vendredi 5 juin 2009

Le syllogisme de la Trinité, part II

Je venais de raccrocher le téléphone. Je restais complètement abasourdi au milieu de la pièce, je n’avais pas vu le coup venir. Je fut pris de vertige, je m’asseyais sur le coin de mon lit et pris ma tête entre mes mains. Je regardait l’heure, il était a peine 19h, la nuit débutait. Comment j’en était arrivé la ? Pourquoi en ce soir de Saint Valentin je me retrouvais avec une crampe à l’estomac ?... Une voiture entra dans la cour, ses phares vraisemblablement mal réglés projetèrent mon ombre et celle des volets de mon store sur le mur. Je me mis à rire. Sur le mur, je voyais mon double sans visage transpercé par milles épées, douce métaphore, mon ombre blessée allait être mon seul compagnon ce soir la…

Quelques mois plus tôt…

Je n’arrivais pas à me résoudre à quitter Sabrina. Elle avait beau avoir le QI d’un moineau et s’habiller comme une évadée de MTV, tout se passait pour le mieux et toute mon argumentation sur la Trinité devenait évanescente quand elle apposait ses lèvres sur mon cou. Elle avait bien évidemment raté son examen et prévoyait de s’inscrire dans un cursus d’esthéticienne, de mon coté j’avais bouclé mon année tranquillement et j’aspirais à un bol d’air frais sur mon été.
Avec Christophe, on décida de partir à deux, une quinzaine de jours à la road movie sur la cote espagnole. La nouvelle passa difficilement auprès de nos compagnes respectives. Sabrina me fit part de ses peurs, mais l’idée de faire un remake du voyage à Cardena fait quelques années plus tôt avec mon pote Lucas balayait toute réflexion sur le sujet dans mon encéphale. Elle décida de stopper notre relation, de me ‘kick out. Je pris la nouvelle avec un certain soulagement, car je suis l’homme d’une seule femme, un samouraï de l’amour qui n’a qu’un maître. Son acte, par conséquence me libérait de toute entrave et je pouvais alors me jeter frénétiquement sur l’étude tactile des jeunes effrontées hispaniques.
Nous partîmes donc sur la Costa del Sol mais rien ne se déroula comme prévu. Chris était très gêné par sa non maîtrise de la langue, les différences entre nos aspirations aux loisirs estivaux (moi, le mode bronzage sur la plage ce n’est pas possible, je suis déjà noir !!), quelques problèmes financiers et le manque de sa Caroline. Il décida de m’abandonner à Peniscola et de rentrer en train au bout de quelques jours. Seul, je décidais de suivre les conseils glanés auprès de charmantes hollandaises et de partir sur Salou, ou je passais finalement une semaine de fou, ne dormant qu’une nuit sur deux. A moitié mort, sur le chemin du retour, je garait ma Patmobile sur le parking d’un Formule1 à Toulouse et dormit pour la première fois de ma vie (et sans doute dernière) pendant plus de 30h.

Je ne me souviens pas du mois d’Août passé sur Paris, mais le 31 je recevait une lettre de Sabrina, une déclaration d’amour. Je fut très sincèrement touché par son geste et me présentait le soir même au pied de son immeuble après un call sur son Tam-Tam. Je me surprenais a être heureux de la revoir et ma surprise dura jusqu'à mi-Décembre.
Mi décembre, je retrouvais Luc que je n’avais pas vu depuis des mois pour cause de service militaire, et je me trouvais face a un mur que je n’avais pas anticipé. Je ne pouvais pas présenter mon amie à mon ami ou à ma mère, elle m’embarrassait trop. Je rompais le soir même, submergé de honte et de doute. Les semaines passèrent et fin Janvier, Sabrina frappait à ma porte. Elle était habillé avec un blouson d’un jaune éclatant, d’un pantalon en cuir noir et de chaussures à talons. Je ne m’attendais vraiment pas à la voir débarquer ainsi, si déterminée et à la voir me sauter dessus comme elle le fit. On se fréquentait donc à nouveau durant quelques semaines et je du faire un constat : quelque chose avait changé en elle, je n’arrivais pas a savoir ce que c’était mais j’étais séduit et conquis par ce changement.

Néanmoins, parallèlement à ce changement, je remarquais que son planning devenais très serré. Elle commençait a sortir avec sa cousine de 18ans, a traîner dans le 95 avec les voisins de ses grands parents, a boire pas mal quand on sortait… Je commençais à me demander si notre relation n’était pas devenue un peu vénale de son point de vue, mais mon très maigre portefeuille me chuchotait à l’oreille qu’il fallait vraiment qu’elle soit très bête pour compter dessus donc je faisait abstraction de mes doutes.
Début février, j’étais totalement fauché et ne pouvais plus assumer nos sorties, on ne se vus qu’une fois avant le 14. J’avais fait prévu de faire une soirée d’exception ce soir la pour marquer la St Valentin et avait restreint nos sorties pour financer cela. J’appelais donc la belle afin de lui dire a quelle heure je passait la chercher et lui faire une surprise. Elle décrocha et me mit KO. Elle m’annonça que notre histoire s’arrêtait la, qu’elle avait trouvé l’amour depuis deux mois dans le 95 et qu’elle avait voulu me revoir pour être sure. Elle était resté parce que j’étais trop gentil mais que ça devenait trop dur a assumer pour elle, cette double relation.

Et donc…

Je venais de raccrocher le téléphone. Je restais complètement abasourdi au milieu de la pièce, je n’avais pas vu le coup venir. Je n’étais pas accro d’elle, je n’étais pas marqué par cette rupture mais je me sentait terriblement seul. J’étais envahit par un sentiment de gâchis, je me sentait humilié, touché dans mon amour propre, elle avait entaché mon honneur de love samouraï. L’expérience de mes parents m’avait apprise qu’une relation survit généralement à une rupture mais rarement à deux, je savais aussi que lors de la renaissance d’une relation il fallait re-inventer l’histoire commune afin de partir sur des bases saines et pérennes sinon la gangrène en guettait les membres porteurs. J’avais appris d’une autre histoire ("Une histoire de pile ou face", ce sera la prochaine histoire racontée ici, avec une Valérie en personnage principal) tout ou presque du mensonge, de l’intrigue, du mal que l’on peut se faire par amour, du mal que l’on veut faire par amour, du mal que le regards des autres peut faire à l’amour, et de la dépendance. Sabrina, malgré son cerveau de poisson rouge m’avait appris une nouvelle chose, elle m’avait appris que mon syllogisme de la Trinité serait le garant de mon futur romantique

Prémisse majeure :
Le corps, tête et cœur sont la complétion de la Trinité
Prémisse mineure :
NOUS accordons nos cœurs, têtes et cœurs (car si notre désir est intact, nous avons le corps. Si nous pouvons encore nous parler et rire de nos défauts, nous avons la tête. Si nos âmes sont interdépendantes, nous avons le cœur.)
Conclusion
NOUS sommes la complétion de la Trinité

Et bien sur la négation du syllogisme :
Si il n’y a pas complétion de la Trinité alors il n’y a pas de NOUS

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