vendredi 31 août 2012

Terminus


La peur. Elle prédomine, elle m’envahie. Je reste accroupi contre le mur de ma destinée, comme pour me cacher de la lumière. La peur coule dans mes veines et corromps mes élans de créativité, oxyde ma spontanéité. Je suis recroquevillé, psalmodiant des insultes contre moi-même tandis que mon crane oscille sans conviction entre le béton du mur et le vide. J’ai même peur de me faire mal en me tapant la tête contre mes rêves. Ce mur n’est pourtant pas si grand, pas si solide, la lumière n’est pourtant pas si aveuglante, si envahissante.
<….Allez ! Lève la tête, prends un bain intangible d’espoir et de vie….>

La peur. Je sais qu’elle est là, au fond, que sans bruit elle a conquis mes entrailles et s’y repais. Seul l’amour me désinhibe, m’affranchit d’elle. Sans amour je ne suis qu’une boule difforme de crainte et d’hostilité, sans amour je ne suis qu’une arme dans la main sans la raison pour la guider. Sans amour, la peur est le régicide du royaume de mes pensées.
Parfois j’ai dû sembler être fou, parfois mes proches ont du se demander pourquoi je fuyais vers quelque chose d’imaginaire, masochiste. Ce n’est pas par incapacité d’aimer, ce n’est pas par peur de l’engagement, ce n’est pas pour fuir quelques obligations ou le regard de l’autre durant l’érosion des heures sur nos vies…Non. Je ne suis pas fou, je suis ne suis pas ce Don Quichotte partant en guerre contre des fantômes, mes moulins ne sont pas des vents de romantisme ou d’autres miels dégoulinants de mièvrerie qui ont muris dans le fut des poncifs que construisent les séries américaines pour adolescent. Non, je suis ne suis pas fou, je sais juste que je ne peux, que je ne pourrais survivre à la vue d’un amour qui se meure.
<…Aime !....>

La peur. Elle est mon geôlier incompris, celant mon véritable moi. Enclavant les velléités brutales d’émancipation de ma folie. Par tous les moyens elle cherche à stopper la prise de conscience, a m’empêcher de réaliser ce que je serais si je me réalisais. Ne projetant sur le grand écran de mon surmoi les photos du canyon de mon âme, une vallée de la mort. Je ne vois qu’un paysage désertique, dont les flancs aux couleurs ocre sont le sang et les larmes séchées sur la pierre, témoignage de tribus de rêveurs décimées. La peur est le projectionniste malhonnête qui a volé les images positives du film. La peur est ce bouclier trop lourd à brandir, dernier rempart de mon corps trop frêle pour le réel.
<….Peins tes heures de nouveaux paysages d’une parfaite lumière….>

La peur. J’ai fait tomber son bouclier, le coup porté par la vie a été trop fort, mes bras n’ont pas tenus. J’ai lâché et à ma surprise une voix s’est levé en moi, murmurante au début, puis plus forte jusqu’au hurlement. Répétant inlassablement le même texte comme une prière :
< Allez ! Lève la tête, prends un bain intangible d’espoir et de vie. Peins tes heures de nouveaux paysages d’une parfaite lumière et sur ce film à venir, bâti un château imprenable de confiance tout en ouvrant tes portes aux flux des rêves. Aime ! >

La peur. Elle s’arrête là, terminus.

mercredi 9 mars 2011

Ce que je ne lui ai jamais dit

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Ce que je ne lui ai jamais dit, Emmanuelle

J’étais assis dans un coin de la pièce. J’attendais qu’elle dise quelque chose, je voulais qu’elle dise quelque chose. Mais elle resta sans rien dire laissant son hémorragie de lacrymales teinter ses cernes d’un rimmel ocre. Je voulais juste qu’elle hurle, je voulais juste qu’elle se batte, je voulais qu’elle me dise ce qu’elle avait sur le cœur. Mais elle était comme dépourvue de force vive.
Elle se serait battue pour moi, je l’aurais aimé encore plus. Je l’aurais aimé comme avant. Quand elle emplissait mon vide d’elle et que comme je n’étais que vide elle emplissait tout. J’avais tant besoin qu’elle s’occupe de moi, je me sentais tellement perdu, j’avais besoin que sa main me retienne. Mais rien. Elle s’est contenté de se demander ce qu’elle allait faire, elle s’est contenté de me dire que nous pouvions encore être heureux. Elle n’avait pas compris que la seule chose à sauver c’était moi. Et dieu sait qu’elle m’a fait mal en ne se rendant pas compte combien j’avais besoin d’elle, combien j’avais besoin qu’elle se batte pour moi. Il fut un temps où j’aurais vendu mon âme pour elle, et parfois je me demandais si ce n’était pas ce que j’avais fait pour l’avoir. Il fut un temps où j’aurais donné ma vie pour panser ses plaies et taire ses souffrances, et parfois je me suis demandé si ce n’était pas ce qui se passait en lente érosion de moi-même. Elle s’est blottie dans mes bras quand j’avais besoin de me blottir dans les siens.

Je n’étais pas l’homme idéal. Je m’étais renfermé sur moi-même jusqu’à ériger une barrière qu’elle n’a jamais su franchir. Je sais qu’elle le voulait mais elle n’a jamais essayé de forcer le passage. Je n’étais pas l’homme idéal. Je m’étais enfermé dans un monde où tous étaient des invités auxquels je délivrais de temps à autre des visas d’entrée, je ne faisais aucun effort. J’avais cessé de vouloir en faire mais elle me l’aurait demandé avec son cœur, je l’aurais fait enfin je le crois. J’avais baissé les bras sur tellement de choses, elle était censé être mon soutien et se cantonnait à être là, juste là. Elle ne me connaissait toujours pas. On s’est aimé à la folie mais on n’a pas su s’aimer. Chacun enfermé dans un sacrifice muet et égoïste pour l’autre, jusqu’à oublier ce que nous étions, ce que nous voulions. On ne s’est jamais battu et c’est ce qui nous a tués en fin de compte. Perdus à force d’avoir peur de se perdre.

Ce que je ne lui ai jamais dit, Lena

Elle était assise dans un coin de la pièce. Elle attendait que je dise quelque chose, elle voulait que je dise quelque chose. Mais je restais sans rien dire laissant son hémorragie de lacrymales teinter ses cernes d’un rimmel ocre. Son cœur avait comme implosé. Un torrent coulait sur ses joues rougies, sur ses lèvres charnues et tombaient déjà sur sa poitrine. Elle n’arrivait pas à parler, elle avait comme des spasmes de panique. Elle prenait ses affaires pour partir. Je ne la retenais pas, il était 3h du matin, il n’y avait plus de trains. Un fois dans le couloir, elle arriva à murmurer une phrase. Tout ça pour une photo dans mon appareil. Je ne comprenais pas très bien cette envolée dramatique pour quelque chose qui ne représentait rien, j’étais amusé au lieu d’être inquiet. Je ne pus m’empêcher de rire. Elle arrêta de pleurer et demeurait plantée au milieu du couloir. Je revins sur mes pas, jusqu’à la chambre. J’avais passé presqu’une décade avec une file qui était d’une grande douceur en toute circonstance et je me trouvais face à un volcan déversant lave et explosions au moindre mouvement sur les plaques tectoniques de notre relation. Je n’étais pas habitué à cela et la seule certitude de l’instant était que ce n’était pas la bonne attitude à tenir avec moi. Rien ne m’affectait, j’étais totalement détaché de cette éruption nocturne, vide de tout sentiment à cet égard. Elle passa une demi-heure à tourner en rond puis franchis le pas de la porte de la chambre. Elle baragouina quelques mots en anglais avec son accent de l’est, je la pris dans mes bras.
Elle était l’opposé de tout ce que j’avais connu. Passionnée, impulsive, décidée, intéressée par les arts, dynamique, positive et extravertie sexuellement. Elle était comme une révolution dans ma vie, une tempête dans mon monde lisse et ordonné. Un jour à St Petersburg, alors qu’elle me connaissait a peine elle m’avait dit une phrase que personne n’avait jamais dite : Je crois en toi, tu peux tout réussir. J’étais surpris et incrédule, mais le pire était qu’elle le pensait vraiment. En dépit de nos problèmes de communication, des difficultés à se comprendre, de notre éloignement culturel et social, et sa propension à être émotionnellement semblable a de la nitroglycérine elle m’a toujours dit les mots que j’attendais et même quand je ne voulais pas les entendre.

Ses sanglots disparaissaient peu à peu, son sourire naissait comme un soleil du petit matin, flirtant avec les restes de la nuit, les restes de la crise. Nous nous endormîmes entrelacés, au réveil elle me dit : je ne veux pas être avec quelqu’un d’autre que toi mais je peux, toi tu ne peux pas être avec quelqu’un d’autre que moi mais tu veux. Tu fais tout pour être triste, tu es maso et moi aussi car je t’aime.
Je fis celui qui n’avait pas compris, elle ne répéta pas. Je la conduisis à l’aéroport 2 jours plus tard, et seul sur le parking je ressentis un vide immense. Son séjour avait drainé toutes mes forces physiques par nos ébats et mes forces psychologiques par nos combats. Une larme coula sur mon visage et m’énerva. Je hurlais dans la voiture jusqu’à perdre la voix. Et la gorge irritée, ayant expulsé toute ma haine envers moi-même, je repris ma vie.

Ce que je ne lui ai jamais dit, MelaMel

Nous étions assis dans un coin de la pièce. Le spectacle était fini, tout le monde se levait. Elle critiqua l’artiste avec raison, il n’avait pas semblé faire grand effort pour nous contenter. Elle était déçue. Je m’en foutais, cette soirée n’était qu’un prétexte pour la rencontrer. Après des semaines rythmées par nos échanges sms, je ne pensais qu’à elle et à ce moment-là. Je touchais son dos dans la foule qui se dirigeait vers la sortie, j’étais comme un gosse posant sa main pour la première fois sur un nouveau jouet, je souriais. Une fois hors de l’Olympia, je lui proposais d’aller prendre un verre mais elle déclina. Elle était fatiguée, il était dimanche et la semaine ne devait commencer par une veillée nocturne. J’étais déçu, j’acquiesçais néanmoins. Je lui envoyais un message une fois dans ma voiture et assis dans le noir attendait sa réponse. Quand le téléphone émis son bip annonçant un message mon cœur chavirait en adolescente prépubère, je ne remarquais même pas qu’une heure s’était écoulée depuis mon texto. Je n’imaginais pas ne jamais la revoir.
Quelques semaines plus tôt…

Emmanuelle fermait la porte avec dans les mains son dernier carton. J’étais mal. Je me retrouvais avec une pile de CD à trier comme dernier vestige d’une vie que j’avais détruite. Les cendres de notre amour étaient gravées sur disques numériques, ces chansons que nous écoutions à deux, ses titres qui avaient rythmés nos rêves et nos réels. J’avais envie de m’enfuir, j’étouffais. Mon téléphone vibra, c’était Mela. On se mit à discuter pendant une bonne heure via sms. Je n’étais pas seul. On riait, on se racontait tout et rien à la fois, la seule chose qui comptait à ce moment-là était de ne pas penser à ce qui se passait dans ma vie. Cette fille que je ne connaissais pas était devenue importante, vitale. Nous étions devenus accros aux vibrations de nos cellulaires annonçant un mot de l’autre, je ne m’en séparais jamais. Nous étions connectés du réveil au coucher, liés.
Tout cela avait commencé par hasard, une erreur Facebook. Je n’étais pas la bonne personne qu’elle demandait en ami, mon message pour lui demander comment elle était passée d’un homonyme blanc à un noir avait été drôle et singulier. Nous avions continués à nous raconter nos vies, alors que nous ne nous connaissions pas, elle l’anthropologue sociologue et moi l’écrivain raté camouflé dans un costume d’informaticien rebelle. Un couple étrange d’inconnus, liés par un aléa imprévu comme si ils s’étaient toujours connus. Et dans cette période effroyable de ma vie, elle fut ma seule amie.
Un midi apprenant qu’elle était aux urgences je quittais mon travail et me retrouvais à l’hôpital de St Germain en Laye, sans savoir à quoi elle ressemblait (outre cette photo de profil Facebook), sans savoir si elle était vraiment la et toujours là. J’attendais tranquillement en salle d’attente des urgences. Elle m’envoya un message pour me dire que tout allait bien, je lui demandais ou elle était…je n’étais pas dans le bon hôpital, elle était à Poissy. J’attendais depuis une heure. Je me mis à rire. Sur le banc Georges Eddie qui accompagnait sa femme me regardait avec suspicion du long de ses deux mètres, j’avais presque envie de lui dire que sa voix avait hanté mon enfance lors des matches de Jordan mais je m’éclipsais pour respecter tous ces gens en souffrance dans cette salle d’urgence.
Je voulais enfin rencontrer Meli. L’occasion arriva finalement, un concert. Dans la foule devant la salle, je la reconnu immédiatement dans sa longue robe noire, j’étais ultra nerveux. Je n’avais pas eu de rencart de ce type depuis 8 ans. Je ne savais pas comment on faisait. Elle me sourit et tous alla bien. Elle était belle. Quelques jours après le concert, nos messages devinrent moins séquentiels et successifs, la magie était retombée. Elle m’expliqua avoir retrouvé son amour d’enfance par hasard. J’étais heureux pour elle, elle avait été comme une fée sur ma vie, me protégeant de ma solitude au moment où j’en avais eu le plus besoin. Je ne regrettai qu’une seule chose, ne pas lui avoir dit : Merci.

Un soir je lui envoyais un mail pour savoir comment allait sa vie, elle me dit qu’elle attendait que je lui réserve une ligne dans ce blog avec anxiété. J’ai mis le temps Mela, mais tu sais comme moi que le temps n’a pas d’importance pour les gens comme moi

mercredi 5 janvier 2011

Experiences, 1ère partie.

Juste quelques souvenirs dont je ne suis pas fier. De ces tatouages sur nos passés qu'on ne peut pas effacer. Des expériences de vie...


