mardi 14 septembre 2010

Lena, part I: How she saved my life

« Si tu lis cette lettre c’est que je suis pas loin de la prochaine
Elle aura son charme mais ça vaudra pas tes fossettes
J’ai un pincement ici quand je repense à ton visage
Hélas, rien ne se présente comme on l’envisage
On s’est tellement répété que c’était trop beau pour être vrai
Les débuts sont tous pareils à peu de choses près
Je pars avant l’heure où l’homme commence à mentir
Lorsque l’aiguille penche entre le meilleur et le pire
On se reverra, d’ici là t’en rencontreras d’autres
Imagine tout ce que nous aurions pu
Pour ne jamais réaliser que nous ne riions plus
[…] J’ai pris la décision de te quitter plutôt que de te tromper
Est-ce le bon geste ?
On a vécu…
Ce grand A que peu peuvent se vanter d’avoir connu
Tout ce qu’on aurait pu est souvent mieux que ce qui se fait
Qui est satisfait ? »

Oxmo Puccino



Les gens sont ce qu’ils sont, on les observe, on vit avec eux, on apprend comment combler leurs besoins, palier leurs carences mais ils restent incomplets. On s’approprie des détails pour justifier l’ensemble, car au fond dans le désespoir ne pas remplir les vides de leurs silences, les réponses aux questions non posées, dans la rage de ne pas pouvoir compléter leurs gestes avant qu’ils ne les esquissent, c’est notre propre quête d’eccéité qui demeure un échec. Dans le regard de l’autre, on cherche désespérément une voix qui hurlerait à nos tympans que nous ne sommes pas vains. Un miroir qui reflèterait autre chose que nos corps imparfaits rabotés par le temps, la lueur d’une incandescence.
Je ne suis pas différent, un peu particulier sans doute, sur le lisse de mon être une aspérité se dessine, une singularité. Je crois que je suis un idéaliste réaliste, mais est-ce seulement possible? Un peu comme regarder à droite et à gauche en même temps, pour ca, il faut être deux. Il faut être deux et je suis un, et en étant qu’un je ne suis pas un, foutu cercle psychotique.

Ce blog, en attente depuis des mois méritait mieux. Je ne suis qu’un scribe paresseux écrivant sous sa douche, dans sa tête, des lignes et des lignes d’histoire sans les mettre sur le papier. Je ne suis qu’un auteur sans volonté d’écrire, épuisé par une vie qu’il déstructure à loisir de sommeil incomplet, de plaisirs fugaces ou non assouvis pleinement, comme si le temps pressait et qu’il ne m’en restait que peu. Peur ? non, même pas, juste incapable de me relever d’un coup porté je ne sais quand par je ne sais qui. Je n’ai plus qu’un rêve, être moi. Ca à l’air simple mais je n’y arrive pas.

Je voudrais entrer. Ici tout n’est que nuit, tout est sombre, tout est ombre, même la musique semble délavée de ses notes originelles. Ici je suis seul et pourtant mon propre regard me juge et conditionne mes actes. Je suis devenu tellement étranger à ce que je fais, à ce que se suis. Je reste la, à la porte de ma propre vie, derrière une grande baie vitrée, je voudrais entrer mais l’autre à l’intérieur ne me laisse pas, quand bien même que cet autre c’est moi.
Je voudrais entrer. Comme je suis juste un peu perdu entre mes désirs et mes non désirs, mes actes effectifs et ceux rêvés. Je me manque à moi-même et je ne sais pas si je vais revenir. Je ferme les yeux, je ne sais pas ce que j’attends depuis si longtemps presque qu’a en désespérer.
Je voudrai entrer. J’ai tant frappé à la porte de ma propre vie que mes doigts imaginaires se sont brisés. Sans doute le verrou sautera de lui-même ou l’autre dans un élan de compassion me laissera passer. Peut être se dit-il la même chose, que de l’autre cote de la baie vitrée il voudrait aussi traverser. Peut être ais je oublié que c’est moi qui l’ai enfermé la.

Lena, part I: How she saved my life

Lena s’était endormie sur la couverture du lit, juste vetue d’un tee-shirt qui descendait jusqu’aux genoux. Elle ressemblait à une figure peinte sous la Renaissance, le visage extrêmement pale, les joues pommelées et les lèvres roses comme une fraise Haribo. Mon doigt était enserré entre ses poings, comme si elle avait voulu me retenir mais n’avait pu saisir qu’une infime part de mon corps. Je n’arrivais pas à écarter ses doigts du mien, elle serrait trop fort et je ne voulais pas la réveiller. Je me retrouvais donc là, à la regarder dormir.

