vendredi 8 janvier 2010

Love as a coin flip, Part III

Le temps était orageux, enfin sans doute aurais-je voulu qu’il le soit. Sans doute dans ma mémoire, associer les instants de pluie aux instants importants, tragiques permets d’augmenter la tension dramatique. J’imagine le plan sous un air mélancolique, la voix jazz rocailleuse de Cassandra Wilson, l’air empli de la fumée d’un cigare ayant une marque de rouge à lèvres sur sa bague. Action ! crie le metteur en scène, et le personnage principal courbe le dos pour pénétrer dans un lounge de Saint Michel, perle cachée sous les voutes d’un Paris défunt, de cette époque où nous ne faisions plus qu’un. Il s’assoit au bar, commande un ‘Old Fashioned’, le barman s’exécute. La musique s’arrête, elle entre. Je suis le scénariste donc elle est trempée par l’averse, passe une main dans ses cheveux. Traveling avant. Les gouttes coulent le long de ses joues telle de grosses larmes, c’est pratique la pluie. Elle dépose son impair sur un tabouret, pose un baiser sur le héros, lui annonce qu’elle va se sécher un peu. Il commande un second verre, qu’il descend aussitôt. Elle réapparait, cheveux attachés, maquillage épongé, commande un Mai Tai, un cocktail pour homme. Elle porte une courte robe noire avec un peu de dentelle sur le décolleté et sur les bras, elle sourit. Il la regarde.
- Je sais que tout est fini, mais…
- Oui…
- Mais j’essaierais encore…
- Non,…tu vas vivre autre chose, en aimer un autre, avoir la maison avec la barrière blanche
- Peut être mais quand bien même, j’essaierais encore… Je ne serais jamais guérit de toi
- …tu racontes n’importes quoi
- J’ai envie de t’embrasser…
- Moi aussi
Il finissait son verre. Pris son cou entre ses mains, sera doucement et posa ses lèvres sur les siennes. Elle laissa couler quelques larmes, il serra dans ses bras. Le silence. Plus rien n’existe autour. Et puis la porte s’ouvre, un vent froid entre dans la pièce, dehors la pluie tombe en trombe. Un homme sur le palier secoue son parapluie. Il entre, elle se décolle. Le héros regarde, et il sait. C’était le dernier baiser.

Je me réveille, tout ca n’était qu’un rêve. Un scenario sorti de mon hippocampe. J’ai rendez vous avec Valérie pour pique niquer, une idée à la con, je n’aime pas ca, mais elle a insisté me disant que je ne regretterais pas cet incursion dans la nature. Je passe une heure à chanter du R-Kelly sous la douche, une heure dans ma voiture jusqu'à chez elle, puis une heure dans la voiture jusqu'à je ne sais ou, un coin désert dans un pré abrité par de grands arbres. On s’installe, je m’attends à voir débarquer Robin des Bois mais rien, nous sommes seuls. Je n’arrête pas de me plaindre, l’herbe est humide, il y a des moucherons, le sandwich est fade. Elle me renverse et s’assied sur moi.
- Je ne t’embrasse plus jusqu'à ce que tu me dises que t’es content d’être la avec moi
- Je suis content d’être la avec toi
- Tu mens !!
- De nous deux, la personne qui ment le plus c’est toi
- Oui…et alors
- Oui ??
Je la poussais du bras…Comment ca : oui ?
- Ca va…rien…
- Quoi rien ? Tu mens sur quoi ?
- Rien…
Elle allumait une cigarette. Je la saisi dans ma main, pour l’écraser.
- Mais qu’est ce qui te prend ? tout ca c’est pour toi…. Tout ce que je fais c’est à cause de toi
- Tu fais quoi ?
- Tu m’as détruit mon cœur sur une piste de danse. J’essaie de m’évader de toi mais je n’y arrive pas. J’ai essayé, je me suis abandonnée…
- Quoi ?
- J’ai couche avec Dom
- Albator ?
- C’est que du sexe, mon cœur est à toi…
- Et c’est moi le fou !
- Je ne peux pas être seule, quand t’es pas la, j’arrive plus…
- Mais merde…tu te rends compte de ce que tu dis

La discussion dura un moment, sans intérêt. Je savais déjà tout ce qu’elle me disait. Tous ses reproches. Mon départ en Espagne avec Luc, notre séparation sur la piste du Kio, mes sorties nocturnes avec Freddy, l’incompréhension des gens biens sur notre relation décalée, etc. Je savais déjà tout ca, je lui avais déjà pardonné mon clone défectueux qu’elle avait trouvé je ne sais ou pendant notre rupture. Mais pas le borgne du clip de Fabe, ce parasite de la nuit, danseur au corps sculpté dans le jais, gravitant autour des stars naissantes comme Hasheem ou les Afrodisiak. L’idée m’était insupportable, je le revoyais nous saluer à l’entrée de la boite de nuit le samedi et se la taper le lundi, j’avais envie de vomir. Elle se mit à parler de jeu, d’une partie qu’elle jouait pour oublier ses sentiments, des démons qui l’habitait depuis ce slow, par ma faute.