La course

Elle me regardait sans rien dire. C’était une situation étrange. Je n’étais pas habitué à cela. Son corps nu portait encore les stigmates de l’acte. Le long de sa cuisse, un ruisseau translucide échouait sur une tache sur son canapé. Elle se leva, toujours sans rien dire et s’engouffra dans ses toilettes. Mes orteils sur le parquet froid, me suivirent jusqu’à la moquette de la salle de bain. Je me lavais les mains, passais un filet d’eau sur ma face et mon sexe. Mon regards croisa mon visage quand j’eu fini de l’essuyer. J’avais des cernes, le blanc de l’œil était jaune et quelques vaisseaux dans les coins formaient une nébuleuse sanguine.
- Je peux prendre une douche ?
- Oui, prends ma serviette si tu veux…
Je ne voulais pas prendre cette serviette. J’en voulais une neuve, une propre.
- Elle est mouillée. Je peux en prendre une autre ?
- Dans le tiroir du meuble à gauche…
Je fouillais un peu dans la commode et tirait la serviette blanche la plus épaisse du lot. Je la posais sur le lavabo en équilibre et entrait sous la douche. Je fis couler un peu d’eau sur la faïence du mur le temps que le mélangeur délivre un jet tempéré puis sur mes chevilles, jusqu’à mes hanches. Je grimaçais arrivé sur mon aine, elle m’avait griffé. Ma peau était arrachée des deux côtés, mon flanc gauche était plus touché que l’autre. Deux sillons à vifs s’enfonçaient sur mes bourrelets, elle avait accroché ses ongles plus profondément que je ne le pensais. Je passais le pommeau au-dessus de ma nuque, la tête baissée. Je laissais l’eau s’écouler pendant un moment. Je la regardais s’épandre sur le sol pour mourir dans un gouffre. J’avais l’impression que nos vies étaient parfois identiques. On se jetait dans l’abime, pris par le courant.
- Encore la dessous ?
Je ne lui répondais pas, je voulais qu’elle parte, je voulais être seul à cet instant. Juste l’eau et moi puis éponger centimètre par centimètre mon corps. Je ne lui répondais pas.
- Ça te gène si j’entre ?
Je coupais l’eau et sortit ma tête de l’anonymat du pare-douche opaque
- Comment ?
- Tu as fini ? Je voulais venir avec toi...
Elle était toujours nue. Je ne pouvais m’empêcher de regarder son cou, descendre au triangle entre son épaule, son buste et sa nuque. Je remarquais son grain de beauté en plein centre. Sa poitrine juvénile demandait à être saisie à main pleine.
- Oui, ma peau se flétrie. Je n’ai pas vu le temps passé. Je rêvassais. Tu me passe la serviette ?
- Attends je te la change. Celle-là est trop grande, on dirait une serviette de plage.
- Ce n’est pas grave…
- Tiens, celle la sort du sèche-linge.
Elle me tendit, un rectangle de coton vert aux bords cousus de fil jaune. Nos corps se frôlèrent, le sien entrant dans la douche le mien en sortant. Elle me fit un sourire auquel je répondis. Elle empoigna mon sexe au passage.
- A tout à l’heure toi !

Je m’essuyais, pendant qu’elle me racontait sa vie sous la douche. En voyant le petit tabouret en dessous du lavabo, l’idée de maquiller sa mort en suicide me traversa. Je me séchais bien consciencieusement. Je tentais de regarder mon côté gauche dans la glace, sur la pointe des pieds mais la vitre était embuée. Elle parlait toujours. Je posais la serviette pliée en deux sur support accroché au plafond puis ouvrait et fermait avec délicatesse la porte, sans bruit. Je voulu mettre mon caleçon mais il me semble qu’elle s’était essuyé avec. Je fus pris d’un fort dégout pour ce qui venait de se passer. Je mis mon teeshirt, mon jean et fouillait dans ma poche. Mes clefs y étaient, mon portemonnaie aussi. Je regardais la pièce, les vêtements au sol et les verres vides sur la table basse. Un verre était tombé par terre durant nos ébats, il s’était fêlé. On pouvait voir un épais trait graver sa surface lisse. Cette fêlure résonna en moi, elle n’était qu’un écho de moi-même. Je l’entendais sortir de la douche, entrer dans sa chambre. Elle dit quelque chose mais je ne l’entendais pas, je ne l’écoutais pas. Je pensais au verre sur le parquet.
Je saisis ma veste. J’ouvrais la porte et la fermait sans faire de bruit. J’appuyais sur le bouton l’ascenseur. Je trépignais. Je ne voulais pas qu’elle m’intercepte. Je fus pris de panique. Mon cœur s’emballait, l’ascenseur arriva. J’entrais dedans et me rendis compte que j’aurais pu dévaler les escaliers, il n’y avait que 3 étages. Et, pendant qu’il descendait lentement, je l’imaginais me poursuivant comme dans un film, un thriller haletant ou le héros cherchait à s’échapper de l’antre du tueur maléfique. Mon cœur battait encore plus fort quand arrivé au rez de chaussé un bruit de gong émana de la cage de métal pour signifier l’arrivée. Je serrai les poings, arrivais à la porte de l’immeuble. Le bruit du bouton nécessaire pour sortir pouvait réveiller une armée, je me retournais mais rien. Je franchis le seuil.

Un lampadaire éclairait encore alors que le jour naissait derrière les voitures garées. La rue était déserte, le coin de la rue était à une cinquantaine de mètres. Trop loin ! Pensais-je. Tant de distance à faire pour disparaitre du champ de vision. Je me mis à courir. Courir si vite, mon cœur était prêt à exploser. Je m’arrêtais deux rues plus loin, sur de ne pas être suivi. Il y avait un garage. Je mis mes mains sur mes genoux, le corps en équerre pour reprendre mon souffle. Mais qu’est qu’il m’était arrivé ? Pourquoi j’avais fuis ainsi ? Pourquoi tant de culpabilité ? Je me sentais tellement sale. Je me sentais tellement triste. Je m’asseyais a même le sol.
C’était juste une aventure d’une nuit, je n’avais même pas entendu son nom, je m’étais contenté de sourire et de suivre les évènements. Pas de nom, pas de numéro, juste le souvenir d’une course au petit matin un poison inconnu dans les viscères. Je suis juste parti, j’ai juste fuis car ce n’était pas elle que je recherchais, elle n’était qu’une expérience ratée.

La femme et la fille

Je rentre dans la boite de nuit. Il est tard, je suis fatigué. Je ne sais pas trop ce que je fais là, j’avais besoin de sortir, de trancher ma routine. Je m’arrête au bord de la piste, je vois une grande blonde qui gigote maladroitement. Je rigole. Je reste un moment à la regarder et fini par oublier que ses gestes désordonnés sont ridicules, elle exprime une forme de liberté. Je me retourne et voit quelques femmes plus âgées sur un canapé. Je détaille machinalement leurs vêtements, leur maintien, leur maquillage. Une d’entre elle me remarque et me souris. Mon œil lui fait un clin d’œil machinalement, sans pensée perverse, juste par politesse.
J’avance vers le bar. Le barman est un asiatique, je l’observe verser un godet de vodka au millilitre près pour un client. Je rigole. Il s’approche de moi et tends l’oreille. Je ne sais pas quoi lui dire, je n’ai pas soif et même si je voulais boire je ne saurais pas quoi prendre. Je suis juste la car je ne sais pas où aller dans e club. Je me sens obligé de lui crier une marque d’alcool, j’imagine que mon mot descendra le long de son couloir auditif et actionnera son bras vers quelque bouteille d’âpre breuvage. Je ne sais pas ce que je lui ai dit mais il semble s’agiter. Je reçois un verre pétillant et translucide. Un Gin Tonic ? Je le porte à mes lèvres, bois et grimace. Une main se pose sur mon dos. La femme au clin d’œil est à côté de moi.
- Qu’est-ce que vous buvez ?
- De l’hydromel moderne.
- Hydromel ?
- Juste de la chimie prepubere servi dans un récipient mal lavé…
- De l’alchimie ? vous parlez bizarrement…
- Non, de LA chimie…
Elle était devant moi et me dévisageait. Je souris poliment. Elle n’avait pas compris un mot de ce que je venais de dire.
- Vous ne dansez pas ?
- Je bois…
Elle ne bougeait pas. Je souriais toujours.
- Vous avez un beau sourire
- Merci
- Allez, on va danser…
Elle me prit la main et me tira vers la foule. Une fille recula et écrasa son talon en plein centre de mon pied. Mon bras s’écarta en reflexe et renversait une partie du contenu de mon verre. J’avais la manche et main trempée. La femme ne remarqua rien, elle me tirait toujours vers le centre de la piste. Une fois au milieu elle se colla à moi et se mis à bouger ses hanches. Elle dansait une sorte de chorégraphie lambadaraggatechopoplatin. Un ‘je-me-frotte’ arythmique endiablé. Je souriais toujours, comme un masque vissé sur ma tête. Elle bougeait de plus belle. Cela me semblait interminable. Je me disais qu’elle finirait par manquer de souffle, mais rien, elle se frottait toujours. Je sentais sa sueur dégouliner sur ma chemise, Je lui fis signe que j’avais chaud afin de m’éloigner. Elle souffla pour me faire comprendre qu’elle aussi. Je reculais pour me retirer, elle me suivit.
A l’écart de la piste, elle déboutonna sa robe-chemisier. Ses sous vêtement maintenant apparents, les cheveux attachés, elle suait toujours mais cela semblait être moins sale. Je suis un animal, pensais-je en me surprenant à vouloir lécher son cou. Je tournais la tête et regardais la piste. La grande blonde gesticulait toujours, faisant des courants d’air avec ses bras maculés de taches de rousseur. La femme se mis à me parler de nouveau.
- Tu t’appelles comment ?
- …Christophe….
- Amélie
- Ok
- On s’assied ?
Je ne sais pas pourquoi j’avais menti. J’imagine que je ne voulais pas m’impliquer.

Quelques heures plus tard, je n’avais pas bougé du canapé. J’étais entouré de quatre femmes plus vieilles que moi, une collé à mon bras. J’étais incapable de savoir si c’était la même que précédemment, alors je descendis la tête au niveau de ses yeux pour mieux la voir. Elle du croire que je voulais l’embrasser et m’avala les lèvres. Ma main se posa sur sa cuisse. Elle redoubla d’effort avec sa langue et posa son autre cuisse sur ma main. J’étais un comme papillon cloué vivant sur un tableau. Personne ne venait me délivrer.
- Christophe, on y va mon doudou ?
J’étais horrifié. Elle m’avait appelé doudou ! J’avais l’impression d’avoir glissé dans un monde parallèle ou d’être devenu une sorte de caricature de l’antillais de service. J’avais envie de vomir. Je voulais me cacher sous le canapé et disparaitre.

Je regardais le réveil. Il était 9h. J’étais assis sur le lit en chaussettes et caleçon. A côté de moi, j’entendais respirer cette femme avec qui j’avais passé la nuit. A travers les rideaux, le soleil filtrait une douce lumière sur mes mains. Je les passais sur mon visage comme pour me laver avec ses rayons. Mon jean était par terre, je l’enfilais. J’avançais jusqu’à la cuisine et pris un verre d’eau. L’appartement était décoré avec gout, sans surcharge de babiole, juste quelques photos accrochées au mur. Elle devait avoir une fille. Je m’assois devant la télé et me mis à regarder Arte, une émission sur les volcans. Je n’étais pas vraiment passionné mais je restais là, je ne savais pas vraiment ce que je foutais là. L’émission suivante était une sorte de reportage sur l’architecture, une histoire de verre et de métal avec des images de synthèse simplistes pour expliquer comment le tout tenait sur un édifice. Une ombre se projeta sur le sol. Je me retournais.

Une fille d’environ 16 ans se tenait devant la porte du salon. Elle avait de longs cheveux châtains qui descendaient sur ses épaules. Elle portait un débardeur rose pâle et un boxer noir. Elle était belle, ingénue et rayonnante. Elle me fixait.
- Vous êtes qui ?
- Pa…Christophe…
- Vous sortez d’où ?
- …heu….
- Vous avez dormi la ?
- …non, je n’ai pas dormi. J’ai regardé une émission sur les volcans.
- Quoi ? Elle fait chier ma mère avec tous ses tarés ! Moi aussi je rentre de boite bourrée, mais j’ramène personne à la maison
- La télé t’a réveillée ? Excuse-moi…
- Ta gueule toi ! Crevard !
Je la fixais. Ces yeux étaient larmoyants. Je me levais, elle recula. Je me rassois.
- Je ne savais pas….qu’elle ne vivait pas seule
- Ouais…j’existe pas
- Tu veux du Nutella ?
- Je vais chercher une cuillère.
Elle revient s’assoir à côté de moi. Le pot de Nutella entre nous deux, on alternait pour se servir tout en regardant notre émission d’architecture. On ne se parlait pas, on était bloqué devant le poste de télévision. Puis sur générique de fin elle me dit :
- J’ai jamais regardé cette chaine…c’est….j’aime bien
- J’aime bien aussi
- …

Je mis ma chemise. On se fit la bise et je descendis les escaliers. Au premier palier quand je me retournais, elle me fixait toujours. Je lui fis un sourire timide et elle en fit un énorme qui me réchauffa le cœur.
Je pense à elle quelque fois, j’espère qu’elle est heureuse et sa mère moins triste.

mardi 4 janvier 2011

Psychostasie


Interlude

Lorsque l’on se rencontre, les questions sont toujours les mêmes mais les réponses sont toujours différentes. L’autre chamboule nos certitudes, il répond à des attentes qu’on ignorait avoir et comble les vides que son absence crée. Lorsqu’une histoire débute, nous sommes dépendants de cette endorphine nouvelle, nos sens se muent en moteurs d’un corps que portait jusqu’alors la raison, et toute cette adrénaline qui nous rends si confiant en excédent et si faible en pénurie. Nous doutons comme une rébellion de l’encéphale tandis que le sang afflue en d’autres parties de notre organisme spongieuses ou musculaires. Nous perdons nos règles, réinventons nos jours. Notre regards va plus loin, parfois même plus profondément. Et lentement, le coté droit s’allie au coté gauche pour reprendre la situation en main, la tète se ligue pour dominer de nouveau. Nous sommes des animaux dressés, apprivoisés par des schémas sociaux, des patterns comportementaux et contraints par nos moyens physiques, intellectuels et économiques à être dociles. L’état amoureux pur et intégral n’est qu’un battement de cils, parfois le temps s’arrete mais toujours il reprend ses droits et les yeux s’ouvrent sur nos amours. Certains prennent au vol quelques poussières sur l’iris et se frottent, les larmes expulsent le corps étranger et l’œil rougis contemple le métronome impassible.
Parfois, je me sens si léger que je fronce les sourcils et baisse la tête de peur qu’une brindille ou un insecte ne percute mon globe à nu mais rien ne protège de cela. Le vent nous empale, l’amour est une bourrasque.