La veille, son avion a peine débarqué de St-Petersbourg, elle m’avait donné rendez vous pour me dire qu’elle ne voulait plus me voir. Je devais la retrouver devant le Virgin sur les Champs Elysées, j’étais en retard et elle était perdue. Elle avait descendu la mauvaise avenue en sortant du RER, je lui demandais de ne plus bouger et partait à sa rencontre en face de l’Hôtel Napoléon. Je pensais savoir ou était l’hôtel, je descendais en courant l’Avenue Marceau et me rendit compte face à l’hôtel Regencia que j’étais dans l’erreur. Je remontais et m’engageait sur Friedland. J’avais une heure de retard quand je la vit de l’autre coté de la rue.
J’allais traverser quand je vis un type l’accoster. J’observais la scène de loin. J’enrageais… Cela dura une éternité, 5mn sans doute, le type la fit rire, l’envie de le tuer me traversa l’esprit. Il sortit son téléphone de sa poche, mais ne nota rien dessus, elle ne le lui donnait pas ses coordonnées. J’étais soulagé, légèrement euphorique, comme si ce combat a distance m’avait désigné vainqueur. Il s’éloigna d’elle. Je pouvais m’approcher. Le feu était au vert, je traversais. Quand je fus à 10 mètres d’elle, un autre type l’accostait. Je me rendis compte que je la voulais pour moi, que je ne pouvais la laisser partir. A mon regard, il s’écarta.

On se fit un timide bonjour du regard, sans bises, sans mots.
- You are always late! I feel like I’m spending my life waiting for you, and you just don’t care…
- Come on! I’m sweating! I’m running all over Paris to see you.
- Let’s eat something, I’m hungry
- Hungry or angry?
- Both…All guys in the street are trying to go somewhere with me…
- I can imagine


Elle était habillée d’une robe noire épousant les courbes de son corps, la poitrine en décolleté. Les pores mis en éveil par la brise crépusculaire. Son visage était incroyable, je souris. Elle demanda pourquoi, je lui répondis qu’elle ressemblait toujours a un ange peint par Botticelli dans un corps de démon sortit de la plume de Goethe. Elle sourit.

On traversait la rue, entrait dans un restaurant bar, le Deloren. Le serveur paru très surpris de nous voir, il nous installa à l’intérieur. Quand il nous donna la carte, je compris la situation. Nous étions dans un restaurant casher, un vendredi soir, entre les familles qui venaient diner. On prit une bouteille de rosé casher, une salade pour la dame, un dessert pour moi. On ne s’était toujours rien dit, j’avais juste comblé la conversation de quelques blagues pas drôles, mais elle était bon public et avait rit. Le silence arriva fatalement.

- Dou you love me ?


LA question piège, on se sent toujours oblige de dire oui. Pour éviter les cris, les larmes, la haine. Pour éviter les regards confus et fuyant, les mains tremblantes et le cœur s’écrasant sur le sol. Je n’ai jamais su répondre à cette question. Dire non est presque qu’impossible et dire oui est une somme de complication qu’on ne peut anticiper. J’avais envie de lui faire une réponse à la Prince (Love? Define love?)… Mais je pris une gorgée de rosé, une cuillère de chantilly et lui fit un sourire. Elle attendait la réponse, ses yeux étaient déjà rougis par l’attente, je voulais la protéger mais je savais que quelle que soit la réponse elle souffrirait.


- Yes
- So why! Why it’s so hard?


Des larmes coulaient sur ses joues de bébé. Je lui pris la main. La musique se fit plus forte dans le restaurant, il y avait un anniversaire. Les enceintes mal réglées se mirent à crépiter sous les basses. On se mit à rire de l’inconfortable de la situation.
La crise était passés, ses yeux bleus pales luisaient d’une nouvelle étincelle et me fixaient. Je ne savais plus ou me cacher, elle était comme un cristal de kryptonite, elle m’irradiait. Et moi, son superman n’était plus invulnérable. Elle savait, elle avait toujours su comment me réduire à l’état de simple mortel. Etre a ses cotés me rendait fragile, elle ravivait mon désir de vivre, mon estime de moi-même que j’avais perdu. Ses mots, ses gestes me rendaient ma condition d’homme, je me sentais fier et fort a ses cotés, j’étais tout ce que je n’avais jamais été qu’en apparence. Parfois quand je la touchais, j’avais l’impression de sentir son cœur exploser dans sa poitrine. Elle m’avait rendu dépendant de l’image qu’elle renvoyait de moi-même.

