Cette histoire est très décousue, je m’en excuse aupres du lecteur. J’ai voulu survoler des périodes de ma vie sans rentrer dans trop de détails car ils viendront par la suite dans d’autres histoires. En tout cas après quelques semaines de silence pour cause de vacances (Agadir, HongKong) et de boulot (v9 fever), liveafterlove est de retour...
So what is the answer to the question of U
So what is the answer to the question of U
What do I look for, what shall I do?
Which way do I turn when I'm feeling lost?
If I sell my soul, now what will it cost?
Must I become naked, no image at all?
Shall I remain upright, or get down and crawl?
Prince, The question of U, Graffiti Bridge, 1990
J’écoutais Daivy postillonner dans mon micro, le nez collé à ses feuilles volantes raturées de partout. Il arrivait a peine à suivre sa propre écriture, morceaux de phrases éparpillés sur du papier froissé, plié en huit dans la poche arrière d’un 501 usé. Il apposait ses lèvres sur la grille de plastique d’un ridicule enregistreur relié à une chaîne hifi. Le son était abominable. Il ne s’arrêtait pas, ses mots le portait, il avait foi en eux. Le sample en loop que j’avais pris d’un album de Mr R. saturait en basse mais il nous rendait fou, quel son de malade… Daivy lâchait ses lyrics en se gaussant chaque fois qu’il s’emmêlait dans les lignes en voulant aller trop vite, cela faisait partie de son style, de son flow…le refrain partait, je prenais le mic et enchaînais le second couplet, une histoire de nuage gris au dessus de nos têtes, d’averses affrontées têtes hautes…Mon style était plus apuré, moins ruff, je le travaillais sans cesse, je voulais sonner comme le Oxmo de ‘l’enfant seul’ ou le LLCool J de ‘Hey love’, Daivy lui se prenait pour Lino des Arsenik. On écoutait la K7, et on recommençait, on changeait de sample, on essuyait le micro et on refaisait le monde.
Luttes intestines pour le pouvoir de dire non / Quand nos cœurs dictent nos mots en nos noms / Laisse moi poser mes lèvres sur ton front / T'emporter vers les heures où naquirent nos sentiments / Quand être 2 était plus qu'être simples amants / Je me revois sécher tes larmes coulées pour d'autres / Parce que tu avais confié ton cœur à d'autres hôtes / Confie toi à moi, tu peux tout me dire / Nouveau départ et il est temps de partir
Luttes intestines pour le pouvoir de dire non / Quand nos cœurs dictent nos mots en nos noms / Laisse moi poser mes lèvres sur ton front / T'emporter vers les heures où naquirent nos sentiments / Quand être 2 était plus qu'être simples amants / Je me revois sécher tes larmes coulées pour d'autres / Parce que tu avais confié ton cœur à d'autres hôtes / Confie toi à moi, tu peux tout me dire / Nouveau départ et il est temps de partir
dioscure, 1998
L’après midi s’était écoulée sans que nous remarquions, je raccompagnais Daivy chez son frère jumeaux, Christophe, au dernier étage d’un petit immeuble sur Corbeil. Il dormait sur le canapé et sur la table basse, il y avait des dizaines de feuilles écrites dans une calligraphie indéchiffrable a demi collées par des taches de Coca. Je me mis à en décoder quelques unes, a lancer une impro' sur un sujet, les rimes étaient comme une seconde peau, elles venaient toutes seules entre la télé allumée, l’album du Doc Gynéco qui tournait sur la home box et les rires de mon acolyte. La clé tourna, Chris était de retour, à peine entré il se mis à gueuler sur son frère: le paquet de chips qui était ouvert sur la table laissait des miettes partout, le Coca dans le frigo ouvert la veille ne comptait plus qu’un demi centilitre, la vaisselle n’était pas faite, etc. C’était tendu entre eux depuis un moment, pas évident de vivre à deux même pour des jumeaux,... je chambrais un peu Chris pour détendre l’atmosphère. C’était une situation particulière, ils sont comme ma famille, Chris est comme mon frère mais ils ont aussi leurs histoires de famille, leur passé… Je me suis toujours effacé par pudeur, j’ai toujours partagé leur peine sans pourtant en sentir l’ampleur, spectateur de leur vie comme parfois je l’étais de la mienne. La tension s’estompait peu à peu, on sortit les cartes, des dizaines de pièces de 20c de francs d’un typeware blanc qui traînait dans le meuble contre le mur et on lança notre partie de poker fermé. La nuit passa, les week-ends passèrent, les mois…
Ombres chinoises/ Une ligne de craie blanche sur le noir d'une ardoise / Deux courants d'air, froid et chaud, qui se croisent / Je t'aime...mais je te trompe résonne dans le crâne / Et comme un virus fait ma raison tomber en panne / Mon calme disparaît / Avec les vapeurs suaves de ma jalousie qui apparaît / Pour la première fois comme une arme de jais / Le lent poison coule épais / Dans mon encéphale / Et, dans mon reflet ma peau n'est pas assez pale / Noir, tableau et ta craie dessine les courbes de mon désir / Pire / Le pire c'est que le rongeur dicte au reste / Et comme le rat sur le navire propage la peste / Le mal d'Othello guide mes gestes.