Psychostasie

J’étais avec Déborah au téléphone, on se disait qu’il fallait qu’on se revoie. On se parlait de choses banales, et puis elle me posa une question.
- Tu es encore avec Maryline ?
- Oui…
- Qu’est ce que tu fais avec cette fille ? Vous êtes totalement différents…Elle est…négative… Je ne sais pas comment le dire…
- Elle a juste besoin d’amour
- Mouais…t’es aussi fou qu’elle !...c’est sur
- Je sais, un jour elle va me tuer et se tuer après parce qu’il n’y aura plus de Nutella…

Je m’étais déjà souvent posé la question, j’avais souvent le sentiment d’être la goupille d’une grenade. Elle avait jeté un sort sur ma raison, notre histoire est celle d’une passion, le cœur sur une balance, une psychostasie.

Notre rencontre est tout ce qu’il y a de plus banal. Un soir je passe à la résidence étudiante de Supelec pour voir Nathalie, une amie qui y résidait. Le squat dans la chambre de Nathalie s’organisait, j’étais avec Eric un pote de ma promo, puis nous sommes rapidement 5 puis 7. Nat passe mon album de Dru Hill, une fille entre. Habillée tout de noir, petite, avec un gros sac en bandoulière. Elle s’arrête sur la musique.
- T’écoute Dru Hill !! tu me surprendras toujours
- C’est Pat’ qui me l’a passé
- Pat, c’est qui? … J’adore la voix de Sisqo !
Elle avait capté mon attention.

Je devais passer la voir à sa résidence universitaire, plus bas, afin que l’on s’échange des CDs.
Un peu paranoïaque, elle n’avait pas confiance et ne voulait pas me passer les disques, je devais lui apporter des K7 pour qu’elle me fasse des copies. Et, comme j’étais boulimique de musique, je passais deux, trois fois par semaine à sa chambre pour écouter des nouveautés et pirater les sons. Je l’apprivoisais et quelques semaines plus tard j’eu le droit d’amener trois disques par rencontre. Bien entendu, se voyant beaucoup, on discutait également beaucoup de tout et de rien et les soirs où je ne passais pas, on s’appelait. Elle aussi, m’avait apprivoisé.

C’était une époque étrange, je sortait beaucoup mais ne voyais pas vraiment mes amis. Pierre aka Bouba débutait sa romance, Chris était avec Caroline, Luc assez loin, etc. Je sortais beaucoup, découvrait la vie de la capitale la nuit, une vie qui me dégoutait. Le monde n’était qu’un ramassis d’ordures émotionnelles, une déchèterie pour sentiments, et dans cette fange n’émergeait que la rancœur, le ressentiment, l’égoïsme et la cupidité. Je me sentais exclu de toute chose, je me sentais seul. Dans ma nuit, j’avais croisé Emmanuelle de nouveau un soir, elle avait baissé la tête et rougit à mon regard, elle était comme une preuve que la lumière existait. Et puis, il y avait Deborah dans mon entourage, son sourire était un baume sur ma vie, je le regardais jusqu’à en être ivre, sans elle je ne sais pas ou ma chute intérieure aurait terminée. J’avais décidé de ne pas l’approcher pour ne pas risquer de perdre cette ancre dans le monde réel. Je restais alors muet, tapi dans l’ombre tandis qu’elle projetait sur les choses simple du quotidien une parfaite lumière.
Bientôt je n’allais plus en cours, je trainais ma carcasse voutée dans les salles obscures de St Michet et passait mon temps à visionner des Woody Allen et des Kurosawa, la vie avait plus de sens dans leurs scenarii. Les héros D’Allen cherchaient l’amour, la reconnaissance, ils luttaient contre leur moi intérieur, leurs phobies, les acceptaient, les transcendait et parfois l’échec était envisageable avec une certaine sérénité, une quiétude cynique. Les héros de Kurosawa, avaient un code éthique, la mort était omniprésente dans leurs pensées, il n’y avait parfois ni mal ni bien, la moralité et la justice dépendait du vainqueur, rien n’était préjugé, tout était acte (parfois dans la ruse et la fourberie) et la défaite était un enseignement. Ma philosophie de vie changeait, dans le monde de Chris Claremont qui avait inondé mon enfance, le mal était le mal mais dans mon monde post-adolescent arrosé par un juif newyorkais toqué et un vieil asiatique esthète, le mal n’était qu’une autre vue du monde, une autre perspective sur les choses. La force morale née de notre éducation et de notre expérience formatait cette perspective.

Nos soirs étaient devenus un rituel. Maryline m’écoutait parler. La tête en l’air, une cigarette à la main, elle mettait un disque, allumait des bougies, éteignait la lumière et s’asseyait sur le lit, dos contre le mur, les jambes en croix, sans rien dire, sans un sourire. Elle fumait la, tranquillement, ma voix devenait un chant sur le rythme qui passait. Un soir, elle posa sa main sur le lit et me demanda de m’approcher. J’étais surpris et hésitait.
- Allez…
Je lui obéis. Elle se coucha sur mes jambes. Cela dura des soirs et des soirs, un nouveau rituel. La musique et les bougies, sa tête sur moi. J’avais envie de l’embrasser mais j’étais bien comme ca, je ne voulais rien de plus. Un soir, je rentrais dans sa chambre et elle pleurait, je ne lui demandais pas pourquoi je la pris juste dans mes bras sans échanger un mot, et ce soir la le rituel changea. On se coucha leur contre l’autre jusqu'à l’aube, le disque de Morgan Heritage tournant en boucle. Au premier rayon du soleil, elle ne dormait pas mais n’avait pas bougé d’un pouce.
- Je change le disque mais tu restes la ?
- Si tu veux…
- Promis, tu ne bouges pas ?
- Je ne sens plus mon corps, je ne peux pas bouger
Elle mit demain c’est loin de l’album d’IAM, la touche Replay enfoncée et on resta collés l’un contre l’autre un moment encore. Je me levais finalement, elle grommela, mécontente, insatisfaite et triste. Je descendais et saluait Mme Henry (la mère de Titi) qui me dis un truc en créole auquel je répondis par un sourire, je n’avais pas le droit de dormir la.
Maryline me fit payer mon départ en m’évitant durant quelques jours.

Nous avions prévu un weekend end à Troyes chez une amie, on fini par se retrouver dans la même maison pour 3 jours. J’étais avec Eric dans une chambre, il me demanda ce qui se passait, je répondis qu’il avait quartier libre et que je serais enchanté si mes deux amis devenaient plus intimes. Il se mit à l’ouvrage dès le réveil pour conclure juste avant notre retour sur Paris. Quand je fus rentré chez moi, je me mis à pleurer comme un gamin sans savoir pourquoi, j’étais juste en overdose de ma vie. Je venais de perdre la personne qui soutenait mon mal être.
Le vendredi suivant, je voyais Christophe et Daivy et me sentait mieux, le samedi je rencontrai Héloïse, ce fut une belle rencontre. Je butinais de fleur en fleur jusqu'à la fin de l’année. N’ayant toujours pas approché Deborah, n’ayant toujours pas parlé avec Maryline. Son histoire avec Eric n’avait duré que quelques jours, trop hystérique, trop négative, trop a fleur de peau, trop, trop…Maryline. Un soir je passais la voir pour échanger des CD. Elle me dit qu’elle m’en voulait, qu’elle avait perdu son ami le plus important. Elle me demanda de rester. On se coucha l’un contre l’autre jusqu’au matin. A mon réveil, on s’embrassait, et d’un coup je fus submergé de toute ces choses qu’il y avait en elle, versés en torrent dans le vide de mon âme, en un baiser elle avait rempli mon existence. Je voulais être la pour elle, elle donnait un sens a ce vide car elle était la seule personne qui avait vraiment besoin de moi.

On était finalement ensemble. On l’avait toujours été et en même temps, on ne l’avait jamais été. Quelque chose de très fort et dévastateur nous relia brutalement, quelque chose qu’on avait évité pendant longtemps et dont on ne pouvait plus se défaire. Nos corps étaient en accord, synchronisés. Personne autour ne compris ce qui venait de se passer. Pierre me demanda, Nathalie me demanda,…je ne pouvais leur répondre, un raz de marée venait de passer sur ma vie.
Je ne me souviens pas de ce qui se passa ensuite, entre baisers et mots échangés, je crois que nous nous sommes séparés durant l’été, la France devenait championne du monde. Tout était possible, nous étions invincibles. En octobre, je vins sur Meaux pour passer un week-end amical avec Maryline, il ne le fut pas, nos corps explosèrent sur notre bonjour. Je me rendis compte que dans mes bras elle devenait quelqu’un de différent, mais dès que je m’éloignais, elle redevenait aigrie, anxieuse, versatile, le téléphone nous tuait. Il fallait que l’on soit proche l’un de l’autre pour exister. Elle se mit à faire des kilomètres par semaine pour venir me voir et j’ose croire que nous fûmes heureux mais en vérité je commençais à étouffer. Je commençais à mal vivre ma dépendance et ma lassitude. Quand se voir est contraint par nos sentiments, le manque de l’autre, certains y voient une passion, moi, je n’y voyais qu’une entrave obturant ma vue sur ce que la vie pouvait m’offrir. Aujourd’hui je sais, que ma perspective d’une situation est souvent l’opposée du bonheur, je ne suis pas apte aux sentiments simples. Il faut que mon cœur batte, il faut que mon cœur explose, quand ma course vers l’amour s’arrête, je me sens mourir.

Une aube, en rentrant elle eut un accident de voiture, dérapant sur une plaque d’huile ou surement la fatigue. Elle n’avait plus de véhicule. Elle en voulait à la terre entière, moi y compris. Je savais que l’espacement de nos entrevues signait notre avis de décès. Elle devenait insupportable loin de moi. Les mois avaient passés sans que l’on se rende compte, et tout était très compliqué. Quand ma tante m’offrait un billet pour Tahiti pour mes vacances, je partais seul. A mon retour, je mis fin à notre histoire, tout était devenu trop compliqué et j’avais revu la fille de mes rêves.
Maryline me répondit simplement :
- Dès la première fois où tu me parla de cette fille. J’ai su que je te perdrais à cause d’elle
- Elle est prise, il ne s’est rien passé. Il ne se passera sans doute jamais rien.
- La fille à la rose…ta destinée
- Oui, la fille à la rose
- Fait chier…je n’aimerais plus jamais ces fleurs la…

Quelques semaines plus tard, j’embrassais Emmanuelle, la fille à la rose.


Interlude

Janvier, une brise se lève. Ma vie est comme en léthargie depuis un moment, j’ai froid. Le vent furette entre les poils de mes avant-bras, chois au milieu de mon dos. Je frissonne. Je ferme mes yeux rouges et rêve qu’une larme coulera sur ma joue mal rasée, asséchée par l’hiver. Rien. Je regarde le reflet d’un arbre dans le miroir, ses membres amputés par la saison de leur toison verte. Je nous trouve des similitudes. L’automne a fait tomber les dernières feuilles de mes rêves. Je vais attendre le printemps, je bourgeonnerais à nouveau d’espoirs. Le soleil inondera à nouveau mes racines. Mon dos est courbé depuis si longtemps que personne n’a remarqué que j’étais si proche du sol. Je n’ai pas de peurs, je sais qui je suis. Le vent se lève, sa langue s’engouffre dans mon oreille et me chatouille. Ma vie se réveille, encore engourdie par son coma. Elle regarde l’heure. Il est déjà tard, il est déjà temps. Je souris, mon visage avait oublié cette forme. Mes commissures se défroissent, j’ai un pied au sol. Je n’ai pas oublié comment on marche mais je reste immobile. Je remplis mes poumons, je suis encore faible n’allons pas trop vite. Je déchire une étoffe de toile blanche et la pose au fond de ma poche. Un bout de drap pour ne pas oublier d’où je viens. Ce sommeil conscient. J’ouvre la fenêtre. Le vent tourbillonne. Je tends les doigts comme pour le saisir. Il s’enroule. Je ferme les poings et le serre. Il m’entraine.



PS: Bonne Année à tout mes lecteurs. Je vous souhaite le meilleur.

mardi 14 septembre 2010

Lena, part I: How she saved my life

« Si tu lis cette lettre c’est que je suis pas loin de la prochaine
Elle aura son charme mais ça vaudra pas tes fossettes
J’ai un pincement ici quand je repense à ton visage
Hélas, rien ne se présente comme on l’envisage
On s’est tellement répété que c’était trop beau pour être vrai
Les débuts sont tous pareils à peu de choses près
Je pars avant l’heure où l’homme commence à mentir
Lorsque l’aiguille penche entre le meilleur et le pire
On se reverra, d’ici là t’en rencontreras d’autres
Imagine tout ce que nous aurions pu
Pour ne jamais réaliser que nous ne riions plus
[…] J’ai pris la décision de te quitter plutôt que de te tromper
Est-ce le bon geste ?
On a vécu…
Ce grand A que peu peuvent se vanter d’avoir connu
Tout ce qu’on aurait pu est souvent mieux que ce qui se fait
Qui est satisfait ? »

Oxmo Puccino



Les gens sont ce qu’ils sont, on les observe, on vit avec eux, on apprend comment combler leurs besoins, palier leurs carences mais ils restent incomplets. On s’approprie des détails pour justifier l’ensemble, car au fond dans le désespoir ne pas remplir les vides de leurs silences, les réponses aux questions non posées, dans la rage de ne pas pouvoir compléter leurs gestes avant qu’ils ne les esquissent, c’est notre propre quête d’eccéité qui demeure un échec. Dans le regard de l’autre, on cherche désespérément une voix qui hurlerait à nos tympans que nous ne sommes pas vains. Un miroir qui reflèterait autre chose que nos corps imparfaits rabotés par le temps, la lueur d’une incandescence.
Je ne suis pas différent, un peu particulier sans doute, sur le lisse de mon être une aspérité se dessine, une singularité. Je crois que je suis un idéaliste réaliste, mais est-ce seulement possible? Un peu comme regarder à droite et à gauche en même temps, pour ca, il faut être deux. Il faut être deux et je suis un, et en étant qu’un je ne suis pas un, foutu cercle psychotique.