A notre première rencontre, je l’avais regardé danser comme tous autour, sans arrière pensée. Je l’avais trouvée libre, pleine de vie. Je l’avais regardé comme on regarde une étoile filante sans avoir le temps de faire un vœu. J’étais juste intervenu pour la sauver entre deux prétendants trop pressants, sans arrière pensée. Juste une main tendue, elle l’avait prise et ne l’avait plus lâchée. Nous étions liés sans savoir pourquoi, comme si ce lien était une évidence.

Apres le restaurant casher, elle avait gardé ma main dans ses poings jusqu'à mon lit, nous nous étions endormis. A mon réveil, elle n’avait pas bougé. Je me disais que tout serait plus compliqué à présent, je me disais que depuis Emmanuelle personne n’avait été dans ce lit. J’avais besoin d’air. Je me donnais des dizaines d’excuses pour lui dire de partir à son réveil. Maintenant que je respirais, j’avais besoin d’air. Mon doigt était toujours coincé dans sa main. Je posais ma tète sur l’oreiller. Elle ouvrit les yeux. Ils étaient d’un bleu surréaliste dans la pénombre de la pièce. Elle me regardait sans rien dire, mes excuses s’étaient subitement envolées, il ne me restait qu’une seule phrase en tête : cette fille vient de me sauver la vie.

-To be continued.

Lena, part II: The Red, The Blue & The Green-

vendredi 3 septembre 2010

Love as a coin flip, Part IV (end)

Heimdall me laissa passer, il bougea à peine. Il avait pris l’habitude de me voir errer sur le Bifrost, hésitant à franchir les portes. De temps à autres quand l’ennui l’asphyxiait, quand la solitude le gagnait, il desserrait les dents et me lançait sa boutade favorite: ‘Ratatosk que fais-tu en céans?’. Je souriais alors et il posait sa main sur mon dos répétant inlassablement le même avertissement ‘Prends garde aux Nornes, parfois il ne vaut mieux ne pas titiller les trames de Wyrd’…
Mais cette fois, il était immobile, il savait déjà sans doute qu’il était trop tard et qu’une fois passé la caverne de Gnipa, je serais en Hel, dans l’étreinte de ma valkyrie.
Parfois, sur le chemin, je faisais mine de m’arrêter prendre un verre chez Baldr et me rendais au puits d’Urd. Elles étaient la. Urd qui savait ce qu’il était arrivé ricanait, se faisant reprendre par Verandi qui voyait ma douleur présente tandis que Skuld, mon destin futur possible en mains répondait déjà à la question que j’allais lui poser. Je savais que les Nornes n’approuvaient pas mon union avec la valkyrie. Je savais, qu’elles, qui savaient tout, avaient lu que notre histoire finirait en cris et larmes. Mais, refusant le déterminisme de notre Wyrd, je me gageais de changer la fin de l’histoire. Et chaque fois, je leur demandais si le futur avait été modifié par mes actes.
Cette fois la, Skuld leva la tête et paru surprise.
- Que se passe-t-il ?
- Je…je…impossible !
- Réponds moi je t’en conjure…
- Tu ….vas lui donner ta bénédiction et elle partira…

Je souriais. J’avais changé le destin. Bien sur, il était trop tôt pour savoir si la trame serait heureuse, mais j’avais infléchit le cours des choses, fait dévier les planètes de leur axes, à force d’acharnement et d’erreurs. Urd pris le fil de mon existence passée, le roula autour de son index et me le lança entre les mains. Un flux brutal de souvenir affluait en moi, sans liens, des images oubliés se chevauchaient, se liaient et se déliaient dans les méandres d’un questionnement fondamental, tout-est-il écrit ou tout est-il a écrire ? J’entendais le rire d’Urd au loin comme le chant d’un corbeau, la danse mortuaire d’une hyène devant la carcasse encore chaude de ce qui restait de mon intimité. Je retournais sur Midgard sous ma forme humaine dans un patchwork de souvenirs décousus.


Souvenirs

Cela faisait plusieurs jours que je pensais à ça. Mais pourquoi donc avais-je dit oui ? Quelle situation ubuesque ! Valérie m’avait demandé d’être son témoin à son mariage. Quand elle avait posé la question, j’avais répondu ‘oui’, presque machinalement comme une évidence. J’étais honoré d’avoir été choisi pour l’être. Je devais juste rentrer chez moi et annoncer la bonne nouvelle à ma compagne avec le sourire de rigueur, mon regard persuasif le plus profond, l’air naïf d’être totalement open avec la situation et affuté comme une plaque Tefal ou rien n’accroche.
Emmanuelle ne compris pas vraiment pourquoi j’avais dit oui, mais il faut dire que je n’avais pas de réponse. Ca me paraissait juste normal. Elle voulait juste savoir si elle était invitée, elle n’avait pas aimé mais n’avait rien dit. Elle allait enfin rencontrer la fille qui m’envoyait des calendriers Kinder à chaque Noel et des œufs en chocolat pour Pâques...