L’après midi s’était écoulée sans que nous remarquions, je raccompagnais Daivy chez son frère jumeaux, Christophe, au dernier étage d’un petit immeuble sur Corbeil. Il dormait sur le canapé et sur la table basse, il y avait des dizaines de feuilles écrites dans une calligraphie indéchiffrable a demi collées par des taches de Coca. Je me mis à en décoder quelques unes, a lancer une impro' sur un sujet, les rimes étaient comme une seconde peau, elles venaient toutes seules entre la télé allumée, l’album du Doc Gynéco qui tournait sur la home box et les rires de mon acolyte. La clé tourna, Chris était de retour, à peine entré il se mis à gueuler sur son frère: le paquet de chips qui était ouvert sur la table laissait des miettes partout, le Coca dans le frigo ouvert la veille ne comptait plus qu’un demi centilitre, la vaisselle n’était pas faite, etc. C’était tendu entre eux depuis un moment, pas évident de vivre à deux même pour des jumeaux,... je chambrais un peu Chris pour détendre l’atmosphère. C’était une situation particulière, ils sont comme ma famille, Chris est comme mon frère mais ils ont aussi leurs histoires de famille, leur passé… Je me suis toujours effacé par pudeur, j’ai toujours partagé leur peine sans pourtant en sentir l’ampleur, spectateur de leur vie comme parfois je l’étais de la mienne. La tension s’estompait peu à peu, on sortit les cartes, des dizaines de pièces de 20c de francs d’un typeware blanc qui traînait dans le meuble contre le mur et on lança notre partie de poker fermé. La nuit passa, les week-ends passèrent, les mois…
Ombres chinoises/ Une ligne de craie blanche sur le noir d'une ardoise / Deux courants d'air, froid et chaud, qui se croisent / Je t'aime...mais je te trompe résonne dans le crâne / Et comme un virus fait ma raison tomber en panne / Mon calme disparaît / Avec les vapeurs suaves de ma jalousie qui apparaît / Pour la première fois comme une arme de jais / Le lent poison coule épais / Dans mon encéphale / Et, dans mon reflet ma peau n'est pas assez pale / Noir, tableau et ta craie dessine les courbes de mon désir / Pire / Le pire c'est que le rongeur dicte au reste / Et comme le rat sur le navire propage la peste / Le mal d'Othello guide mes gestes.
dioscure, 1999
Nous avions usés nos voix toutes l’après-midi de ce dimanche de printemps. Chris était passé dîner avec nous. J’avais passé la semaine sans sortir de chez moi, j’avais écrit des centaines de chansons, mon cerveau était comme un four, chaque mot que l’on me murmurait se transformait en plat chaud sous forme de prose ou de vers. Et c’était sans compter toutes les instrus que j’avais généré, entre les samples de Ginuwine, Rocca, Another Bad Creation, Cesaria Evora, la BO de Blade Runner…
Nous avions usés nos voix toutes l’après-midi de ce dimanche de printemps. Chris était passé dîner avec nous. J’avais passé la semaine sans sortir de chez moi, j’avais écrit des centaines de chansons, mon cerveau était comme un four, chaque mot que l’on me murmurait se transformait en plat chaud sous forme de prose ou de vers. Et c’était sans compter toutes les instrus que j’avais généré, entre les samples de Ginuwine, Rocca, Another Bad Creation, Cesaria Evora, la BO de Blade Runner…
Nos pâtes au beurre accompagnées de tranches de jambon ingurgitées, on se mis sur la moquette de ma chambre avec des coussins. Chris ne voulait pas avancer d’argent à Daivy qui était broke donc l’idée poker fut abandonnée mais une partie de Canastas débuta.
- T’es créatif en ce moment, t’arrêtes pas !
- Oui, j’ai trouvé une muse
- Elle à des copines ??...Daivy se mis à rire
- Elle sort d’où ? Elle s’appelle comment ?
- Elle est dans le 92, Emmanuelle…
- Emmanuelle, c’est un nom de cochonne ça ! mais p’tain tu les trouve toujours à des kilomètres, tu fais exprès ?
- Bah, il ne s’est rien passé…elle m’a juste appelé une fois, elle gardait une vieille...