Ce blog, en attente depuis des mois méritait mieux. Je ne suis qu’un scribe paresseux écrivant sous sa douche, dans sa tête, des lignes et des lignes d’histoire sans les mettre sur le papier. Je ne suis qu’un auteur sans volonté d’écrire, épuisé par une vie qu’il déstructure à loisir de sommeil incomplet, de plaisirs fugaces ou non assouvis pleinement, comme si le temps pressait et qu’il ne m’en restait que peu. Peur ? non, même pas, juste incapable de me relever d’un coup porté je ne sais quand par je ne sais qui. Je n’ai plus qu’un rêve, être moi. Ca à l’air simple mais je n’y arrive pas.

Je voudrais entrer. Ici tout n’est que nuit, tout est sombre, tout est ombre, même la musique semble délavée de ses notes originelles. Ici je suis seul et pourtant mon propre regard me juge et conditionne mes actes. Je suis devenu tellement étranger à ce que je fais, à ce que se suis. Je reste la, à la porte de ma propre vie, derrière une grande baie vitrée, je voudrais entrer mais l’autre à l’intérieur ne me laisse pas, quand bien même que cet autre c’est moi.
Je voudrais entrer. Comme je suis juste un peu perdu entre mes désirs et mes non désirs, mes actes effectifs et ceux rêvés. Je me manque à moi-même et je ne sais pas si je vais revenir. Je ferme les yeux, je ne sais pas ce que j’attends depuis si longtemps presque qu’a en désespérer.
Je voudrai entrer. J’ai tant frappé à la porte de ma propre vie que mes doigts imaginaires se sont brisés. Sans doute le verrou sautera de lui-même ou l’autre dans un élan de compassion me laissera passer. Peut être se dit-il la même chose, que de l’autre cote de la baie vitrée il voudrait aussi traverser. Peut être ais je oublié que c’est moi qui l’ai enfermé la.

Lena, part I: How she saved my life

Lena s’était endormie sur la couverture du lit, juste vetue d’un tee-shirt qui descendait jusqu’aux genoux. Elle ressemblait à une figure peinte sous la Renaissance, le visage extrêmement pale, les joues pommelées et les lèvres roses comme une fraise Haribo. Mon doigt était enserré entre ses poings, comme si elle avait voulu me retenir mais n’avait pu saisir qu’une infime part de mon corps. Je n’arrivais pas à écarter ses doigts du mien, elle serrait trop fort et je ne voulais pas la réveiller. Je me retrouvais donc là, à la regarder dormir.

La veille, son avion a peine débarqué de St-Petersbourg, elle m’avait donné rendez vous pour me dire qu’elle ne voulait plus me voir. Je devais la retrouver devant le Virgin sur les Champs Elysées, j’étais en retard et elle était perdue. Elle avait descendu la mauvaise avenue en sortant du RER, je lui demandais de ne plus bouger et partait à sa rencontre en face de l’Hôtel Napoléon. Je pensais savoir ou était l’hôtel, je descendais en courant l’Avenue Marceau et me rendit compte face à l’hôtel Regencia que j’étais dans l’erreur. Je remontais et m’engageait sur Friedland. J’avais une heure de retard quand je la vit de l’autre coté de la rue.
J’allais traverser quand je vis un type l’accoster. J’observais la scène de loin. J’enrageais… Cela dura une éternité, 5mn sans doute, le type la fit rire, l’envie de le tuer me traversa l’esprit. Il sortit son téléphone de sa poche, mais ne nota rien dessus, elle ne le lui donnait pas ses coordonnées. J’étais soulagé, légèrement euphorique, comme si ce combat a distance m’avait désigné vainqueur. Il s’éloigna d’elle. Je pouvais m’approcher. Le feu était au vert, je traversais. Quand je fus à 10 mètres d’elle, un autre type l’accostait. Je me rendis compte que je la voulais pour moi, que je ne pouvais la laisser partir. A mon regard, il s’écarta.

On se fit un timide bonjour du regard, sans bises, sans mots.
- You are always late! I feel like I’m spending my life waiting for you, and you just don’t care…
- Come on! I’m sweating! I’m running all over Paris to see you.
- Let’s eat something, I’m hungry
- Hungry or angry?
- Both…All guys in the street are trying to go somewhere with me…
- I can imagine


Elle était habillée d’une robe noire épousant les courbes de son corps, la poitrine en décolleté. Les pores mis en éveil par la brise crépusculaire. Son visage était incroyable, je souris. Elle demanda pourquoi, je lui répondis qu’elle ressemblait toujours a un ange peint par Botticelli dans un corps de démon sortit de la plume de Goethe. Elle sourit.

On traversait la rue, entrait dans un restaurant bar, le Deloren. Le serveur paru très surpris de nous voir, il nous installa à l’intérieur. Quand il nous donna la carte, je compris la situation. Nous étions dans un restaurant casher, un vendredi soir, entre les familles qui venaient diner. On prit une bouteille de rosé casher, une salade pour la dame, un dessert pour moi. On ne s’était toujours rien dit, j’avais juste comblé la conversation de quelques blagues pas drôles, mais elle était bon public et avait rit. Le silence arriva fatalement.

- Dou you love me ?


LA question piège, on se sent toujours oblige de dire oui. Pour éviter les cris, les larmes, la haine. Pour éviter les regards confus et fuyant, les mains tremblantes et le cœur s’écrasant sur le sol. Je n’ai jamais su répondre à cette question. Dire non est presque qu’impossible et dire oui est une somme de complication qu’on ne peut anticiper. J’avais envie de lui faire une réponse à la Prince (Love? Define love?)… Mais je pris une gorgée de rosé, une cuillère de chantilly et lui fit un sourire. Elle attendait la réponse, ses yeux étaient déjà rougis par l’attente, je voulais la protéger mais je savais que quelle que soit la réponse elle souffrirait.


- Yes
- So why! Why it’s so hard?


Des larmes coulaient sur ses joues de bébé. Je lui pris la main. La musique se fit plus forte dans le restaurant, il y avait un anniversaire. Les enceintes mal réglées se mirent à crépiter sous les basses. On se mit à rire de l’inconfortable de la situation.
La crise était passés, ses yeux bleus pales luisaient d’une nouvelle étincelle et me fixaient. Je ne savais plus ou me cacher, elle était comme un cristal de kryptonite, elle m’irradiait. Et moi, son superman n’était plus invulnérable. Elle savait, elle avait toujours su comment me réduire à l’état de simple mortel. Etre a ses cotés me rendait fragile, elle ravivait mon désir de vivre, mon estime de moi-même que j’avais perdu. Ses mots, ses gestes me rendaient ma condition d’homme, je me sentais fier et fort a ses cotés, j’étais tout ce que je n’avais jamais été qu’en apparence. Parfois quand je la touchais, j’avais l’impression de sentir son cœur exploser dans sa poitrine. Elle m’avait rendu dépendant de l’image qu’elle renvoyait de moi-même.

A notre première rencontre, je l’avais regardé danser comme tous autour, sans arrière pensée. Je l’avais trouvée libre, pleine de vie. Je l’avais regardé comme on regarde une étoile filante sans avoir le temps de faire un vœu. J’étais juste intervenu pour la sauver entre deux prétendants trop pressants, sans arrière pensée. Juste une main tendue, elle l’avait prise et ne l’avait plus lâchée. Nous étions liés sans savoir pourquoi, comme si ce lien était une évidence.

Apres le restaurant casher, elle avait gardé ma main dans ses poings jusqu'à mon lit, nous nous étions endormis. A mon réveil, elle n’avait pas bougé. Je me disais que tout serait plus compliqué à présent, je me disais que depuis Emmanuelle personne n’avait été dans ce lit. J’avais besoin d’air. Je me donnais des dizaines d’excuses pour lui dire de partir à son réveil. Maintenant que je respirais, j’avais besoin d’air. Mon doigt était toujours coincé dans sa main. Je posais ma tète sur l’oreiller. Elle ouvrit les yeux. Ils étaient d’un bleu surréaliste dans la pénombre de la pièce. Elle me regardait sans rien dire, mes excuses s’étaient subitement envolées, il ne me restait qu’une seule phrase en tête : cette fille vient de me sauver la vie.

-To be continued.

Lena, part II: The Red, The Blue & The Green-

vendredi 3 septembre 2010

Love as a coin flip, Part IV (end)

Heimdall me laissa passer, il bougea à peine. Il avait pris l’habitude de me voir errer sur le Bifrost, hésitant à franchir les portes. De temps à autres quand l’ennui l’asphyxiait, quand la solitude le gagnait, il desserrait les dents et me lançait sa boutade favorite: ‘Ratatosk que fais-tu en céans?’. Je souriais alors et il posait sa main sur mon dos répétant inlassablement le même avertissement ‘Prends garde aux Nornes, parfois il ne vaut mieux ne pas titiller les trames de Wyrd’…
Mais cette fois, il était immobile, il savait déjà sans doute qu’il était trop tard et qu’une fois passé la caverne de Gnipa, je serais en Hel, dans l’étreinte de ma valkyrie.
Parfois, sur le chemin, je faisais mine de m’arrêter prendre un verre chez Baldr et me rendais au puits d’Urd. Elles étaient la. Urd qui savait ce qu’il était arrivé ricanait, se faisant reprendre par Verandi qui voyait ma douleur présente tandis que Skuld, mon destin futur possible en mains répondait déjà à la question que j’allais lui poser. Je savais que les Nornes n’approuvaient pas mon union avec la valkyrie. Je savais, qu’elles, qui savaient tout, avaient lu que notre histoire finirait en cris et larmes. Mais, refusant le déterminisme de notre Wyrd, je me gageais de changer la fin de l’histoire. Et chaque fois, je leur demandais si le futur avait été modifié par mes actes.
Cette fois la, Skuld leva la tête et paru surprise.
- Que se passe-t-il ?
- Je…je…impossible !
- Réponds moi je t’en conjure…
- Tu ….vas lui donner ta bénédiction et elle partira…

Je souriais. J’avais changé le destin. Bien sur, il était trop tôt pour savoir si la trame serait heureuse, mais j’avais infléchit le cours des choses, fait dévier les planètes de leur axes, à force d’acharnement et d’erreurs. Urd pris le fil de mon existence passée, le roula autour de son index et me le lança entre les mains. Un flux brutal de souvenir affluait en moi, sans liens, des images oubliés se chevauchaient, se liaient et se déliaient dans les méandres d’un questionnement fondamental, tout-est-il écrit ou tout est-il a écrire ? J’entendais le rire d’Urd au loin comme le chant d’un corbeau, la danse mortuaire d’une hyène devant la carcasse encore chaude de ce qui restait de mon intimité. Je retournais sur Midgard sous ma forme humaine dans un patchwork de souvenirs décousus.


Souvenirs

Cela faisait plusieurs jours que je pensais à ça. Mais pourquoi donc avais-je dit oui ? Quelle situation ubuesque ! Valérie m’avait demandé d’être son témoin à son mariage. Quand elle avait posé la question, j’avais répondu ‘oui’, presque machinalement comme une évidence. J’étais honoré d’avoir été choisi pour l’être. Je devais juste rentrer chez moi et annoncer la bonne nouvelle à ma compagne avec le sourire de rigueur, mon regard persuasif le plus profond, l’air naïf d’être totalement open avec la situation et affuté comme une plaque Tefal ou rien n’accroche.
Emmanuelle ne compris pas vraiment pourquoi j’avais dit oui, mais il faut dire que je n’avais pas de réponse. Ca me paraissait juste normal. Elle voulait juste savoir si elle était invitée, elle n’avait pas aimé mais n’avait rien dit. Elle allait enfin rencontrer la fille qui m’envoyait des calendriers Kinder à chaque Noel et des œufs en chocolat pour Pâques...

Souvenir...
J’étouffe à l’intérieur, je sors un peu. Je regarde les adolescents se chamailler, je les envie, j’aimerais retourner au temps de l’insouciance, des besoins futiles indispensables, des sentiments exacerbés. Un des gamins me sourit, on a tant de choses à se dire mais pour ce soir, ce simple sourire suffira, sa mère à l’intérieur se marie pour la seconde fois. Un jour il m’avait dit qu’il pensait que ce serait avec moi et en cruel prêtre de Delphes je lui avais dit non.
Quelle corvée ce mariage ! Je n’avais pas envie d’être la, j’avais failli me décommander dix fois, trouver des excuses incroyables mais je ne me voyais pas me défiler. Je regarde par la fenêtre, les gens dinent, ils ont l’air de s’amuser. Moi, j’ai passé ma journée à expliquer qui j’étais aux gens autour : "Moi, je suis….heu…bonne question, le témoin !". Certains me connaissent, sa famille, certains amis, Mélanie que je vois avec son compagnon rural, sans elle tout cela ne serait jamais arrivé, ca me donne envie de la torturer. Je regarde par la fenêtre et je vois Emmanuelle perdue au milieu de tout cela. Je me demande ce qu’elle pense de tout ca, j’imagine qu’elle a envie de partir en courant. Elle tourne la tète, me voit, sourit. A cet instant, pour elle je donnerais ma vie.

Souvenir...
Il fait nuit sur Champeaux. Je ne sais pas trop ce que je fous la, au milieu de rien, en Seine et Marne. Je monte un escalier, elle me précède et fait rouler ses hanches. Je ne regarde pas, je me suis déjà fait avoir par ce coup la. Je m’assois sur le canapé, elle se met sur un tabouret. On discute un moment. Un type entre, il a un regard malin, il sait qui je suis mais est détendu, ses pensées sont claires, saines. Je la regarde et je sais. Je sais qu’il va l’emporter, qu’elle va s’envoler, je la regarde et quand je me lève pour lui dire au revoir j’ai décidé que ce serait la dernière fois que l’on se verrai. Mon départ comme un cadeau, la possibilité de pouvoir être heureuse, de vivre sa vie rêvée. Je serre la main de cet homme, je lui passe le témoin. Adieu Valérie.
Les années passent. Les filles défilent dans ma vie, des amies comme Frédérique, des amantes comme Leila, des compagnes d’une nuit comme Héloïse, des rêves comme Deborah, des passions comme Maryline. Puis l’amour, Emmanuelle. Les années passent encore, et puis un soir je reçois une lettre bleue écrite à l’encre noire. Elle est signée par Valerie, elle m’a retrouvé. Deux ans plus tard, nous nous ne sommes revus qu’une fois mais elle me demande d’être son témoin, je dis oui.