Le chemin du retour fut tendu, je ne décoinçais pas les dents. Je me sentais sale. Elle regardait par la fenêtre, l’orage grondait. Je montais par le petit escalier délabré qui menait jusqu'à son appartement, et à peine assis dans le canapé posait milles questions. Elle tournait autour, comme un papillon autour d’une ampoule, sans cesse voulant se rapprocher malgré la température, sans cesse repoussé par son instinct jusqu'à finalement y perdre ses ailes dans l’extase d’un ultime assaut. Elle semblait encore animée de vie, le cendrier plein, les yeux rougis. Je ne ressentais rien. Je me grattais nerveusement les cuisses comme quand enfant j’étais stressé. Je ne ressentais rien et je m’en voulais. L’air était irrespirable, trop de cigarettes jonchaient demi consumées sur la table basse. Je pris congé, de toutes les façons je n’entendais déjà plus ce qu’elle me disait depuis longtemps.

Je pris la route de chez Marie, une ex. Il y avait une fête dans le village. Un espèce de bal musette ridicule où mémé et pépé du trou du cul du monde bourgeois de Seine et Marne se rendent après la messe jusqu’au diner de 19h pour jouer au Bingo et fredonner des airs perdus interprétés par un sosie de Joe Dassin. Elle fit un bond en me voyant et courra jusqu'à moi. Elle me serra fort dans ses bras. Comment avait-elle deviné que c’est ce qu’il me fallait ? Son amie, une rouquine aux longs cheveux bouclés et au piercing sur le nombril me tira par le bras. Je me retrouvais parmi une dizaine de filles toute plus boutonneuses les unes que les autres, on aurait dit un casting pub pour Clearasil. Une fille dépassaient les autres de deux tètes, mais elle discutait avec le black du coin, je ne voyais pas sa tête cachée dans sa chevelure blonde. Je m’assois sur un banc, et discute avec Marie. La blonde se mets en face de moi. Un choc. Elle avait un visage parfait, incroyable. J’étais bloqué.
-Vas y…réveille toi !!
- heu…mais c’est qui ca ?
- Carolina…t’es pas très original, tout le village est amoureux d’elle-même mon frère…

Elle avait entendu, elle me souriait. Je voulais me cacher.
- Allez ! rêves pas…Elle n’est pas pour toi…elle fait mannequin, y’a déjà une loooongue liste d’attente
- Mais je ne veux pas être sur la liste… Je ne suis pas libre…enfin, je sais pas, je sais plus rien
La nuit tomba. Les vieux rentraient réchauffer leurs soupes, j’étais toujours sur mon banc, une gaufre à la main, la tête de la copine rousse sur ma cuisse, elle dormait. Carolina s’approcha.
- T’as l’air…perdu
- Non…Oui….Peut être….et toi ?
- Heu…moi ca va. Elle riait
- Tu sais que tu complexes toutes les filles qui sont dans ce village ?
- C’est la faute de ma sœur…elle est parfaite, moi j’essaie de suivre…mes parents me rendent la vie impossible... je m’en fout de les complexer, je bosse tout les jours pour ca…ma mère pense qu’on est des caniches de compétition, j’en peu plus des concours de miss machin…je ne sais même pas pourquoi je te dis ca ?
- Parce que j’ai l’air perdu..mais de toutes les façons, les gens passent leurs temps à me raconter leurs vies…je dois avoir la tête pour ca
- T’appelle comment ?
- Patrick
- Caro et surtout, surtout me sort pas la chanson de l’autre où je pars direct


Les heures passèrent. J’étais toujours la, une tête rousse sur une cuisse, une tête blonde sur l’autre. Un type en panique en face de moi hurlait. Je le regardais sans réagir. Il hurlait de plus belle. C’était le père de Carolina, il cherchait sa fille depuis un moment, elle n’était pas rentrée. La rousse se réveilla en panique aussi, elle parti en courant, regardant sa montre. Caro se leva et hurla de plus belle. Je ne savais pas ce que je foutais la, le type me pris par le col et me gifla. Carolina le poussa, elle pleurait. Je ne sentais rien, j’étais toujours vide. Le père tira sa fille par le bras, elle s’accrochait au mien. Il avança sur moi pour me gifler à nouveau, il se retrouva par terre. Je ne sais pas ce que je lui avais fait. Carolina le releva. Ce fut enfin le silence. Ils partirent. Je marchais jusqu’ a ma voiture, j’avais du sang sur la chemise, sur les mains. Je cherchais une coupure, mais rien, ce n’était pas le mien.
Je me levais tard, il était lundi. J’attendais 15h, sachant que Valérie avait fini son boulot et l’appelait.
- On se quitte…
- Pourquoi ?
- Normalement, ca se passe comme ca…
- Depuis quand on fait les choses normalement ? D’ailleurs on est ensemble ?
- On se quitte pas parce qu’on est pas ensemble, c’est ca ?
- …
- On est quoi alors ?
- Deux handicapés de l’amour…Mon cœur est unijambiste sans toi
Ouais mais pas ton cul, pensais-je en silence.