- Un coup de fil ? Arrête de faire ton lover, t’es bien degeulasss…on le sait
On éclata de rire de plus belle, en pensant à notre pote Shogun tout bourré sur la piste de danse du Metropolis qui regardant une vieille se dandiner nous avait sorti cette phrase devenue mythique : Elle est bien dégueulassssss
- Non, non, elle a un mec depuis 5ans, elle est sérieuse, c’est un peu compliqué…
- Et alors, tu la ramène et… Je le coupais, mais les gestes de fessés qu'il mimaient faisaient passer le message
- Non, j’ai tout mon temps, cette fille…cette fille c’est ma destinée. Si ça se fait dans dix ans alors ça se fera dans dix ans mais ça se fera
- Mais t’as pris un truc ou quoi ?
Je ne me souviens pas de la suite et je suis persuadé que Chris et Daive non plus. Quatre mois passèrent, Emmanuelle ne me rappelait toujours pas (je ne le savait pas encore mais il fallait que j’attende encore un an, mais ceci est une autre histoire qui fera l’objet de nombreux textes de ce blog). Je finissait mon école et me faisait embaucher dans la pub après mon stage, je vivais de soirées en soirées, de filles d’un soir en filles de deux. Daivy était tombé malade, je rappais seul, mes textes étaient moyens, je n’avais plus de muse. Nous avions Chris et moi tenté de faire une reprise en français de « Simple Pleasure » de Karyn White mais nos voix étaient lamentables. J’écrivais pour d’autres personnes et plus pour moi jusqu'à ce qu’une fille en studio soit tellement dyslexique sur un de mes textes que je m’emporte dans une colère rare et arrête ma carrière de parolier en la traitant de tout les noms d’animal invertébré.
Le temps passa et une relation très passionnée et destructrice débuta avec Marilyne (oui, encore une autre histoire a raconter ici). Ce fut une période très intense émotionnellement et mon écriture s’en servit comme engrais. D’autant que nous passions parfois des journées entière a ne rien faire à part écouter des CD collés dans les bras l’un de l’autre. Entre nos nuits d’amour et nos nuits de haine, j’écrivis mes meilleurs textes, plus matures, moins self-oriented.
Famille / Famille / Famille
Et si l’on croit le dico, y'a ceux qu’on choisit / et ceux qu’on subit
Ensemble d’elements / derivant d’un meme element / la parenté
Ensemble d’elements / ayant des affinités / l’amitié
Et toi, baby / celle choisie / pour m’accompagner
Famille / Famille / Famille
Parapluie contre la solitude, maillons d’une meme chaine /
Question d’amour, et dit moi / Combien de fois / t’ai je dit « je t’aime »
Je suis ton epaule, tu es la mienne / contrat tacite / Mais les larmes comme les sourires sont si explicites /
Ces choses qu’on ne se dit pas et qu’on devine / Tu es de ma famille, tu le sais ou le devine
Famille / Famille / Famille
dioscure, 2000
- T’es créatif en ce moment, t’arrêtes pas !
- Oui, j’ai trouvé une muse
- Elle à des copines ??...Daivy se mis à rire
- Elle sort d’où ? Elle s’appelle comment ?
- Elle est dans le 92, Emmanuelle…
- Emmanuelle, c’est un nom de cochonne ça ! mais p’tain tu les trouve toujours à des kilomètres, tu fais exprès ?
- Bah, il ne s’est rien passé…elle m’a juste appelé une fois, elle gardait une vieille...
- Un coup de fil ? Arrête de faire ton lover, t’es bien degeulasss…on le sait
On éclata de rire de plus belle, en pensant à notre pote Shogun tout bourré sur la piste de danse du Metropolis qui regardant une vieille se dandiner nous avait sorti cette phrase devenue mythique : Elle est bien dégueulassssss
- Non, non, elle a un mec depuis 5ans, elle est sérieuse, c’est un peu compliqué…
- Et alors, tu la ramène et… Je le coupais, mais les gestes de fessés qu'il mimaient faisaient passer le message
- Non, j’ai tout mon temps, cette fille…cette fille c’est ma destinée. Si ça se fait dans dix ans alors ça se fera dans dix ans mais ça se fera
- Mais t’as pris un truc ou quoi ?
Je ne me souviens pas de la suite et je suis persuadé que Chris et Daive non plus. Quatre mois passèrent, Emmanuelle ne me rappelait toujours pas (je ne le savait pas encore mais il fallait que j’attende encore un an, mais ceci est une autre histoire qui fera l’objet de nombreux textes de ce blog). Je finissait mon école et me faisait embaucher dans la pub après mon stage, je vivais de soirées en soirées, de filles d’un soir en filles de deux. Daivy était tombé malade, je rappais seul, mes textes étaient moyens, je n’avais plus de muse. Nous avions Chris et moi tenté de faire une reprise en français de « Simple Pleasure » de Karyn White mais nos voix étaient lamentables. J’écrivais pour d’autres personnes et plus pour moi jusqu'à ce qu’une fille en studio soit tellement dyslexique sur un de mes textes que je m’emporte dans une colère rare et arrête ma carrière de parolier en la traitant de tout les noms d’animal invertébré.