Souvenir...
Notre première fois, c’était le début de l’hiver, nous sortions de soirée. Je montais les escaliers, elle me précédait et faisait rouler ses hanches. J’étais comme hypnotisé par le va et vient. Elle me prenait par la main, me conduisait dans sa chambre. Il y avait un martelât à même le sol. La pièce était très froide, elle m’asseyait et sans me retirer le haut dénoua ma ceinture. Je fis un mouvement de recul quand la boucle me toucha le ventre, elle était congelée. Elle dû croire que ce fut a cause d’elle et souris, retira ma montre et mes lunettes, m’embrassa le long du cou. Et allongé, nu, je frissonnais à chacun de ses doigts glacés sur mon corps brulant. Pire, la chaine autour de son cou, me faisait me tordre dans tous les sens quand elle me frôlait. Elle devait me prendre pour un hyper sensible, j’avais toute la peau en érection, elle sur moi et ce pendentif gelé qui me rendait fou. Il semble que nos corps se sont souvenus de cette nuit durant toute notre relation, du bruit de cette montre qui se dégrafe à l’étalement des ses cheveux sur l’oreiller. De ses croissants au réveil, de cette façon de me tenir les mains pour les regarder et cette cigarette de rage quand je partais.

Souvenir...
Je n’ai plus de nouvelles depuis des mois, elle me manque. Il me manque quelqu’un a qui parler, j’ai croisé une fille au sourire surréaliste, plus tard, bien plus tard je saurais qu’elle se nomme Déborah. Elle ne m’a pas remarqué. Je n’étais qu’un parmi tant d’autres autour, et quand la nuit s’est achevé, quand je n’ai pas eut le courage d’aller lui parler, elle est partie avec un autre. C’était hier, et depuis je ne pense qu’a Valerie. A ma place, elle y serait allée, elle. Elle aurait affronté les regards, la possibilité de l’échec et aurait atteint son but. Elle, elle l’aurait eut. J’ai pris le micro, j’ai lancé le sample et me suis mis à raper en impro:

Il fait si chaud aujourd’hui, trop chaud pour un enterrement
Pourtant j’enterre ma raison tu me manques tant
Tant de temps et passé et pourtant je ressens encore l’empreinte de ton corps

Prisonnier du souvenir, c’est avec moi que tu voulais vieillir
Mais ton amour trop fort m’a fait te fuir

Tu sais, plus rien n’est comme avant, même les sirènes ne m’envoutent plus de leurs chants
Blasé de tout, mon âge défile comme le vent et j’ai peine a m’imaginer dans dix ans
J’écoute toujours les vieux slows d’R Kelly mais je n’ai plus personne à aimer sur SexMe
Overdose, même le sexe ne me satisfait plus
On a passé tant de nuits à danser qu’on n’a pas vu le temps passer

Tu me manques encore plus que je ne me manque à moi-même
A chacun son collier de peines, j’ai tant fermé les yeux, tourné la tête quand tu disais je t’aime


Souvenir...
Je suis sur le quai de la gare, j’attends ce train qui est encore en retard. Le téléphone sonne. Valerie est dans sa voiture a des kilomètres de la.
- Je suis devant chez mon psy
- Ca va ?
- Ca fait des mois que je suis en thérapie…
- Et…
- Je ne lui ai jamais parlé de toi
- Tu triches, ce n’est pas nouveau. Apres toi c’est lui qui finira en thérapie
Rires.
- Comment vas-tu ? tu ne m’as pas répondu…
- Bien…
- Oui, comment vas-tu ?
- Bien je te dis
- Ok mais comment vas-tu ?
- Comme une fille qui va chez son psy sachant très bien ce qui ne va pas.
- Et…
- Je suis pas heureuse. Tu me manques
- Mon train arrive, je te laisse…
Rires.
- Arrête, tu as un mari génial, un gamin qui…heu…bon on oublie le gamin. Tout va bien non ?
- Oui, c’est vrai j’ai un mari génial, j’ai ma maison, de l’argent, des amis…je suis juste vide.... sinon ! toi ca va ?
- …oui, tout va bien.
Le train arrive. Je le prends, on raccroche. Je rentre chez moi. Emmanuelle dors dans le salon, j’ai envie de la réveiller. De lui parler. Je remets la couverture sur ses pieds. Je rentre dans mon bureau, allume l’ordinateur et lance Football Manager. Je ne pense plus à rien, je regarde des ronds bleus courir autour d’un rond blanc poursuivis par des ronds rouges tandis qu’un texte en dessous s’enflamme à coup de « Poteau !!! La frappe de York vient de heurter le montant droit de Seaman. Arsenal tient encore dans ces dernières minutes du match ». Il est 22h, la porte du bureau s’ouvre, Emmanuelle se frotte les yeux.
- Pourquoi tu ne m’as pas réveillée ?
- Tu dormais comme un bébé…après je n’ai pas vu l’heure

Souvenir...Mercredi, 1er Septembre 2010
Valerie me Ping sur Facebook. On discute de nos vies. On a vieillit, on constate que nos rêves ne se sont pas réalisés, elle me demande comment on fait pour savoir qu’on a fait les bons choix. Nos choix ont été ce qu’ils ont étés, ils nous ont construits, je les regrette tous et n’en regrette aucun. Je suis un puzzle, certaines de mes pièces ne s’emboîtent pas avec les autres. Certaines autres pièces ont été égarés je ne sais où. Mais ce puzzle complet, même si je n’en connais pas l’image finale est fait de parts de mon cœur. Il m’a guidé toute ma vie au détriment de ma raison et des fils des Nornes, je suis comme cette pièce de 5Francs, je tombe du coté cœur.


END


PS: Pardon pour ses semaines, mois sans nouvelles. Ce blog tout comme moi est un Phénix, il renaitra toujours quand il aura fini de se consumer

vendredi 8 janvier 2010

Love as a coin flip, Part III

Le temps était orageux, enfin sans doute aurais-je voulu qu’il le soit. Sans doute dans ma mémoire, associer les instants de pluie aux instants importants, tragiques permets d’augmenter la tension dramatique. J’imagine le plan sous un air mélancolique, la voix jazz rocailleuse de Cassandra Wilson, l’air empli de la fumée d’un cigare ayant une marque de rouge à lèvres sur sa bague. Action ! crie le metteur en scène, et le personnage principal courbe le dos pour pénétrer dans un lounge de Saint Michel, perle cachée sous les voutes d’un Paris défunt, de cette époque où nous ne faisions plus qu’un. Il s’assoit au bar, commande un ‘Old Fashioned’, le barman s’exécute. La musique s’arrête, elle entre. Je suis le scénariste donc elle est trempée par l’averse, passe une main dans ses cheveux. Traveling avant. Les gouttes coulent le long de ses joues telle de grosses larmes, c’est pratique la pluie. Elle dépose son impair sur un tabouret, pose un baiser sur le héros, lui annonce qu’elle va se sécher un peu. Il commande un second verre, qu’il descend aussitôt. Elle réapparait, cheveux attachés, maquillage épongé, commande un Mai Tai, un cocktail pour homme. Elle porte une courte robe noire avec un peu de dentelle sur le décolleté et sur les bras, elle sourit. Il la regarde.
- Je sais que tout est fini, mais…
- Oui…
- Mais j’essaierais encore…
- Non,…tu vas vivre autre chose, en aimer un autre, avoir la maison avec la barrière blanche
- Peut être mais quand bien même, j’essaierais encore… Je ne serais jamais guérit de toi
- …tu racontes n’importes quoi
- J’ai envie de t’embrasser…
- Moi aussi
Il finissait son verre. Pris son cou entre ses mains, sera doucement et posa ses lèvres sur les siennes. Elle laissa couler quelques larmes, il serra dans ses bras. Le silence. Plus rien n’existe autour. Et puis la porte s’ouvre, un vent froid entre dans la pièce, dehors la pluie tombe en trombe. Un homme sur le palier secoue son parapluie. Il entre, elle se décolle. Le héros regarde, et il sait. C’était le dernier baiser.

Je me réveille, tout ca n’était qu’un rêve. Un scenario sorti de mon hippocampe. J’ai rendez vous avec Valérie pour pique niquer, une idée à la con, je n’aime pas ca, mais elle a insisté me disant que je ne regretterais pas cet incursion dans la nature. Je passe une heure à chanter du R-Kelly sous la douche, une heure dans ma voiture jusqu'à chez elle, puis une heure dans la voiture jusqu'à je ne sais ou, un coin désert dans un pré abrité par de grands arbres. On s’installe, je m’attends à voir débarquer Robin des Bois mais rien, nous sommes seuls. Je n’arrête pas de me plaindre, l’herbe est humide, il y a des moucherons, le sandwich est fade. Elle me renverse et s’assied sur moi.
- Je ne t’embrasse plus jusqu'à ce que tu me dises que t’es content d’être la avec moi
- Je suis content d’être la avec toi
- Tu mens !!
- De nous deux, la personne qui ment le plus c’est toi
- Oui…et alors
- Oui ??
Je la poussais du bras…Comment ca : oui ?
- Ca va…rien…
- Quoi rien ? Tu mens sur quoi ?
- Rien…
Elle allumait une cigarette. Je la saisi dans ma main, pour l’écraser.
- Mais qu’est ce qui te prend ? tout ca c’est pour toi…. Tout ce que je fais c’est à cause de toi
- Tu fais quoi ?
- Tu m’as détruit mon cœur sur une piste de danse. J’essaie de m’évader de toi mais je n’y arrive pas. J’ai essayé, je me suis abandonnée…
- Quoi ?
- J’ai couche avec Dom
- Albator ?
- C’est que du sexe, mon cœur est à toi…
- Et c’est moi le fou !
- Je ne peux pas être seule, quand t’es pas la, j’arrive plus…
- Mais merde…tu te rends compte de ce que tu dis

La discussion dura un moment, sans intérêt. Je savais déjà tout ce qu’elle me disait. Tous ses reproches. Mon départ en Espagne avec Luc, notre séparation sur la piste du Kio, mes sorties nocturnes avec Freddy, l’incompréhension des gens biens sur notre relation décalée, etc. Je savais déjà tout ca, je lui avais déjà pardonné mon clone défectueux qu’elle avait trouvé je ne sais ou pendant notre rupture. Mais pas le borgne du clip de Fabe, ce parasite de la nuit, danseur au corps sculpté dans le jais, gravitant autour des stars naissantes comme Hasheem ou les Afrodisiak. L’idée m’était insupportable, je le revoyais nous saluer à l’entrée de la boite de nuit le samedi et se la taper le lundi, j’avais envie de vomir. Elle se mit à parler de jeu, d’une partie qu’elle jouait pour oublier ses sentiments, des démons qui l’habitait depuis ce slow, par ma faute.

Le chemin du retour fut tendu, je ne décoinçais pas les dents. Je me sentais sale. Elle regardait par la fenêtre, l’orage grondait. Je montais par le petit escalier délabré qui menait jusqu'à son appartement, et à peine assis dans le canapé posait milles questions. Elle tournait autour, comme un papillon autour d’une ampoule, sans cesse voulant se rapprocher malgré la température, sans cesse repoussé par son instinct jusqu'à finalement y perdre ses ailes dans l’extase d’un ultime assaut. Elle semblait encore animée de vie, le cendrier plein, les yeux rougis. Je ne ressentais rien. Je me grattais nerveusement les cuisses comme quand enfant j’étais stressé. Je ne ressentais rien et je m’en voulais. L’air était irrespirable, trop de cigarettes jonchaient demi consumées sur la table basse. Je pris congé, de toutes les façons je n’entendais déjà plus ce qu’elle me disait depuis longtemps.

Je pris la route de chez Marie, une ex. Il y avait une fête dans le village. Un espèce de bal musette ridicule où mémé et pépé du trou du cul du monde bourgeois de Seine et Marne se rendent après la messe jusqu’au diner de 19h pour jouer au Bingo et fredonner des airs perdus interprétés par un sosie de Joe Dassin. Elle fit un bond en me voyant et courra jusqu'à moi. Elle me serra fort dans ses bras. Comment avait-elle deviné que c’est ce qu’il me fallait ? Son amie, une rouquine aux longs cheveux bouclés et au piercing sur le nombril me tira par le bras. Je me retrouvais parmi une dizaine de filles toute plus boutonneuses les unes que les autres, on aurait dit un casting pub pour Clearasil. Une fille dépassaient les autres de deux tètes, mais elle discutait avec le black du coin, je ne voyais pas sa tête cachée dans sa chevelure blonde. Je m’assois sur un banc, et discute avec Marie. La blonde se mets en face de moi. Un choc. Elle avait un visage parfait, incroyable. J’étais bloqué.
-Vas y…réveille toi !!
- heu…mais c’est qui ca ?
- Carolina…t’es pas très original, tout le village est amoureux d’elle-même mon frère…

Elle avait entendu, elle me souriait. Je voulais me cacher.
- Allez ! rêves pas…Elle n’est pas pour toi…elle fait mannequin, y’a déjà une loooongue liste d’attente
- Mais je ne veux pas être sur la liste… Je ne suis pas libre…enfin, je sais pas, je sais plus rien
La nuit tomba. Les vieux rentraient réchauffer leurs soupes, j’étais toujours sur mon banc, une gaufre à la main, la tête de la copine rousse sur ma cuisse, elle dormait. Carolina s’approcha.
- T’as l’air…perdu
- Non…Oui….Peut être….et toi ?
- Heu…moi ca va. Elle riait
- Tu sais que tu complexes toutes les filles qui sont dans ce village ?
- C’est la faute de ma sœur…elle est parfaite, moi j’essaie de suivre…mes parents me rendent la vie impossible... je m’en fout de les complexer, je bosse tout les jours pour ca…ma mère pense qu’on est des caniches de compétition, j’en peu plus des concours de miss machin…je ne sais même pas pourquoi je te dis ca ?
- Parce que j’ai l’air perdu..mais de toutes les façons, les gens passent leurs temps à me raconter leurs vies…je dois avoir la tête pour ca
- T’appelle comment ?
- Patrick
- Caro et surtout, surtout me sort pas la chanson de l’autre où je pars direct


Les heures passèrent. J’étais toujours la, une tête rousse sur une cuisse, une tête blonde sur l’autre. Un type en panique en face de moi hurlait. Je le regardais sans réagir. Il hurlait de plus belle. C’était le père de Carolina, il cherchait sa fille depuis un moment, elle n’était pas rentrée. La rousse se réveilla en panique aussi, elle parti en courant, regardant sa montre. Caro se leva et hurla de plus belle. Je ne savais pas ce que je foutais la, le type me pris par le col et me gifla. Carolina le poussa, elle pleurait. Je ne sentais rien, j’étais toujours vide. Le père tira sa fille par le bras, elle s’accrochait au mien. Il avança sur moi pour me gifler à nouveau, il se retrouva par terre. Je ne sais pas ce que je lui avais fait. Carolina le releva. Ce fut enfin le silence. Ils partirent. Je marchais jusqu’ a ma voiture, j’avais du sang sur la chemise, sur les mains. Je cherchais une coupure, mais rien, ce n’était pas le mien.
Je me levais tard, il était lundi. J’attendais 15h, sachant que Valérie avait fini son boulot et l’appelait.
- On se quitte…
- Pourquoi ?
- Normalement, ca se passe comme ca…
- Depuis quand on fait les choses normalement ? D’ailleurs on est ensemble ?
- On se quitte pas parce qu’on est pas ensemble, c’est ca ?
- …
- On est quoi alors ?
- Deux handicapés de l’amour…Mon cœur est unijambiste sans toi
Ouais mais pas ton cul, pensais-je en silence.