Souvenir...
J’étouffe à l’intérieur, je sors un peu. Je regarde les adolescents se chamailler, je les envie, j’aimerais retourner au temps de l’insouciance, des besoins futiles indispensables, des sentiments exacerbés. Un des gamins me sourit, on a tant de choses à se dire mais pour ce soir, ce simple sourire suffira, sa mère à l’intérieur se marie pour la seconde fois. Un jour il m’avait dit qu’il pensait que ce serait avec moi et en cruel prêtre de Delphes je lui avais dit non.
Quelle corvée ce mariage ! Je n’avais pas envie d’être la, j’avais failli me décommander dix fois, trouver des excuses incroyables mais je ne me voyais pas me défiler. Je regarde par la fenêtre, les gens dinent, ils ont l’air de s’amuser. Moi, j’ai passé ma journée à expliquer qui j’étais aux gens autour : "Moi, je suis….heu…bonne question, le témoin !". Certains me connaissent, sa famille, certains amis, Mélanie que je vois avec son compagnon rural, sans elle tout cela ne serait jamais arrivé, ca me donne envie de la torturer. Je regarde par la fenêtre et je vois Emmanuelle perdue au milieu de tout cela. Je me demande ce qu’elle pense de tout ca, j’imagine qu’elle a envie de partir en courant. Elle tourne la tète, me voit, sourit. A cet instant, pour elle je donnerais ma vie.

Souvenir...
Il fait nuit sur Champeaux. Je ne sais pas trop ce que je fous la, au milieu de rien, en Seine et Marne. Je monte un escalier, elle me précède et fait rouler ses hanches. Je ne regarde pas, je me suis déjà fait avoir par ce coup la. Je m’assois sur le canapé, elle se met sur un tabouret. On discute un moment. Un type entre, il a un regard malin, il sait qui je suis mais est détendu, ses pensées sont claires, saines. Je la regarde et je sais. Je sais qu’il va l’emporter, qu’elle va s’envoler, je la regarde et quand je me lève pour lui dire au revoir j’ai décidé que ce serait la dernière fois que l’on se verrai. Mon départ comme un cadeau, la possibilité de pouvoir être heureuse, de vivre sa vie rêvée. Je serre la main de cet homme, je lui passe le témoin. Adieu Valérie.
Les années passent. Les filles défilent dans ma vie, des amies comme Frédérique, des amantes comme Leila, des compagnes d’une nuit comme Héloïse, des rêves comme Deborah, des passions comme Maryline. Puis l’amour, Emmanuelle. Les années passent encore, et puis un soir je reçois une lettre bleue écrite à l’encre noire. Elle est signée par Valerie, elle m’a retrouvé. Deux ans plus tard, nous nous ne sommes revus qu’une fois mais elle me demande d’être son témoin, je dis oui.

Souvenir...
Notre première fois, c’était le début de l’hiver, nous sortions de soirée. Je montais les escaliers, elle me précédait et faisait rouler ses hanches. J’étais comme hypnotisé par le va et vient. Elle me prenait par la main, me conduisait dans sa chambre. Il y avait un martelât à même le sol. La pièce était très froide, elle m’asseyait et sans me retirer le haut dénoua ma ceinture. Je fis un mouvement de recul quand la boucle me toucha le ventre, elle était congelée. Elle dû croire que ce fut a cause d’elle et souris, retira ma montre et mes lunettes, m’embrassa le long du cou. Et allongé, nu, je frissonnais à chacun de ses doigts glacés sur mon corps brulant. Pire, la chaine autour de son cou, me faisait me tordre dans tous les sens quand elle me frôlait. Elle devait me prendre pour un hyper sensible, j’avais toute la peau en érection, elle sur moi et ce pendentif gelé qui me rendait fou. Il semble que nos corps se sont souvenus de cette nuit durant toute notre relation, du bruit de cette montre qui se dégrafe à l’étalement des ses cheveux sur l’oreiller. De ses croissants au réveil, de cette façon de me tenir les mains pour les regarder et cette cigarette de rage quand je partais.