Notre histoire continua sans questions, machinalement. Elle m’avait moi et Dom, puis d’autres gars qui tournaient de ci de la sans que je sache ce qu’ils foutaient la et si leurs relations étaient physiques. Je ne demandais plus rien, j’avais tout les droits sauf ca…
Un soir, Julie et Valérie sonnèrent chez moi, je ne m’y attendais pas. Elles voulaient rendre visite à Chris dans sa résidence universitaire, Julie avait décidé de se donner à lui. Drôle d’idée. Je ne comprenais pas bien, je crois qu’elles voulaient avoir un truc qui les liait comme si les deux copines avec les deux copains aurait arrangé les choses, resserré les liens. Mais Chris malgré tout les appels du pied ne voyait rien ce soir la, il était désespérant, il n’y pensait même pas. Julie était la sœur de Mélanie, on avait été en cours avec Mélanie…L’idée ne l’aurait même pas effleurée et je le savais, mon pote était un bon vieux sentimental qui passait ses midis à regarder Dallas, son personnage c’était Bobby, pas JR. Dans la vieille Polo rouge de Valérie, sur le retour, on se mit à parler de triolisme…mais ce fut juste des mots.
Le weekend suivant, Val, Julie et moi on sortit en boite et quand a 4h du mat Val dû aller travailler. Je décidais de dormir chez Julie à leur grande surprise. Je me retrouvais donc dans sa chambre, chez ses parents, sa sœur, mon ancienne camarade de classe dormant à l’étage, dans son lit une place. Il ne se passa rien. Mais ca eut l’effet d’une bombe le matin.
Entre la tête de la famille qui me connaissait, celle de sa sœur. C’était grandiose, un opéra.
Cet épisode fit Valerie changer sa façon de voir, fini Dom, fini le pauvre type projectionniste à Bondy…En tout cas, je n’en entendait plus parler, mais une banale discussion fit ressortir toutes ses peurs et on se sépara pour de bon. Elle me demanda ce qui se serait passé ce soir la si Julie avait été moins loyale en amitié, je lui répondis franchement.

Les semaines passèrent. Je trouvais une excuse pour aller me balader du coté de Fontainebleau et après avoir fait toute les rues de la ville comme un abruti, je croisais Carolina. A peine sorti de la voiture, on s’embrassa. J’étais le plus heureux des gars de la planete aux bras de cette fille. Elle était incroyablement belle. C’était surréaliste. Je gonflais d’orgueil, je l’escortais à Paris pour des séances photos Elite ou Vogue, je me sentais comme Pretty Woman. Mais petit a petit, je lui fis vivre un enfer, j’étais jaloux a en être malade. Je voulais tout le temps savoir ou elle était, ce qu’elle faisait, avec qui, jusqu'à quand. J’étais odieux. J’avais perdu toute clémence, ce que Valérie m’avait pris c’était ca, je ne pouvais plus faire confiance. Quand un type lui demandait l’heure, j’avais envie de le frapper. Je ne voulais plus sortir dans la rue avec elle, je la gardais cachée, j’étais devenu fou. Je devenais malade quand elle partait en train de chez moi, quand elle posait pour des photos, quand elle parlait avec des types de ses cours…un vrai psychopathe. J’en étais à ne pas dormir et ne plus manger quand elle était a Londres pour des shootings. Quand elle m’annonça qu’elle partait faire son année d’étude à Londres, je fus soulagé, je n’en pouvais plus. Elle m’avait vidé. On se séparait. Peu après, j’appris avant "Fan de" par un coup de fil de sa soeur qu’elle était avec le chanteur bellâtre Peter André…Aujourd’hui je me demande ce qu’elle est devenu…cette fille trop parfaite.

Quelques mois plus tard, Frédérique me proposait d’aller voir Tribal Jam en concert. J’alertais Chris et sa copine Caroline (quel copieur celui la) et on se retrouvait sous un chapiteau à Fontainebleau. Dans la queue, une fille derrière me mis la main sur le foie en disant « Salut, Toi ». Je me retournais, c’était Valérie.

-A suivre-

2 commentaires:

  1. quote "Ouais mais pas ton cul, pensais-je en silence". Mortel. Le recit aurait pu être construit que pour cette phrase, ca aurait quand meme valu la peine. lol

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  2. Old fashionned Versus Mai Tai!!!

    Ca sent le plagia de Mad men à plein nez Monsieur Dioscure!!

    Comme d'hab! Rythme et flot appelant la suite, petite dédicace rapport à la manière dont tu racontes votre histoire avec Valérie: http://www.youtube.com/watch?v=EjzP7gjVAyI

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