Notre histoire continua sans questions, machinalement. Elle m’avait moi et Dom, puis d’autres gars qui tournaient de ci de la sans que je sache ce qu’ils foutaient la et si leurs relations étaient physiques. Je ne demandais plus rien, j’avais tout les droits sauf ca…
Un soir, Julie et Valérie sonnèrent chez moi, je ne m’y attendais pas. Elles voulaient rendre visite à Chris dans sa résidence universitaire, Julie avait décidé de se donner à lui. Drôle d’idée. Je ne comprenais pas bien, je crois qu’elles voulaient avoir un truc qui les liait comme si les deux copines avec les deux copains aurait arrangé les choses, resserré les liens. Mais Chris malgré tout les appels du pied ne voyait rien ce soir la, il était désespérant, il n’y pensait même pas. Julie était la sœur de Mélanie, on avait été en cours avec Mélanie…L’idée ne l’aurait même pas effleurée et je le savais, mon pote était un bon vieux sentimental qui passait ses midis à regarder Dallas, son personnage c’était Bobby, pas JR. Dans la vieille Polo rouge de Valérie, sur le retour, on se mit à parler de triolisme…mais ce fut juste des mots.
Le weekend suivant, Val, Julie et moi on sortit en boite et quand a 4h du mat Val dû aller travailler. Je décidais de dormir chez Julie à leur grande surprise. Je me retrouvais donc dans sa chambre, chez ses parents, sa sœur, mon ancienne camarade de classe dormant à l’étage, dans son lit une place. Il ne se passa rien. Mais ca eut l’effet d’une bombe le matin.
Entre la tête de la famille qui me connaissait, celle de sa sœur. C’était grandiose, un opéra.
Cet épisode fit Valerie changer sa façon de voir, fini Dom, fini le pauvre type projectionniste à Bondy…En tout cas, je n’en entendait plus parler, mais une banale discussion fit ressortir toutes ses peurs et on se sépara pour de bon. Elle me demanda ce qui se serait passé ce soir la si Julie avait été moins loyale en amitié, je lui répondis franchement.

Les semaines passèrent. Je trouvais une excuse pour aller me balader du coté de Fontainebleau et après avoir fait toute les rues de la ville comme un abruti, je croisais Carolina. A peine sorti de la voiture, on s’embrassa. J’étais le plus heureux des gars de la planete aux bras de cette fille. Elle était incroyablement belle. C’était surréaliste. Je gonflais d’orgueil, je l’escortais à Paris pour des séances photos Elite ou Vogue, je me sentais comme Pretty Woman. Mais petit a petit, je lui fis vivre un enfer, j’étais jaloux a en être malade. Je voulais tout le temps savoir ou elle était, ce qu’elle faisait, avec qui, jusqu'à quand. J’étais odieux. J’avais perdu toute clémence, ce que Valérie m’avait pris c’était ca, je ne pouvais plus faire confiance. Quand un type lui demandait l’heure, j’avais envie de le frapper. Je ne voulais plus sortir dans la rue avec elle, je la gardais cachée, j’étais devenu fou. Je devenais malade quand elle partait en train de chez moi, quand elle posait pour des photos, quand elle parlait avec des types de ses cours…un vrai psychopathe. J’en étais à ne pas dormir et ne plus manger quand elle était a Londres pour des shootings. Quand elle m’annonça qu’elle partait faire son année d’étude à Londres, je fus soulagé, je n’en pouvais plus. Elle m’avait vidé. On se séparait. Peu après, j’appris avant "Fan de" par un coup de fil de sa soeur qu’elle était avec le chanteur bellâtre Peter André…Aujourd’hui je me demande ce qu’elle est devenu…cette fille trop parfaite.

Quelques mois plus tard, Frédérique me proposait d’aller voir Tribal Jam en concert. J’alertais Chris et sa copine Caroline (quel copieur celui la) et on se retrouvait sous un chapiteau à Fontainebleau. Dans la queue, une fille derrière me mis la main sur le foie en disant « Salut, Toi ». Je me retournais, c’était Valérie.

-A suivre-

jeudi 26 novembre 2009

In the rain

Interlude

Les mails urgents s’accumulent dans ma boite, sur le bureau une pile de notes de frais à viser, des présentations à valider, un planning à définir…je n’ai d’appétence en rien. J’écris tous les jours dans ma tête des pages et des pages de ce blog, vous ne les lirez jamais, au mieux quelques échardes coincées entre mes doigts s’épancheront en numériques. Je passerais bien mes textes dans un décodeur hexadécimal pour voir s’ils se codent avec plus de 0 que de 1. Cela serait un juste reflet, le miroir ASCII de ma vie. Le lecteur mettrait ma mémoire dans le logiciel et naviguerait d’offset en offset sur les épisodes ayant quelques intérêts. Vous seriez assis dans votre canapé, un verre à la main et un bol de pop corn sur les genoux pour regarder la diffusion du jour sans coupure pub, la vie dissolue d’un être inconstant. Mes amis, acteurs malgré eux, aurait pu voir les coulisses des événements qu’ils ont vécus, mes anciennes muses auraient vu a travers mes yeux toute la tendresse maladroite et sincère des mes actes manqués. Peut être auriez vous compris ce que mes mots ne pourront jamais transcrire, faute de talent. Mais comment décrire des odeurs, comment décrire le frisson du dernier baiser que l’on pose avant de partir à jamais, comment décrire le cœur sur le point d’exploser trop plein de peine, d’angoisse, comment décrire la perdition d’une âme, comment décrire l’amour.
Dans le film ‘Under the Cherry Moon’ de/avec Prince, sa conquête lui pose sans cesse la même question ‘Do you love me ?’ et sans cesse il a la même réponse ‘Define love’…Define love, c’est un peu l’objet de ce blog, un objet d’une ambition insensé, donner une couleur à l’invisible.

Dès le début de ce blog j’ai averti que la linéarité des événements ne serait pas possible, que nous allions jongler d’une archive de ma vie à une autre, puis revenir. Suivant cette absence de logique chronologique, je quitte un moment l’histoire de Valérie (nous y reviendrons miss, nous y reviendrons), pour vous raconter autre chose.

Un jour de pluie

J’étais à Bucarest. Je venais d’arriver dans la ville en ce dimanche pluvieux. Mon hôtel était situé un peu loin du centre et bien qu’ayant tenté une longue balade à pied pour me rendre sur les axes principaux, j’en étais encore loin. Ma carte de la ville était trempée, je ne savais pas plus trop où j’étais. Je me mis à un arrêt de bus et commençait à discuter avec une vieille roumaine qui parlait français. Souvent ce genre de chose m’arrive, je me retrouve au milieu de nulle part et je tape la discute avec des gens qui se demandent ce que je fais la. Je dois avoir la tète d’un type qui n’est pas du coin mais qui est super sympa, car les gens viennent systématiquement vers moi. Elle avait un peu de mal en français car elle ne pratiquait pas depuis longtemps mais elle comprenait assez bien, je lui proposais de l’avancer en taxi au centre ville si elle négociait le prix et indiquait au chauffeur où aller.
Je me retrouvais sur Piata Victoriei, nexus des boulevards majeurs et pouvait découvrir la ville. Au bout de deux heures de marche, totalement affamé, épuisé et à nouveau perdu je cherchais un lieu de restauration quand l’averse se fut plus violente. Je rentrais dans un café de type Coffee House comme on en trouve en Russie, non loin du palais monstrueux de l’ancien dictateur local.

J’étais trempé, je me fis comprendre plus ou moins par le serveur et allait me sécher au toilettes. Dans le couloir menant aux toilettes, je tombais face à une jeune blonde. Je tentais de passer par la droite, elle tentait de même de son cote, je changeais, elle aussi, on se mit à rire. Je m’écartais et la laissait passer. Je me séchais les cheveux, essuyait mes lunettes et retournais voir le serveur. Je prenais un grand capuccino et un énorme muffin au chocolat et m’assied sur la table contre le mur. Au bout de dix minutes, j’étais congelé, la table était collée contre une bouche d’aération qui envoyait de l’air froid sur mes jambes. Je me retournais et voyait le canapé libre. Je m’y installais. La fille blonde arriva, un peu gênée. Elle me dit une phrase en roumain et je lui rendis un sourire niais en réponse. Elle se mit à rire.
- I…was…in toilet…
- Hum….again ?

Elle riait.
- This…my place
- Oh…sorry, thought it was free
- Ok ok stay…big place…me here

Elle me montrait du doigt l’autre extrémité du canapé. Je ne comprenais pas trop alors je me levais pour aller de l’autre coté du canapé et lui rendre sa place. Elle me stoppa d’une main sur ma poitrine.
- No…me here
Je suis un peu réfractaire aux contacts physiques entre non-intimes, et sa main sur ma poitrine était comme une violation de mon espace personnel. Je regardais sa main, elle le remarqua.
- Ah…sorry…sorry
- No it’s me, bad reflex…I’m just...
- Sorry …
Elle retirait sa main
Je lui repris la main. Elle se mit à rougir et baissa la tête dans sa longue chevelure blonde. Je ne voyais plus son visage
- Now, I feel terrible lui dis-je
- You…funny !
Je me mis à rire, m’écartant pour qu’elle puisse s’asseoir. Elle ne disait plus un mot, moi non plus. Je mangeais mon muffin. Notre regard se croisait de temps à autre, furtivement, on se souriait. Et puis elle se leva à nouveau pour aller aux toilettes.
- Again ?!!!!!
Elle était toute rouge, je remarquais pour la première fois ses yeux verts. Elle laissa échapper une onomatopée ou peut être un mot dans sa langue auquel je répondis par un OK ! Elle me regarda fixement pendant 20s, je ne savais pas trop quoi faire, je la regardais aussi.
- What…you …do…here ?
Et par cette simple phrase débuta une conversation qui dura plus d’une heure, pleine de sourires, ouverte sur les choses de la vie avec une candeur infinie…Je regardais ses mains dessiner des cercles dans le vide quand elle cherchait ses mots, ses joues remonter quand je la taquinais, je regardais son visage parfait peindre en encre psychédélique des papillons dans l’air quand je tentais de dire son prénom d’origine slovaque: Kwetuzka. Je me sentais comme ivre d’elle.
Elle regarda son portable. Et me pris la main.
- We go…
- Where ?
- …Walk
- It’s raining !
- …We go…

Je n’avais pas trop le choix. Je la suivais dans la rue sous la bruine. On marchait sans rien dire, elle me tenait toujours la main. On faisait le tour de l’immense bâtisse de Ceausescu. Et à la lumière d’un lampadaire, elle s’arrêta et me serra contre elle, tête sur mon épaule. On resta la un temps qui me sembla être une éternité. Je fermais les yeux dans ce no man's land temporel.
Quand je les ouvris, elle apposait sur ma joue un baiser et entrait dans un taxi. Je ne l’ai jamais revu, nous n'avons pas échangés nos numéros.

Je n’eut pas le temps d’y penser, mes journées de travail étaient longues, je pris l’avion deux jours plus tard, rentrait chez moi me changer et partait en séminaire en campagne.
Dans ma voiture, au retour du seminaire, je commençais à me poser des questions.
Est-ce que j’aurais franchit le cap si elle était resté plus longtemps avec moi ? Est-ce que seulement j’aurais voulu poser mes lèvres contre les siennes pour savoir ce que cela faisait ? Est-ce que ma vie sentimentale partait en vrille? Étais-je encore amoureux de la fille qui partageait ma vie ? Est-ce que je n’étais pas un amoureux de l’amour ? Un cœur d’adolescente acnéique battait-il sous ma poitrine ?

Je suis entré chez moi, Emmanuelle dormait sur le canapé, il était 20h. Je la regardais un moment sans rien dire, puis je la réveillais. Je voulais lui dire combien je tenais à elle, je voulais lui raconter cette histoire. Elle s’est levé la tête embuée, m’a regardé et sa première phrase fut a propos de moisissures dans la chambre, puis elle enchaina sur un mal de ventre, puis sur autre chose. J’étais à genoux a coté d’elle assise en boule sur le canapé. Je la regardais sans rien dire, je n’écoutais pas vraiment ce qu’elle disait. Elle me posa une question, je répondis oui, machinalement. Elle se leva et partit aux toilettes.
Je me retrouvais seul, assis dans la pénombre. Je ne pouvais pas lui parler. J’avais envie de hurler, la réponse a toutes les questions que je me posais plus tôt sur la route était ce simple oui que je venais de murmurer. Je me sentais mal, je n’avais rien fait mais cet instant avait comme déclenché un raz de marée en moi car l’espace d’un instant je m’étais senti en vie. En vie ! Je ne savais même pas que j’étais comme mort, je ne savais pas que notre histoire était entrain de mourir sans bruit tenue sous respiration artificielle par nos sentiments encore si forts mais si vains face au quotidien. Je ne pouvais pas lui parler, et ce simple fait était comme une grenade dans notre lit. Est-ce une utopie de vouloir partager toutes ses pensées, toutes les moments que l’on vit, en bien ou en mal avec la personne qui nous accompagne ? Est-ce que nous pouvons encore vivre ensemble sans se parler, sans évoquer nos doutes et nos blessures ? Trop souvent les relations se construisent sur la négation du moi d’un des deux partenaires, il s’efface par amour car l’autre a besoin de place et quand cet autre prends toute la place que reste-il ? Si je te parle tu ne dormiras plus, si je ne te parle pas je ne dormirais plus, quel jeu futile. Ne devions nous pas être UN ? Pourquoi ne me connais tu pas apres tout ce temps?