Souvenir...
Je n’ai plus de nouvelles depuis des mois, elle me manque. Il me manque quelqu’un a qui parler, j’ai croisé une fille au sourire surréaliste, plus tard, bien plus tard je saurais qu’elle se nomme Déborah. Elle ne m’a pas remarqué. Je n’étais qu’un parmi tant d’autres autour, et quand la nuit s’est achevé, quand je n’ai pas eut le courage d’aller lui parler, elle est partie avec un autre. C’était hier, et depuis je ne pense qu’a Valerie. A ma place, elle y serait allée, elle. Elle aurait affronté les regards, la possibilité de l’échec et aurait atteint son but. Elle, elle l’aurait eut. J’ai pris le micro, j’ai lancé le sample et me suis mis à raper en impro:

Il fait si chaud aujourd’hui, trop chaud pour un enterrement
Pourtant j’enterre ma raison tu me manques tant
Tant de temps et passé et pourtant je ressens encore l’empreinte de ton corps

Prisonnier du souvenir, c’est avec moi que tu voulais vieillir
Mais ton amour trop fort m’a fait te fuir

Tu sais, plus rien n’est comme avant, même les sirènes ne m’envoutent plus de leurs chants
Blasé de tout, mon âge défile comme le vent et j’ai peine a m’imaginer dans dix ans
J’écoute toujours les vieux slows d’R Kelly mais je n’ai plus personne à aimer sur SexMe
Overdose, même le sexe ne me satisfait plus
On a passé tant de nuits à danser qu’on n’a pas vu le temps passer

Tu me manques encore plus que je ne me manque à moi-même
A chacun son collier de peines, j’ai tant fermé les yeux, tourné la tête quand tu disais je t’aime


Souvenir...
Je suis sur le quai de la gare, j’attends ce train qui est encore en retard. Le téléphone sonne. Valerie est dans sa voiture a des kilomètres de la.
- Je suis devant chez mon psy
- Ca va ?
- Ca fait des mois que je suis en thérapie…
- Et…
- Je ne lui ai jamais parlé de toi
- Tu triches, ce n’est pas nouveau. Apres toi c’est lui qui finira en thérapie
Rires.
- Comment vas-tu ? tu ne m’as pas répondu…
- Bien…
- Oui, comment vas-tu ?
- Bien je te dis
- Ok mais comment vas-tu ?
- Comme une fille qui va chez son psy sachant très bien ce qui ne va pas.
- Et…
- Je suis pas heureuse. Tu me manques
- Mon train arrive, je te laisse…
Rires.
- Arrête, tu as un mari génial, un gamin qui…heu…bon on oublie le gamin. Tout va bien non ?
- Oui, c’est vrai j’ai un mari génial, j’ai ma maison, de l’argent, des amis…je suis juste vide.... sinon ! toi ca va ?
- …oui, tout va bien.
Le train arrive. Je le prends, on raccroche. Je rentre chez moi. Emmanuelle dors dans le salon, j’ai envie de la réveiller. De lui parler. Je remets la couverture sur ses pieds. Je rentre dans mon bureau, allume l’ordinateur et lance Football Manager. Je ne pense plus à rien, je regarde des ronds bleus courir autour d’un rond blanc poursuivis par des ronds rouges tandis qu’un texte en dessous s’enflamme à coup de « Poteau !!! La frappe de York vient de heurter le montant droit de Seaman. Arsenal tient encore dans ces dernières minutes du match ». Il est 22h, la porte du bureau s’ouvre, Emmanuelle se frotte les yeux.
- Pourquoi tu ne m’as pas réveillée ?
- Tu dormais comme un bébé…après je n’ai pas vu l’heure

Souvenir...Mercredi, 1er Septembre 2010
Valerie me Ping sur Facebook. On discute de nos vies. On a vieillit, on constate que nos rêves ne se sont pas réalisés, elle me demande comment on fait pour savoir qu’on a fait les bons choix. Nos choix ont été ce qu’ils ont étés, ils nous ont construits, je les regrette tous et n’en regrette aucun. Je suis un puzzle, certaines de mes pièces ne s’emboîtent pas avec les autres. Certaines autres pièces ont été égarés je ne sais où. Mais ce puzzle complet, même si je n’en connais pas l’image finale est fait de parts de mon cœur. Il m’a guidé toute ma vie au détriment de ma raison et des fils des Nornes, je suis comme cette pièce de 5Francs, je tombe du coté cœur.


