mercredi 5 janvier 2011

Experiences, 1ère partie.

Juste quelques souvenirs dont je ne suis pas fier. De ces tatouages sur nos passés qu'on ne peut pas effacer. Des expériences de vie...


La course

Elle me regardait sans rien dire. C’était une situation étrange. Je n’étais pas habitué à cela. Son corps nu portait encore les stigmates de l’acte. Le long de sa cuisse, un ruisseau translucide échouait sur une tache sur son canapé. Elle se leva, toujours sans rien dire et s’engouffra dans ses toilettes. Mes orteils sur le parquet froid, me suivirent jusqu’à la moquette de la salle de bain. Je me lavais les mains, passais un filet d’eau sur ma face et mon sexe. Mon regards croisa mon visage quand j’eu fini de l’essuyer. J’avais des cernes, le blanc de l’œil était jaune et quelques vaisseaux dans les coins formaient une nébuleuse sanguine.
- Je peux prendre une douche ?
- Oui, prends ma serviette si tu veux…
Je ne voulais pas prendre cette serviette. J’en voulais une neuve, une propre.
- Elle est mouillée. Je peux en prendre une autre ?
- Dans le tiroir du meuble à gauche…
Je fouillais un peu dans la commode et tirait la serviette blanche la plus épaisse du lot. Je la posais sur le lavabo en équilibre et entrait sous la douche. Je fis couler un peu d’eau sur la faïence du mur le temps que le mélangeur délivre un jet tempéré puis sur mes chevilles, jusqu’à mes hanches. Je grimaçais arrivé sur mon aine, elle m’avait griffé. Ma peau était arrachée des deux côtés, mon flanc gauche était plus touché que l’autre. Deux sillons à vifs s’enfonçaient sur mes bourrelets, elle avait accroché ses ongles plus profondément que je ne le pensais. Je passais le pommeau au-dessus de ma nuque, la tête baissée. Je laissais l’eau s’écouler pendant un moment. Je la regardais s’épandre sur le sol pour mourir dans un gouffre. J’avais l’impression que nos vies étaient parfois identiques. On se jetait dans l’abime, pris par le courant.
- Encore la dessous ?
Je ne lui répondais pas, je voulais qu’elle parte, je voulais être seul à cet instant. Juste l’eau et moi puis éponger centimètre par centimètre mon corps. Je ne lui répondais pas.
- Ça te gène si j’entre ?
Je coupais l’eau et sortit ma tête de l’anonymat du pare-douche opaque
- Comment ?
- Tu as fini ? Je voulais venir avec toi...
Elle était toujours nue. Je ne pouvais m’empêcher de regarder son cou, descendre au triangle entre son épaule, son buste et sa nuque. Je remarquais son grain de beauté en plein centre. Sa poitrine juvénile demandait à être saisie à main pleine.
- Oui, ma peau se flétrie. Je n’ai pas vu le temps passé. Je rêvassais. Tu me passe la serviette ?
- Attends je te la change. Celle-là est trop grande, on dirait une serviette de plage.
- Ce n’est pas grave…
- Tiens, celle la sort du sèche-linge.
Elle me tendit, un rectangle de coton vert aux bords cousus de fil jaune. Nos corps se frôlèrent, le sien entrant dans la douche le mien en sortant. Elle me fit un sourire auquel je répondis. Elle empoigna mon sexe au passage.
- A tout à l’heure toi !

Je m’essuyais, pendant qu’elle me racontait sa vie sous la douche. En voyant le petit tabouret en dessous du lavabo, l’idée de maquiller sa mort en suicide me traversa. Je me séchais bien consciencieusement. Je tentais de regarder mon côté gauche dans la glace, sur la pointe des pieds mais la vitre était embuée. Elle parlait toujours. Je posais la serviette pliée en deux sur support accroché au plafond puis ouvrait et fermait avec délicatesse la porte, sans bruit. Je voulu mettre mon caleçon mais il me semble qu’elle s’était essuyé avec. Je fus pris d’un fort dégout pour ce qui venait de se passer. Je mis mon teeshirt, mon jean et fouillait dans ma poche. Mes clefs y étaient, mon portemonnaie aussi. Je regardais la pièce, les vêtements au sol et les verres vides sur la table basse. Un verre était tombé par terre durant nos ébats, il s’était fêlé. On pouvait voir un épais trait graver sa surface lisse. Cette fêlure résonna en moi, elle n’était qu’un écho de moi-même. Je l’entendais sortir de la douche, entrer dans sa chambre. Elle dit quelque chose mais je ne l’entendais pas, je ne l’écoutais pas. Je pensais au verre sur le parquet.
Je saisis ma veste. J’ouvrais la porte et la fermait sans faire de bruit. J’appuyais sur le bouton l’ascenseur. Je trépignais. Je ne voulais pas qu’elle m’intercepte. Je fus pris de panique. Mon cœur s’emballait, l’ascenseur arriva. J’entrais dedans et me rendis compte que j’aurais pu dévaler les escaliers, il n’y avait que 3 étages. Et, pendant qu’il descendait lentement, je l’imaginais me poursuivant comme dans un film, un thriller haletant ou le héros cherchait à s’échapper de l’antre du tueur maléfique. Mon cœur battait encore plus fort quand arrivé au rez de chaussé un bruit de gong émana de la cage de métal pour signifier l’arrivée. Je serrai les poings, arrivais à la porte de l’immeuble. Le bruit du bouton nécessaire pour sortir pouvait réveiller une armée, je me retournais mais rien. Je franchis le seuil.