Ce soir la, j’ai pris la décision de sauver notre vie, je n’ai pas réussi mais cela est une autre histoire.

mardi 1 septembre 2009

Love as a coin flip, Part II

Nous étions à l’Antares, Chris et moi, une boite de nuit du coté de Meaux.
Nous étions arrivés tôt pour être surs de rentrer et petit à petit j’avais observé le bal des débutantes sur fond de parades nuptiales des paons autour. Tout ce petit monde qui jouait à se rapprocher, s’éloigner, se toucher, s’écarter, s’éviter, se lier, le tout comme des fourmis dans un reportage animalier. Semblant déambuler sans véritable but et pourtant œuvrant pour une cause commune, la survie de l’espèce. Car tout cela n’est rien d’autre qu’un trou d’insectes évolués qui apprennent les codes rudimentaires des relations humaines. Puis l’insecte mue en mammifère, car bien souvent les males tournent autour d’une seule femelle, éructants, narines ouvertes et torses bombés. Ils forment un cercle pour empêcher la fuite de la proie, attendent l’angle mort pour s’approcher et la saisir par les hanches comme pour lui intimer le futur accouplement. Elle se débat souvent, tournant la tète, écartant les bras, le male n’est pas dominant, c’est la femelle qui choisi, toujours. Elle filtre les phéromones. Et puis, il y en a une qui se laisse faire, lascive, elle colle son postérieur sur son male, et ondoie. Il suit ses vibrations corporelles, mimer ses mouvements en résonnance de leurs âmes, je suis ton double semble écrire leurs corps dans l’espace, le rythme de nos cœurs se cale sur celui qui ne fait pas de fausse note dans notre mélodie. Elle se retourne mais déjà ils savent, il doit raccourcir la distance, l’enivrer de son parfum car c’est a cet instant que son odeur est la plus corrosive, l’heure ou la différence se fait, avant que le balancier des poitrines n’agisse plus en pendule d’hypnotiseur, que le charme s’estompe et laisse place au réel. Il doit porter l’estocade. Il ne doit pas parler mais presque tous font l’erreur, les cognitifs qui s’ignorent veulent conclure par la voix, ceux qui ont l’instinct animal dévorent leur proie sans un mot à cet instant la, car qu’elle le veuille ou non sa tète n’a pas fait la connexion, son corps agira seul comme par magie…nous ne sommes rien de plus que des animaux. Des animaux évolués. Et ceux qui ont fait le choix d’utiliser leurs mots ont par cela reconnectés le cerveau de leur victime, ils n’ont plus qu’à faire confiance en leurs odds, cela n’est plus qu’une histoire de pile ou face.

J’ai passé tant de temps à écumer les boites de nuit de la région parisienne que je connais les codes comme un pianiste le solfège, ce n’est pas cette connaissance qui lui permet d’être bon mais elle lui trace la route. Et je me suis rendu compte que bien que je n’utilise jamais cette faculté, je savais avec une marge d’erreur maximale de 10%, en entrant dans une pièce au bout de 15mn qui était disponible, qui finirait avec qui, qui finirait avec n’importe qui, qui craquerait sans le savoir a la deuxième ou troisième tentative, défenses usées par l’érosion due aux attaques nuptiales, qui était triste, qui trichait,…Parfois je m’amusais a rêver que j’étais Dieu sur son nuage, contemplant les hommes qui pensaient jouer de leur libre arbitre, quelle mascarade ! A peine posent-ils le pied sur la piste que les jeux sont faits. Des pantins, nous ne sommes que des pantins évolués. Nos fils se croisent et se délient, nous font bouger la tète et les membres, des semblants de conversation fusent du bout de nos lèvres desséchés que seul le baiser de l’autre peut hydrater. Et la beauté de tout ca ? La beauté de cet insecte-animal-pantin qu’est le genre humain ? Il s’accroche a sa liberté de mouvement, se débat pour être surprenant, se hisse sur le fil porteur pour le couper et hurler au marionnettiste « je suis », il fonce dans le troupeau pour courtiser d’autres femelles voire d’autres males, se relève après ses échecs, s’enfuie de la fourmilière…Nous aspirons tant à notre liberté, nous aspirons tant a ne pas la vivre seuls, nous aspirons tant a être uniques, nous aspirons tant trouver notre miroir, cette maudite âme sœur, nous ne sommes que contradiction et par cela… Par cela, nous « sommes ».

Nous étions à l’Antares, Chris et moi. Il devait être deux heures du matin, je regardais du balcon les jeux de l’amour et du hasard sur la piste, tout ce marivaudage adolescent. Une main me pressa la fesse droite, je me retournais. C’était Valérie.
- Bonsoir TOI
- Wow ! Qu’est-ce que tu fais la ?
- La ? La, je te plote ton joli petit cul.

Sa main était toujours sur ma fesse droite. Elle me faisait un énorme sourire. Nous n’étions plus ensemble depuis quelques temps, je ne l’avais pas vue depuis presque qu’un mois mais on s’appelait souvent.
- Tu es sacrement loin de chez toi !
- Tu peux parler toi ! Monsieur je fais des kilomètres pour ne pas croiser des gens que je connais
-Arrête ! Je ne te fuis pas…
- De toutes les façons tu ne peux pas t’enfuir de moi, tu m’as pour la vie sur le dos

J’avais envie de la prendre dans mes bras, de lui dire qu’elle était folle et que sa folie me rendait fou mais cela ne servait a rien. Elle l’avait déjà compris, elle me prit la main.
Le monde me fatiguait, je connaissais le début de tout, la fin de tout. Je regardais un film et je désespérais de me sentir si désintéressé par sa trame, je désertais mes cours car tout était écris dans le bouquin, je déprimais d’une vie ou rien de neuf ne pouvait m’arriver. Je me languissais de chaos quand tout était en ordre et savait trop facilement rétablir l’ordre dans le chaos. J’étais en pleine introspection existencielle, mais elle, elle était impossible à prévoir. Elle était comme un anachronisme dans le scénario parfais de ma vie, comme une pierre dans la chaussure qu’on ne retire pas car la douleur qu’elle inflige nous rappelle qu’on ressent quelque chose, nous rappelle qu’on vit. Elle était la, a des kilomètres de chez elle, pour moi, ne sachant pas si j’y serais, comme si elle avait encore lancé une pièce de cinq Francs et m’avait encore gagné.

Et pourtant, quelques mois plus tôt.

La piste métallique circulaire du Kio tournait lentement au rythme des tubes du moment, un Cap’ Hollywood ou un Doc Alban, j’étais sur un canapé avec Valérie. Avachi par cette musique de masse. Il ne se passait rien, tout allait bien entre nous, elle était juste calmement collée sur mon bras. Il était trois heures du matin et DJ Boris coupa en plein milieu du morceau « All that she wants » et nous infligea un quart d’heure de slow. Je pris ma compagne par la main et avançait vers la piste, Toni Braxton criait son amour secret pour moi (mais ca, je suis le seul à le savoir) et nous faisions de petits cercles imparfaits sur la piste. Le DJ toujours aussi mauvais rata la transition vers le morceau suivant, les Boyz II Men en duo avec Mariah Carey, j’aimais beaucoup la mélodie. Tout était bien, tout était parfait. J’approchais mes lèvres de l’oreille de Valérie et lui dit :
- C’est notre dernier slow
- Quoi ?
- J’ai envie de finir sur celui la, comme ca tout est beau jusqu'à la fin, on ne garde que des beaux souvenirs
- C’est une blague ? T’es fou ?
- Non, je veux vraiment finir sur cet instant, c’est parfait
- Non mais t’es sérieux ! Qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que j’ai fait ?
- Rien…justement, on ne garde que de bons souvenirs, on évite tout ce qui rendra notre histoire comme celle des autres, un ramassis de photos jaunies par les larmes et le ressentiment… tu resteras a jamais comme…
- Arrête ! t’es débile…
- Non crois moi c’est mieux
- Putain mais t’es sérieux !!
Elle s’éloigna, je tentais de l’attraper par le bras, elle m’écarta et parti…fin du slow

Nous étions donc à l’Antares, Chris, Valérie et moi.
J’étais le chauffeur de Chris, elle nous invita à dormir chez elle. Chris dormis dans le salon, moi dans la chambre, une des nuits les plus sensuelles de mon existence, mains sur la bouche de Valérie pour éteindre ses cris. Elle nous réveilla vers midi avec les croissants à peine sortis du four de la boulangerie de ses parents. Et dans la voiture, sur le chemin du retour, Chris me dit :
- J’ai dormi comme une masse j’étais défoncé
Je ne sais pas si il me dit cela par pudeur pour me rassurer, m’indiquer de ne pas être gêné par ma nuit ou si c’était vrai.
- Pas moi, je viens juste de compliquer ma vie. Elle a quelqu’un…
- C’est mort pour lui! Je suis content quand je vous vois ensemble. Tout est bien.
- Quoi ?
- Je suis content pour toi.

Chris m’a toujours surpris par sa candeur. Parfois j’avais l’impression d’être avec un gamin totalement fleur bleu, d’un romantisme de série pour adolescente acnéique, mais c’est aussi pour cela que je l’adorais. Sa candeur faisait contre poids à la noirceur de ma vision du monde, a mon pessimisme sur les relations humaines. Il était l’optimiste que je ne pouvais pas être, la personne qui faisait confiance aux autres quand moi je n’étais que défiance et mépris, il était ma part d’humanité, la part en moi qui voulait encore rêver. Ce que certains comme Luc voyait comme de la naïveté chez lui était juste du positivisme poussé à l’extrême…Et si aujourd’hui nous avons grandis, si aujourd’hui la vie s’est chargé de bruler les ailes de ses élans altruistes, de raboter sa candeur, d’éroder ses illusions du monde. Il reste mon phare, la personne qui croit en moi quand même moi je n’y croit plus, un positif forcené. Je ne le remercierais jamais assez pour ça.

A cet instant dans la voiture, j’avais envie de lui dire qu’il se trompait, car je connaissais la suite. Que notre histoire était vouée a l’échec car j’avais cassé quelque chose sur cette piste de danse que rien ne pouvait recoller. Mais j’ai souris comme si je voulais y croire, sa bêtise m’avait contaminé, j’avais oublié le temps d’un trajet mes doutes.

Deux semaines plus tard, nous étions sur le parking de l’Antares, c’était mon anniversaire. Nous chantions accapella le tube de Shai ‘If I ever fall in love ‘ bouteille de champagne à la main, il y avait Daivy aussi. Et Valérie avec son nouvel ex depuis notre comeback surprise. Je regardais ce type et me dis qu’il était la raison de tout ca, sans lui, nous ne serions pas la ensemble. Il n’était qu’une pale imitation de moi, une copie défectueuse, j’avais de la peine pour lui et en même temps je voulais le détruire psychologiquement. Lui montrer, tout ce qu’il ne serait jamais. Je l’avais invité pour ca. Valérie compris et me stoppa, me demandant de ne pas être si vil et bas. J’avais déjà gagné…Ce sentiment en moi ce jour la, me révéla une partie de moi que j’avais jusque la ignorée…le coté obscur jeune Jedi, le coté obscur, prends garde…j’ignorais que Valérie allait révéler bien pire….

A SUIVRE :)

samedi 15 août 2009

Love as a coin flip, Part I

INTERLUDE: 100 jours.
Il était tard en ce soir de Juillet, je sortais du Diwan un restaurant-bar Libanais sur la rue d'Anfa à Casablanca. Un chauffeur de taxi m'approcha me proposant la course. Je déclinais en première intention et mis les écouteurs anti-bruits dans leur loge orale jusqu'à ne plus entendre ses derniers mots. Je cherchais une demi-seconde le dernier album de Joe et pressais la touche -PLAY- de l'Ipod. L'hôtel était à quelques blocs de là, je m'enfonçais dans la nuit. Au bout de quelques mètres, je croisais des filles relativement jeunes au bord du trottoir, arrêtant quelques autos pour une passe. Je baissais la tête et pressais le pas, je ne voulais pas voir leur regards quand je leur dirais non. J'avais chaud, un peu de vertiges, le ventre ballonné. Sans doute avais-je trop mangé, cet excellent homos fort en huile d'olive se mélangeait mal avec les nombreuses tasses de thé et le chicha. Je me retournais, j'avais a peine fait 600m et j'étais déjà essoufflé. Je levais le menton pour prendre un peu d'air, et la lune mi-pleine trônait au dessus de moi, totalement dégagée, si brillante qu'aucune étoile ne parasitait son entourage, et la voix entonnait un refrain: "every breath I take, I take for two". Je posait ma main sur ma jambe droite et vomis ma bile sur la chaussée. Je tremblais. Je m'assied un moment sur le bord de la route.

A ce moment là, je n'avais envie que d'une chose, poser mon visage sur une poitrine et fermer les yeux, écouter un cœur battre, sentir sa chaleur m'envahir jusqu'à ce que je veuille m'enfuir de ses bras. Je me mis à engueuler la lune, tout cela était sa faute si je me sentais si incomplet. Je pris le BlackBerry et écrivis une connerie à Anne sur sa page Facebook, j'attendais quelques minutes une réponse mais...rien, j'étais seul. Je me sentais seul au monde, je me mis à penser à Emmanuelle, la gardienne de ma raison. Chris, Dams ou Luc étaient loin, Lena était loin, ma mère était loin. Je n'avais plus de repère, le jeudi j'étais à Prague, le samedi dans un bar de Slovaquie, le mercredi à Paris et ce jeudi déjà à Casablanca, je n'avais même pas un point fixe matériel auquel me raccrocher. Épuisé, je convertissais la monnaie de couronnes tchèques en dirhams avant de payer mes notes, je répondais en anglais aux types qui me parlaient en français, chaque sourire qui m'étaient dirigés était comme une agression. Ils en voulaient tous à mon argent, chacun avait son argument et me vendait quelque chose, un service, une course, un massage, de la drogue, un repas, du sexe, à boire...Stoooooooop, arrêtez, je vous en supplie mon crane explose! La journée, j'avais répondu aux questions de mes étudiants auditeurs, j'avais fait mon commercial Jedi à l'associé local, et tous leurs faux sourires étaient le reflet du mien, c'était le jeu et je suis le meilleur dans ma partie. Mais le soir, quand le décors s'effaçait, quand le verbe pouvait être vrai, la seule chose que j'espérais, la seule chose que je désirais était que quelqu'un me demande sincèrement si j'allais bien.... Et non, je n'allais pas bien. J'étais assis frissonnant sur un trottoir crade au bord de la route contemplant mon vomi à la lueur d'un astre pale.