END


PS: Pardon pour ses semaines, mois sans nouvelles. Ce blog tout comme moi est un Phénix, il renaitra toujours quand il aura fini de se consumer

vendredi 8 janvier 2010

Love as a coin flip, Part III

Le temps était orageux, enfin sans doute aurais-je voulu qu’il le soit. Sans doute dans ma mémoire, associer les instants de pluie aux instants importants, tragiques permets d’augmenter la tension dramatique. J’imagine le plan sous un air mélancolique, la voix jazz rocailleuse de Cassandra Wilson, l’air empli de la fumée d’un cigare ayant une marque de rouge à lèvres sur sa bague. Action ! crie le metteur en scène, et le personnage principal courbe le dos pour pénétrer dans un lounge de Saint Michel, perle cachée sous les voutes d’un Paris défunt, de cette époque où nous ne faisions plus qu’un. Il s’assoit au bar, commande un ‘Old Fashioned’, le barman s’exécute. La musique s’arrête, elle entre. Je suis le scénariste donc elle est trempée par l’averse, passe une main dans ses cheveux. Traveling avant. Les gouttes coulent le long de ses joues telle de grosses larmes, c’est pratique la pluie. Elle dépose son impair sur un tabouret, pose un baiser sur le héros, lui annonce qu’elle va se sécher un peu. Il commande un second verre, qu’il descend aussitôt. Elle réapparait, cheveux attachés, maquillage épongé, commande un Mai Tai, un cocktail pour homme. Elle porte une courte robe noire avec un peu de dentelle sur le décolleté et sur les bras, elle sourit. Il la regarde.
- Je sais que tout est fini, mais…
- Oui…
- Mais j’essaierais encore…
- Non,…tu vas vivre autre chose, en aimer un autre, avoir la maison avec la barrière blanche
- Peut être mais quand bien même, j’essaierais encore… Je ne serais jamais guérit de toi
- …tu racontes n’importes quoi
- J’ai envie de t’embrasser…
- Moi aussi
Il finissait son verre. Pris son cou entre ses mains, sera doucement et posa ses lèvres sur les siennes. Elle laissa couler quelques larmes, il serra dans ses bras. Le silence. Plus rien n’existe autour. Et puis la porte s’ouvre, un vent froid entre dans la pièce, dehors la pluie tombe en trombe. Un homme sur le palier secoue son parapluie. Il entre, elle se décolle. Le héros regarde, et il sait. C’était le dernier baiser.

Je me réveille, tout ca n’était qu’un rêve. Un scenario sorti de mon hippocampe. J’ai rendez vous avec Valérie pour pique niquer, une idée à la con, je n’aime pas ca, mais elle a insisté me disant que je ne regretterais pas cet incursion dans la nature. Je passe une heure à chanter du R-Kelly sous la douche, une heure dans ma voiture jusqu'à chez elle, puis une heure dans la voiture jusqu'à je ne sais ou, un coin désert dans un pré abrité par de grands arbres. On s’installe, je m’attends à voir débarquer Robin des Bois mais rien, nous sommes seuls. Je n’arrête pas de me plaindre, l’herbe est humide, il y a des moucherons, le sandwich est fade. Elle me renverse et s’assied sur moi.
- Je ne t’embrasse plus jusqu'à ce que tu me dises que t’es content d’être la avec moi
- Je suis content d’être la avec toi
- Tu mens !!
- De nous deux, la personne qui ment le plus c’est toi
- Oui…et alors
- Oui ??
Je la poussais du bras…Comment ca : oui ?
- Ca va…rien…
- Quoi rien ? Tu mens sur quoi ?
- Rien…
Elle allumait une cigarette. Je la saisi dans ma main, pour l’écraser.
- Mais qu’est ce qui te prend ? tout ca c’est pour toi…. Tout ce que je fais c’est à cause de toi
- Tu fais quoi ?
- Tu m’as détruit mon cœur sur une piste de danse. J’essaie de m’évader de toi mais je n’y arrive pas. J’ai essayé, je me suis abandonnée…
- Quoi ?
- J’ai couche avec Dom
- Albator ?
- C’est que du sexe, mon cœur est à toi…
- Et c’est moi le fou !
- Je ne peux pas être seule, quand t’es pas la, j’arrive plus…
- Mais merde…tu te rends compte de ce que tu dis

La discussion dura un moment, sans intérêt. Je savais déjà tout ce qu’elle me disait. Tous ses reproches. Mon départ en Espagne avec Luc, notre séparation sur la piste du Kio, mes sorties nocturnes avec Freddy, l’incompréhension des gens biens sur notre relation décalée, etc. Je savais déjà tout ca, je lui avais déjà pardonné mon clone défectueux qu’elle avait trouvé je ne sais ou pendant notre rupture. Mais pas le borgne du clip de Fabe, ce parasite de la nuit, danseur au corps sculpté dans le jais, gravitant autour des stars naissantes comme Hasheem ou les Afrodisiak. L’idée m’était insupportable, je le revoyais nous saluer à l’entrée de la boite de nuit le samedi et se la taper le lundi, j’avais envie de vomir. Elle se mit à parler de jeu, d’une partie qu’elle jouait pour oublier ses sentiments, des démons qui l’habitait depuis ce slow, par ma faute.