Un lampadaire éclairait encore alors que le jour naissait derrière les voitures garées. La rue était déserte, le coin de la rue était à une cinquantaine de mètres. Trop loin ! Pensais-je. Tant de distance à faire pour disparaitre du champ de vision. Je me mis à courir. Courir si vite, mon cœur était prêt à exploser. Je m’arrêtais deux rues plus loin, sur de ne pas être suivi. Il y avait un garage. Je mis mes mains sur mes genoux, le corps en équerre pour reprendre mon souffle. Mais qu’est qu’il m’était arrivé ? Pourquoi j’avais fuis ainsi ? Pourquoi tant de culpabilité ? Je me sentais tellement sale. Je me sentais tellement triste. Je m’asseyais a même le sol.
C’était juste une aventure d’une nuit, je n’avais même pas entendu son nom, je m’étais contenté de sourire et de suivre les évènements. Pas de nom, pas de numéro, juste le souvenir d’une course au petit matin un poison inconnu dans les viscères. Je suis juste parti, j’ai juste fuis car ce n’était pas elle que je recherchais, elle n’était qu’une expérience ratée.

La femme et la fille

Je rentre dans la boite de nuit. Il est tard, je suis fatigué. Je ne sais pas trop ce que je fais là, j’avais besoin de sortir, de trancher ma routine. Je m’arrête au bord de la piste, je vois une grande blonde qui gigote maladroitement. Je rigole. Je reste un moment à la regarder et fini par oublier que ses gestes désordonnés sont ridicules, elle exprime une forme de liberté. Je me retourne et voit quelques femmes plus âgées sur un canapé. Je détaille machinalement leurs vêtements, leur maintien, leur maquillage. Une d’entre elle me remarque et me souris. Mon œil lui fait un clin d’œil machinalement, sans pensée perverse, juste par politesse.
J’avance vers le bar. Le barman est un asiatique, je l’observe verser un godet de vodka au millilitre près pour un client. Je rigole. Il s’approche de moi et tends l’oreille. Je ne sais pas quoi lui dire, je n’ai pas soif et même si je voulais boire je ne saurais pas quoi prendre. Je suis juste la car je ne sais pas où aller dans e club. Je me sens obligé de lui crier une marque d’alcool, j’imagine que mon mot descendra le long de son couloir auditif et actionnera son bras vers quelque bouteille d’âpre breuvage. Je ne sais pas ce que je lui ai dit mais il semble s’agiter. Je reçois un verre pétillant et translucide. Un Gin Tonic ? Je le porte à mes lèvres, bois et grimace. Une main se pose sur mon dos. La femme au clin d’œil est à côté de moi.
- Qu’est-ce que vous buvez ?
- De l’hydromel moderne.
- Hydromel ?
- Juste de la chimie prepubere servi dans un récipient mal lavé…
- De l’alchimie ? vous parlez bizarrement…
- Non, de LA chimie…
Elle était devant moi et me dévisageait. Je souris poliment. Elle n’avait pas compris un mot de ce que je venais de dire.
- Vous ne dansez pas ?
- Je bois…
Elle ne bougeait pas. Je souriais toujours.
- Vous avez un beau sourire
- Merci
- Allez, on va danser…
Elle me prit la main et me tira vers la foule. Une fille recula et écrasa son talon en plein centre de mon pied. Mon bras s’écarta en reflexe et renversait une partie du contenu de mon verre. J’avais la manche et main trempée. La femme ne remarqua rien, elle me tirait toujours vers le centre de la piste. Une fois au milieu elle se colla à moi et se mis à bouger ses hanches. Elle dansait une sorte de chorégraphie lambadaraggatechopoplatin. Un ‘je-me-frotte’ arythmique endiablé. Je souriais toujours, comme un masque vissé sur ma tête. Elle bougeait de plus belle. Cela me semblait interminable. Je me disais qu’elle finirait par manquer de souffle, mais rien, elle se frottait toujours. Je sentais sa sueur dégouliner sur ma chemise, Je lui fis signe que j’avais chaud afin de m’éloigner. Elle souffla pour me faire comprendre qu’elle aussi. Je reculais pour me retirer, elle me suivit.
A l’écart de la piste, elle déboutonna sa robe-chemisier. Ses sous vêtement maintenant apparents, les cheveux attachés, elle suait toujours mais cela semblait être moins sale. Je suis un animal, pensais-je en me surprenant à vouloir lécher son cou. Je tournais la tête et regardais la piste. La grande blonde gesticulait toujours, faisant des courants d’air avec ses bras maculés de taches de rousseur. La femme se mis à me parler de nouveau.
- Tu t’appelles comment ?
- …Christophe….
- Amélie
- Ok
- On s’assied ?
Je ne sais pas pourquoi j’avais menti. J’imagine que je ne voulais pas m’impliquer.