Je me levais, rigolant franchement de ma soudaine déchéance et tendit le bras. Un taxi s'arrêta.
- Je vais au Business Hôtel, je te donne 300dh pas un de plus et si tu me saoule je te démonte toi et ta caisse de merde !
- Mais...
- Vas y j'suis malade, me saoule pas j't'ai dit !! je secouais son siège passager...
- Business Hôtel, tout de suite...
3mn plus tard, j'étais devant mon hôtel et lui donnait 500dh en m'excusant. Le portier m'ouvrit la porte et me dit « Bonsoir Monsieur, comment allez vous? ». Je répondis en hochant la tête, et dans l'ascenseur, un larme coula sans que je puisse la retenir. Je pris mon laptop et tenta de me connecter au wifi fantôme de l'étage, mais rien. Je me mis a regarder un épisode de 'Life on Mars US', je me sentais comme le personnage principal...piégé dans un autre monde. Je n'avais pas envie de dormir, je lavais ma face blafarde à l'eau froide et fut pris d'un fou-rire en pensant que je pouvais prétendre sans difficulté à un rôle dans la suite de 'Twilight'. Je descendis, réveilla le portier et une fois dans la rue demandai au taxi de me conduire sur la corniche.

La corniche de Casa est coté plage colonisée par des hôteliers et des restaurateurs et coté terre par des clubs lounges, bars ou boite de nuit qui sont tous accessoirement des repères à putes. Bref, d'un cote les femmes qui profitent, de l'autre celle dont on profite, le tout séparé par une rue a sens unique bondée de taxis. Je me mis face à la mer, les pieds dans le vide. Et réfléchissant sur ma vie, je pris la résolution secrète des 100jours, sans pour autant savoir quand j'allais débuter sa mise en œuvre. Je me sentais mieux, l'air frais de la baie avait éteint les feux qui me consumaient.

Résolution des 100 jours, vendredi 14 Aout, 25 jours sont passés...rien n'a changé et pourtant tout est entrain de changer, le jeu commence à peine.

L'AMOUR A PILE OU FACE

Le long de notre vie, nous avons des relations humaines, certains plus que d’autres, certaines plus importantes que d’autres. Des relations de contact, d’échange commercial, de camaraderie, d’amitié, de travail, sportives, de loisirs, aux hasards de la vie, etc. Certains sont plus doués que les autres pour gérer certains types de relation, mais en général, il y a toujours un mode de communication qui nous convient et ce même si les choses évoluent vers une pluralité des concordances ou vers une prise de conscience tardive. Certaines personnes sont douée pour aller vers les autres, elle sont dé-inhibées, elles nagent naturellement parmi les phrases, se fondent dans la masse et désarment par le naturel de leur décontraction, leur chaleur. D’autres sont plus refermés, plus introvertis, passifs ; il suivent le courant non par timidité, mais par pudeur, par respect envers les autres. Souvent on ne sent leur chaleur que lorsque l’on est collé à eux. Certains oscillent au gré des événements entre les eux extrêmes, plus caméléons, peut être prennent ils le temps d’analyser la situation avant de se livrer, ou peut être qu’ils se taisent parce qu’il ne savent pas mentir. Je suis né du feu (ma mère) et de la glace (mon père) et constamment, je me suis retrouvé bloqué, me demandant quel comportement adopter, que choisir. Et le temps de me décider, le temps était passé, j’avais raté l’instant. Bien souvent ce mauvais timing a été assimilé a une attitude glaciale, de la réserve, et beaucoup se sont brulés en s’approchant trop tranquilles. Les gens se demandaient si je ressentais finalement quelque chose dans les épisodes tumultueux de ma vie, ce que je pouvais bien penser et puis quand ils fermaient les yeux en proie à la douleur, à la peine j’étais celui qui se tenait au dessus de leurs corps recroquevillés. Je parais mais ne suis pas ce que je parais, cette phrase de Iago dans le Othello de Shakespeare me sied parfaitement.

J’étais assis sur son canapé et vraiment je ne sais pas ce que je foutais la. Je n’avais aucune arrière pensée, j’étais juste passé discuter avec elle, passer un peu de temps avec quelqu’un que j’estimais différent. On se connaissait à peine, en fait on ne se connaissait pas vraiment. J'étais curieux, elle était comme un ovni dans mon monde et moi comme un extraterrestre dans le sien. Il faut croire que déjà nous nous complétions, véhicule et passager. Je m'étais garé devant le portail de sa maison, elle avait ouvert la grille. Puis la suivant dans l’escalier montant a son appartement, je n'avais regardé que ses chevilles car j’avais trop peur qu’elle se retourne me me voie fixer son cul. Nous traversions le couloir, la porte de droite était entrouverte, elle menait vers la la salle de bain, les perles de buée sur le miroir et le parfum de shampoing qui émanaient d’elle me confirmait qu’elle venait de se préparer. Les gens font souvent peu de cas de ce type de détails et pourtant par cela je savais que ma venue n'était pas juste un insert dans son emploi du temps, elle s'était organisée autour de ma venue, j'étais l’emploi du temps. Nous avons parlés, de son boulot, de musique, de la vie, de ma philosophie de la vie. Philosophie de la vie....quelle farce! Je n'étais qu'un gamin et elle, c'était une femme. Elle avait déjà été marié, divorcé, mère, amante et notre simple écart de six années semblait être un écart d'une vie. J'étais étudiant, ignorant, caustique et prétentieux. Mais elle avait remarqué que je savais écouter, que je ne trichais pas, que j'observais en silence et que je voyais les détails quand tous se contentaient de l'image d'ensemble, que je voulais toujours savoir comment se construisait les événements de la vie comme un gamin démontant un jouet pour voir comment il fonctionne. On se chamaillait sur le DJ du Beverly Hills, son petit ami, sur l'importance du sexe dans une relation, sur l'importance des sentiments dans le sexe. Je me souviens qu'un de nos sujet de discussion fut sur le timing dans la vie, saisir la chance quand elle se présente. Et puis on parla de notre première rencontre.

Deux mois auparavant.
J'étais devant le Beverly Hills avec Christophe et Hervé son pote de vélo. C'était la seule boite de nuit dans la région qui passait autre chose que de la techno, une folie. Une salle funk-eighties et une salle newjack-happy house. Le Graal pour nous. Nous avions faits le trajet depuis Grigny-Draveil dans le 91 en passant par Vert-StDenis pour entrer en terre sacrée dans le fond du trou du cul du monde du 77 entre les vaches et les champs de blé, tout ça pour enfin passer une soirée de rêve. Hervé empestait le parfum de chez ATAC et avait fermé sa chemise à la MN8, Chris avait mis du gel qui lui donnait un air à la Johnnie Deep dans Donnie Brasco et moi j'avais ma coupe Curly-waves qui me faisait ressembler a un chanteur de Milli Vanilli et des santiags (lol). 3 kékés prêts pour chauffer la piste. Et, une fois devant l'entrée...
- Messieurs, elles sont où les filles ?
- A l'intérieur
...répondis Hervé
- Non mais la ça va pas être possible, Messieurs, faut être accompagnés
- Oui mais c'est la 1ere fois qu'on vient...

Le type écarta Chris avant qu'il eu fini sa phrase pour laisser rentrer un groupe de gars.
- Eh mes eux, ils ne sont pas accompagnés...
- Des habitués...Bon Messieurs, va falloir dégager l'entrée
- Attendez, on peut discuter

Le type fit un sourire a une fille qui rentrait. Et ajouta.
- Non c'est non. OK ?
Personne ne parla dans la Patmobile, jusqu'à notre arrivée au Kio, de l'autre coté du 77 après Fontainebleau. On entra dans la boite sans dire un mot, sans jeter un regards vers les types qui devant la porte essayaient d'entrer en nous pointant du doigt, sans entendre les videurs leurs dire: ce sont des habitués...

Un mois auparavant
Je suis du genre tenace, et j'étais persuadé que le BH était le Graal. Je décidais donc de revoir des amies de lycée pour une sortie en boite, comme par hasard a cote du domicile de l'une d'entre elle. J'appelais Isabelle, la motivait pour ameuter ses deux acolytes Audrey (la fille du premier post de ce blog) et Mélanie tandis que moi je ramenais les miens. On se retrouvait sur le parking du BH et Mélanie me présenta la pâtissière de son village, Valérie. Avantage de la miss, le DJ était son homme, elle fit la bise aux videurs. On entrait ENFIN au paradis.
La soirée ne se déroula pas selon mes plans mais fut agréable. Bien sur, la boite était géniale par rapport a ce que l'on connaissait, bien sur Audrey était belle, bien sur Hervé becotta Isabelle sur un slow,etc. Je dansais la série slow avec Valérie (va savoir pourquoi), elle était froide et distante, je l'avais forcé a éteindre sa cigarette pour danser car je trouvais ça dérangeant et impoli. Ça l'énerva, elle me dit que Mélanie l'avait prévenu que j'étais quelqu'un de spécial et d'assez énervant... La lumière s'alluma, on prit la direction du parking. Mélanie nous invita a prendre un café chez elle avant notre longue route et vu que la langue d'Hervé était dans la bouche de la copine qui dormait chez elle. On connaissait l'endroit, j'y avais dormi quelques mois auparavant lors d'un anniversaire avec le Chris et StraubP. Valérie resta un moment avec nous et nous informa de son départ. Et la, a la surprise générale du groupe, je demandais son numéro.
- Pourquoi faire? Répondit-elle toujours si glaciale
- Ben pour retourner la-bas...comme ça on se cale quand tu y va et on te suit
L'assemblée fut soulagée et il semble que la miss aussi. Je ne comprenais même pas leur surprise au départ, tant je ne pensais qu'a aller en boite.

Quinze jours auparavant
J'appelais Valérie pour savoir si elle allait au BH. Elle était fatiguée, elle s'était embrouillée avec le DJ et n'était pas motivée, j'insistais car j'étais tout seul et je voulais sortir. Elle me demanda de passer avant chez elle, le temps qu'elle se prépare. J'arrivais en retard. Elle m'attendait adossée à la porte de sa voiture. Par terre, plusieurs mégots a moitiés finis indiquaient que la miss était furax alors je m'avançais vers elle avec un énorme sourire à la Joker.
- Je me suis perdu
- J'ai failli retourner me coucher
- J'ai failli être à l'heure
- T'as toujours une réponse...
- Non, en général j'ai des questions...

Il ne se passa rien, pour moi elle était un ticket d'entrée rien de plus.

Une semaine auparavant
- Je suis dans le coin, t'as fini de travailler
- Oui, j'allais me coucher
- Te coucher, il est 16h?
- Je travaille a 4h du matin moi !
- Bon tant pis...
- Pourquoi? Tu veux passer...
- Non, t'as ton fils tout ça...
- Non, il est chez mes parents. Passe, tu me parlera pour pas que je m'endorme...

Nous passâmes l'après midi a discuter de futilités, d'un type s'appelant Auguste qui la draguait. De son copain le DJ. De son fils, de son mariage raté, de sa vie. Nous étions devenus amis

Jour J
Cela faisait déjà quatre fois cette semaine que nous nous voyions. Ma petite amie, Marie-Hélène, était au lycée a Fontainebleau, je la raccompagnais chez elle, restait un moment puis filai voir Valérie avant de rentrer chez moi.
Ce jour la donc j'étais dans le canapé, et elle a coté de moi. Je lui fi remarquer que la première fois ou je fut sur son canapé, elle était à l'autre bout de la pièce derrière le bar de sa cuisine américaine, et la seconde fois sur le siège en face à 3 mètres... Je lui parlais d'animal enfin apprivoisé, elle n'apprécia pas
- J'aime bien quand tu t'énerves, tu as des yeux expressifs
- J'aime bien tes mains
- Mes mains?
- Oui, j'adore tes mains. Y'a des filles qui aiment les yeux, les culs,... moi c'est les mains
- J'ai de long doigts crochus !
- Tu as des mains magnifiques....
L'après midi passa. Elle m'escorta jusqu'à ma Patmobile. J'ouvris la porte.
- Je peux te poser une question?
- ..Heu...oui
- Pourquoi tu viens me voir?
- ?? Je ne savais pas qu'il fallait une raison. On s'entend bien même si on est très différents, c'est cool! ...tu es...spéciale
- C'est la première fois qu'un gars me tourne autant autour sans rien tenter
- Mais je ne cherche rien, je te prends comme tu es...
- Et pour toi le sexe n'as pas besoin de sentiments pas vrai
- Oui, c'est comme faire du sport avec un partenaire, un ...tennis
- C'est pas grave si on couche ensemble alors
- … Je restais sans voix
- Tout est dans l'instant tu disais
- ….
- Qu'est ce qu'on fait alors?
- Je ne sais pas....
- On joue à pile ou face ?
Je me mis a rire. Elle sortit une pièce de 5francs de son jean. Et me la tendis..
- Non, non... c'est toi qui lance
- Mais je suis nulle a ce truc...
- Allez...
- Face on sort ensemble...
Elle pris le bout de metal entre son index et son pouce en fermant les yeux, quand elle les ouvrit ils pétillaient en le suivant tournoyer en l'air. Elle rata la pièce qui tomba par terre, je m'approchai pour voir mais elle fut la première sur le résultat.
- Alors?
- …
- Alors?
Elle m'embrassa.

Je ne le savais pas encore mais cette pièce de 5 Francs venait de changer ma vie pour toujours.

A SUIVRE