Le chemin du retour fut tendu, je ne décoinçais pas les dents. Je me sentais sale. Elle regardait par la fenêtre, l’orage grondait. Je montais par le petit escalier délabré qui menait jusqu'à son appartement, et à peine assis dans le canapé posait milles questions. Elle tournait autour, comme un papillon autour d’une ampoule, sans cesse voulant se rapprocher malgré la température, sans cesse repoussé par son instinct jusqu'à finalement y perdre ses ailes dans l’extase d’un ultime assaut. Elle semblait encore animée de vie, le cendrier plein, les yeux rougis. Je ne ressentais rien. Je me grattais nerveusement les cuisses comme quand enfant j’étais stressé. Je ne ressentais rien et je m’en voulais. L’air était irrespirable, trop de cigarettes jonchaient demi consumées sur la table basse. Je pris congé, de toutes les façons je n’entendais déjà plus ce qu’elle me disait depuis longtemps.

Je pris la route de chez Marie, une ex. Il y avait une fête dans le village. Un espèce de bal musette ridicule où mémé et pépé du trou du cul du monde bourgeois de Seine et Marne se rendent après la messe jusqu’au diner de 19h pour jouer au Bingo et fredonner des airs perdus interprétés par un sosie de Joe Dassin. Elle fit un bond en me voyant et courra jusqu'à moi. Elle me serra fort dans ses bras. Comment avait-elle deviné que c’est ce qu’il me fallait ? Son amie, une rouquine aux longs cheveux bouclés et au piercing sur le nombril me tira par le bras. Je me retrouvais parmi une dizaine de filles toute plus boutonneuses les unes que les autres, on aurait dit un casting pub pour Clearasil. Une fille dépassaient les autres de deux tètes, mais elle discutait avec le black du coin, je ne voyais pas sa tête cachée dans sa chevelure blonde. Je m’assois sur un banc, et discute avec Marie. La blonde se mets en face de moi. Un choc. Elle avait un visage parfait, incroyable. J’étais bloqué.
-Vas y…réveille toi !!
- heu…mais c’est qui ca ?
- Carolina…t’es pas très original, tout le village est amoureux d’elle-même mon frère…

Elle avait entendu, elle me souriait. Je voulais me cacher.
- Allez ! rêves pas…Elle n’est pas pour toi…elle fait mannequin, y’a déjà une loooongue liste d’attente
- Mais je ne veux pas être sur la liste… Je ne suis pas libre…enfin, je sais pas, je sais plus rien
La nuit tomba. Les vieux rentraient réchauffer leurs soupes, j’étais toujours sur mon banc, une gaufre à la main, la tête de la copine rousse sur ma cuisse, elle dormait. Carolina s’approcha.
- T’as l’air…perdu
- Non…Oui….Peut être….et toi ?
- Heu…moi ca va. Elle riait
- Tu sais que tu complexes toutes les filles qui sont dans ce village ?
- C’est la faute de ma sœur…elle est parfaite, moi j’essaie de suivre…mes parents me rendent la vie impossible... je m’en fout de les complexer, je bosse tout les jours pour ca…ma mère pense qu’on est des caniches de compétition, j’en peu plus des concours de miss machin…je ne sais même pas pourquoi je te dis ca ?
- Parce que j’ai l’air perdu..mais de toutes les façons, les gens passent leurs temps à me raconter leurs vies…je dois avoir la tête pour ca
- T’appelle comment ?
- Patrick
- Caro et surtout, surtout me sort pas la chanson de l’autre où je pars direct


Les heures passèrent. J’étais toujours la, une tête rousse sur une cuisse, une tête blonde sur l’autre. Un type en panique en face de moi hurlait. Je le regardais sans réagir. Il hurlait de plus belle. C’était le père de Carolina, il cherchait sa fille depuis un moment, elle n’était pas rentrée. La rousse se réveilla en panique aussi, elle parti en courant, regardant sa montre. Caro se leva et hurla de plus belle. Je ne savais pas ce que je foutais la, le type me pris par le col et me gifla. Carolina le poussa, elle pleurait. Je ne sentais rien, j’étais toujours vide. Le père tira sa fille par le bras, elle s’accrochait au mien. Il avança sur moi pour me gifler à nouveau, il se retrouva par terre. Je ne sais pas ce que je lui avais fait. Carolina le releva. Ce fut enfin le silence. Ils partirent. Je marchais jusqu’ a ma voiture, j’avais du sang sur la chemise, sur les mains. Je cherchais une coupure, mais rien, ce n’était pas le mien.
Je me levais tard, il était lundi. J’attendais 15h, sachant que Valérie avait fini son boulot et l’appelait.
- On se quitte…
- Pourquoi ?
- Normalement, ca se passe comme ca…
- Depuis quand on fait les choses normalement ? D’ailleurs on est ensemble ?
- On se quitte pas parce qu’on est pas ensemble, c’est ca ?
- …
- On est quoi alors ?
- Deux handicapés de l’amour…Mon cœur est unijambiste sans toi
Ouais mais pas ton cul, pensais-je en silence.