Quelques heures plus tard, je n’avais pas bougé du canapé. J’étais entouré de quatre femmes plus vieilles que moi, une collé à mon bras. J’étais incapable de savoir si c’était la même que précédemment, alors je descendis la tête au niveau de ses yeux pour mieux la voir. Elle du croire que je voulais l’embrasser et m’avala les lèvres. Ma main se posa sur sa cuisse. Elle redoubla d’effort avec sa langue et posa son autre cuisse sur ma main. J’étais un comme papillon cloué vivant sur un tableau. Personne ne venait me délivrer.
- Christophe, on y va mon doudou ?
J’étais horrifié. Elle m’avait appelé doudou ! J’avais l’impression d’avoir glissé dans un monde parallèle ou d’être devenu une sorte de caricature de l’antillais de service. J’avais envie de vomir. Je voulais me cacher sous le canapé et disparaitre.

Je regardais le réveil. Il était 9h. J’étais assis sur le lit en chaussettes et caleçon. A côté de moi, j’entendais respirer cette femme avec qui j’avais passé la nuit. A travers les rideaux, le soleil filtrait une douce lumière sur mes mains. Je les passais sur mon visage comme pour me laver avec ses rayons. Mon jean était par terre, je l’enfilais. J’avançais jusqu’à la cuisine et pris un verre d’eau. L’appartement était décoré avec gout, sans surcharge de babiole, juste quelques photos accrochées au mur. Elle devait avoir une fille. Je m’assois devant la télé et me mis à regarder Arte, une émission sur les volcans. Je n’étais pas vraiment passionné mais je restais là, je ne savais pas vraiment ce que je foutais là. L’émission suivante était une sorte de reportage sur l’architecture, une histoire de verre et de métal avec des images de synthèse simplistes pour expliquer comment le tout tenait sur un édifice. Une ombre se projeta sur le sol. Je me retournais.

Une fille d’environ 16 ans se tenait devant la porte du salon. Elle avait de longs cheveux châtains qui descendaient sur ses épaules. Elle portait un débardeur rose pâle et un boxer noir. Elle était belle, ingénue et rayonnante. Elle me fixait.
- Vous êtes qui ?
- Pa…Christophe…
- Vous sortez d’où ?
- …heu….
- Vous avez dormi la ?
- …non, je n’ai pas dormi. J’ai regardé une émission sur les volcans.
- Quoi ? Elle fait chier ma mère avec tous ses tarés ! Moi aussi je rentre de boite bourrée, mais j’ramène personne à la maison
- La télé t’a réveillée ? Excuse-moi…
- Ta gueule toi ! Crevard !
Je la fixais. Ces yeux étaient larmoyants. Je me levais, elle recula. Je me rassois.
- Je ne savais pas….qu’elle ne vivait pas seule
- Ouais…j’existe pas
- Tu veux du Nutella ?
- Je vais chercher une cuillère.
Elle revient s’assoir à côté de moi. Le pot de Nutella entre nous deux, on alternait pour se servir tout en regardant notre émission d’architecture. On ne se parlait pas, on était bloqué devant le poste de télévision. Puis sur générique de fin elle me dit :
- J’ai jamais regardé cette chaine…c’est….j’aime bien
- J’aime bien aussi
- …

Je mis ma chemise. On se fit la bise et je descendis les escaliers. Au premier palier quand je me retournais, elle me fixait toujours. Je lui fis un sourire timide et elle en fit un énorme qui me réchauffa le cœur.
Je pense à elle quelque fois, j’espère qu’elle est heureuse et sa mère moins triste.

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