Il s’éloigna d’elle. Je pouvais m’approcher. Le feu était au vert, je traversais. Quand je fus à 10 mètres d’elle, un autre type l’accostait. Je me rendis compte que je la voulais pour moi, que je ne pouvais la laisser partir. A mon regard, il s’écarta.

On se fit un timide bonjour du regard, sans bises, sans mots.
- You are always late! I feel like I’m spending my life waiting for you, and you just don’t care…
- Come on! I’m sweating! I’m running all over Paris to see you.
- Let’s eat something, I’m hungry
- Hungry or angry?
- Both…All guys in the street are trying to go somewhere with me…
- I can imagine


Elle était habillée d’une robe noire épousant les courbes de son corps, la poitrine en décolleté. Les pores mis en éveil par la brise crépusculaire. Son visage était incroyable, je souris. Elle demanda pourquoi, je lui répondis qu’elle ressemblait toujours a un ange peint par Botticelli dans un corps de démon sortit de la plume de Goethe. Elle sourit.

On traversait la rue, entrait dans un restaurant bar, le Deloren. Le serveur paru très surpris de nous voir, il nous installa à l’intérieur. Quand il nous donna la carte, je compris la situation. Nous étions dans un restaurant casher, un vendredi soir, entre les familles qui venaient diner. On prit une bouteille de rosé casher, une salade pour la dame, un dessert pour moi. On ne s’était toujours rien dit, j’avais juste comblé la conversation de quelques blagues pas drôles, mais elle était bon public et avait rit. Le silence arriva fatalement.

- Dou you love me ?


LA question piège, on se sent toujours oblige de dire oui. Pour éviter les cris, les larmes, la haine. Pour éviter les regards confus et fuyant, les mains tremblantes et le cœur s’écrasant sur le sol. Je n’ai jamais su répondre à cette question. Dire non est presque qu’impossible et dire oui est une somme de complication qu’on ne peut anticiper. J’avais envie de lui faire une réponse à la Prince (Love? Define love?)… Mais je pris une gorgée de rosé, une cuillère de chantilly et lui fit un sourire. Elle attendait la réponse, ses yeux étaient déjà rougis par l’attente, je voulais la protéger mais je savais que quelle que soit la réponse elle souffrirait.


- Yes
- So why! Why it’s so hard?


Des larmes coulaient sur ses joues de bébé. Je lui pris la main. La musique se fit plus forte dans le restaurant, il y avait un anniversaire. Les enceintes mal réglées se mirent à crépiter sous les basses. On se mit à rire de l’inconfortable de la situation.
La crise était passés, ses yeux bleus pales luisaient d’une nouvelle étincelle et me fixaient. Je ne savais plus ou me cacher, elle était comme un cristal de kryptonite, elle m’irradiait. Et moi, son superman n’était plus invulnérable. Elle savait, elle avait toujours su comment me réduire à l’état de simple mortel. Etre a ses cotés me rendait fragile, elle ravivait mon désir de vivre, mon estime de moi-même que j’avais perdu. Ses mots, ses gestes me rendaient ma condition d’homme, je me sentais fier et fort a ses cotés, j’étais tout ce que je n’avais jamais été qu’en apparence. Parfois quand je la touchais, j’avais l’impression de sentir son cœur exploser dans sa poitrine. Elle m’avait rendu dépendant de l’image qu’elle renvoyait de moi-même.

A notre première rencontre, je l’avais regardé danser comme tous autour, sans arrière pensée. Je l’avais trouvée libre, pleine de vie. Je l’avais regardé comme on regarde une étoile filante sans avoir le temps de faire un vœu. J’étais juste intervenu pour la sauver entre deux prétendants trop pressants, sans arrière pensée. Juste une main tendue, elle l’avait prise et ne l’avait plus lâchée. Nous étions liés sans savoir pourquoi, comme si ce lien était une évidence.

Apres le restaurant casher, elle avait gardé ma main dans ses poings jusqu'à mon lit, nous nous étions endormis. A mon réveil, elle n’avait pas bougé. Je me disais que tout serait plus compliqué à présent, je me disais que depuis Emmanuelle personne n’avait été dans ce lit. J’avais besoin d’air. Je me donnais des dizaines d’excuses pour lui dire de partir à son réveil. Maintenant que je respirais, j’avais besoin d’air. Mon doigt était toujours coincé dans sa main. Je posais ma tète sur l’oreiller. Elle ouvrit les yeux. Ils étaient d’un bleu surréaliste dans la pénombre de la pièce. Elle me regardait sans rien dire, mes excuses s’étaient subitement envolées, il ne me restait qu’une seule phrase en tête : cette fille vient de me sauver la vie.

-To be continued.

Lena, part II: The Red, The Blue & The Green-

3 commentaires:

  1. Lena, ton anti-gulf stream occidental (enfin, d'apres wikipedia).
    PTENETS

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  2. Le vent souffle et nous ramène les cendres des feux éteints. Il arrive parfois que quelques braises aient survécu mais plus souvent l'amertume est le goût dominant de ces zéphyrs.

    L'heure la plus sombre est celle qui précède le lever du soleil mon ami. J'ai moi aussi beaucoup de mal à retrouver les vibrations primales qui animaient nos premières parties. Les quelques bons moments passés autour des tables depuis ne sont que des voyages organisés aux confins déjà explorés. Vivement la prochaine aventure!

    Nous sommes exogènes à ce monde, tantôt perçus, tantôt adulés, tantôt jugés, jamais compris.

    Mais la brise de l'amour est toujours là pour nous ramener à la vie.

    Low stakes est mort ? Vive Life after Luv ! Luv is dead ? Never ! Foi(e) de Phenigator.

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