Notre histoire continua sans questions, machinalement. Elle m’avait moi et Dom, puis d’autres gars qui tournaient de ci de la sans que je sache ce qu’ils foutaient la et si leurs relations étaient physiques. Je ne demandais plus rien, j’avais tout les droits sauf ca…
Un soir, Julie et Valérie sonnèrent chez moi, je ne m’y attendais pas. Elles voulaient rendre visite à Chris dans sa résidence universitaire, Julie avait décidé de se donner à lui. Drôle d’idée. Je ne comprenais pas bien, je crois qu’elles voulaient avoir un truc qui les liait comme si les deux copines avec les deux copains aurait arrangé les choses, resserré les liens. Mais Chris malgré tout les appels du pied ne voyait rien ce soir la, il était désespérant, il n’y pensait même pas. Julie était la sœur de Mélanie, on avait été en cours avec Mélanie…L’idée ne l’aurait même pas effleurée et je le savais, mon pote était un bon vieux sentimental qui passait ses midis à regarder Dallas, son personnage c’était Bobby, pas JR. Dans la vieille Polo rouge de Valérie, sur le retour, on se mit à parler de triolisme…mais ce fut juste des mots.
Le weekend suivant, Val, Julie et moi on sortit en boite et quand a 4h du mat Val dû aller travailler. Je décidais de dormir chez Julie à leur grande surprise. Je me retrouvais donc dans sa chambre, chez ses parents, sa sœur, mon ancienne camarade de classe dormant à l’étage, dans son lit une place. Il ne se passa rien. Mais ca eut l’effet d’une bombe le matin.
Entre la tête de la famille qui me connaissait, celle de sa sœur. C’était grandiose, un opéra.
Cet épisode fit Valerie changer sa façon de voir, fini Dom, fini le pauvre type projectionniste à Bondy…En tout cas, je n’en entendait plus parler, mais une banale discussion fit ressortir toutes ses peurs et on se sépara pour de bon. Elle me demanda ce qui se serait passé ce soir la si Julie avait été moins loyale en amitié, je lui répondis franchement.

Les semaines passèrent. Je trouvais une excuse pour aller me balader du coté de Fontainebleau et après avoir fait toute les rues de la ville comme un abruti, je croisais Carolina. A peine sorti de la voiture, on s’embrassa. J’étais le plus heureux des gars de la planete aux bras de cette fille. Elle était incroyablement belle. C’était surréaliste. Je gonflais d’orgueil, je l’escortais à Paris pour des séances photos Elite ou Vogue, je me sentais comme Pretty Woman. Mais petit a petit, je lui fis vivre un enfer, j’étais jaloux a en être malade. Je voulais tout le temps savoir ou elle était, ce qu’elle faisait, avec qui, jusqu'à quand. J’étais odieux. J’avais perdu toute clémence, ce que Valérie m’avait pris c’était ca, je ne pouvais plus faire confiance. Quand un type lui demandait l’heure, j’avais envie de le frapper. Je ne voulais plus sortir dans la rue avec elle, je la gardais cachée, j’étais devenu fou. Je devenais malade quand elle partait en train de chez moi, quand elle posait pour des photos, quand elle parlait avec des types de ses cours…un vrai psychopathe. J’en étais à ne pas dormir et ne plus manger quand elle était a Londres pour des shootings. Quand elle m’annonça qu’elle partait faire son année d’étude à Londres, je fus soulagé, je n’en pouvais plus. Elle m’avait vidé. On se séparait. Peu après, j’appris avant "Fan de" par un coup de fil de sa soeur qu’elle était avec le chanteur bellâtre Peter André…Aujourd’hui je me demande ce qu’elle est devenu…cette fille trop parfaite.

Quelques mois plus tard, Frédérique me proposait d’aller voir Tribal Jam en concert. J’alertais Chris et sa copine Caroline (quel copieur celui la) et on se retrouvait sous un chapiteau à Fontainebleau. Dans la queue, une fille derrière me mis la main sur le foie en disant « Salut, Toi ». Je me retournais, c’était Valérie.

-A suivre-