Le temps passa et une relation très passionnée et destructrice débuta avec Marilyne (oui, encore une autre histoire a raconter ici). Ce fut une période très intense émotionnellement et mon écriture s’en servit comme engrais. D’autant que nous passions parfois des journées entière a ne rien faire à part écouter des CD collés dans les bras l’un de l’autre. Entre nos nuits d’amour et nos nuits de haine, j’écrivis mes meilleurs textes, plus matures, moins self-oriented.
Famille / Famille / Famille
Et si l’on croit le dico, y'a ceux qu’on choisit / et ceux qu’on subit
Ensemble d’elements / derivant d’un meme element / la parenté
Ensemble d’elements / ayant des affinités / l’amitié
Et toi, baby / celle choisie / pour m’accompagner
Famille / Famille / Famille
Parapluie contre la solitude, maillons d’une meme chaine /
Question d’amour, et dit moi / Combien de fois / t’ai je dit « je t’aime »
Je suis ton epaule, tu es la mienne / contrat tacite / Mais les larmes comme les sourires sont si explicites /
Ces choses qu’on ne se dit pas et qu’on devine / Tu es de ma famille, tu le sais ou le devine
Famille / Famille / Famille
dioscure, 2000
Un jour, je sortais du 15 rue Pasquier quand mon cellphone sonna, c’était Emmanuelle. Et au delà de notre histoire, au delà de deux ou trois autres textes écrits en une presque décade suivante. Au-delà des heures passés en 2001 en studio avec Aicks pour faire notre album (jamais sorti et Dieu sait que mon pote avait du talent…malgré son penchant pour ne rien foutre a part chasser la gazelle qui a plombé notre boulot). Cet appel était l’annonce de la fin de ma période créative, quelques mois plus tard, j’écrivais ce que je voulais être mon dernier texte et ce encore aujourd’hui.
I died...2nite
Je n’entends plus la musique, je n’entends plus mon cœur battre
Je n’avais pas remarqué l’heure tardive, il est sans doute temps que je parte
Tirer un trait sur toute cette comédie, j’aurais ma chance à la prochaine
Avant de pousser la dernière porte, jeter un regard vers la lune pleine
C’est à la nuit que je passerais à la nuit, et elle se fait miroir de ma vie
Je me sens vide, je me sens plein, heureux et malheureux, 1000 envies et plus aucune envie
Reste la certitude, parmi tous ceux qui la cherchent, j’ai trouvé l’âme sœur
Le sens de la vie, de la mienne en tout cas alors je pars sans peur
Pardon à tout ceux qui ne comprendrons pas, j’ai atteint mon but, il ne me reste plus rien
Ce n’est pas à cause d’elle, elle est ma cause, et avant elle je n’etais rien
Je ne veux pas la perdre, laissez moi m’endormir, je ne veux plus d’autres rêves
De la bas, sur l’autre rive, je pourrais vivre mon amour sans que le soleil ne se lève
Pardon à tout ceux qui ne comprendrons pas que le meilleur n’est pas à venir
Je ne suis pas fou, je n’ai pas de peine, j’aurais aimé être un héros de Shakespeare
Le poison fait son effet, « le reste n’est que silence », j’évite le pire…
Un regret pourtant au seuil du cercle des suicidaires, je la voudrais femme et mère
Qu’il reste de notre amour plus qu ‘une épitaphe sur un linceul et une prière
Une fille qui lui ressemble, la même flamme dans les yeux, les mêmes mains minuscules
Un regret encore, lui faire l’amour encore, mourir puis mourir, terre et moi péninsule
Je ne suis pas fou, je n’ai pas de peine déjà la porte se ferme, je suis heureux, adieu.
dioscure, 2001
So what is the answer to the question of U? demandais Prince dans le film Graffiti Bridge (mal joué, mal tourné mais une BO mal estimée...avec la découverte de Mavis Staple, Tevin Campbell et des productions de The Time énormissimes, sans oublier le funk electro des NewPowerGeneration qui sonnent comme un Georges Clinton tribute)
So what is the answer to the question of U? ... j'avais trouvé une réponse, aujourd'hui je cherche la question....
C'était le bon vieux temps mon pat!
RépondreSupprimerOn était jeune, beau avec plein d'espérances et d'ambitions...On n'avait peur de rien, innocent, effronté, impétueux, insolent, le monde était à nous...
Simple pleasure are the best baby : quel kiff Karyn White!
++
Chris