<….Allez ! Lève la tête, prends un bain intangible d’espoir et de vie….>
<…Aime !....>
<….Peins tes heures de nouveaux paysages d’une parfaite lumière….>
La peur. Elle s’arrête là, terminus.
INTERLUDE: 100 jours.
Il était tard en ce soir de Juillet, je sortais du Diwan un restaurant-bar Libanais sur la rue d'Anfa à Casablanca. Un chauffeur de taxi m'approcha me proposant la course. Je déclinais en première intention et mis les écouteurs anti-bruits dans leur loge orale jusqu'à ne plus entendre ses derniers mots. Je cherchais une demi-seconde le dernier album de Joe et pressais la touche -PLAY- de l'Ipod. L'hôtel était à quelques blocs de là, je m'enfonçais dans la nuit. Au bout de quelques mètres, je croisais des filles relativement jeunes au bord du trottoir, arrêtant quelques autos pour une passe. Je baissais la tête et pressais le pas, je ne voulais pas voir leur regards quand je leur dirais non. J'avais chaud, un peu de vertiges, le ventre ballonné. Sans doute avais-je trop mangé, cet excellent homos fort en huile d'olive se mélangeait mal avec les nombreuses tasses de thé et le chicha. Je me retournais, j'avais a peine fait 600m et j'étais déjà essoufflé. Je levais le menton pour prendre un peu d'air, et la lune mi-pleine trônait au dessus de moi, totalement dégagée, si brillante qu'aucune étoile ne parasitait son entourage, et la voix entonnait un refrain: "every breath I take, I take for two". Je posait ma main sur ma jambe droite et vomis ma bile sur la chaussée. Je tremblais. Je m'assied un moment sur le bord de la route.
A ce moment là, je n'avais envie que d'une chose, poser mon visage sur une poitrine et fermer les yeux, écouter un cœur battre, sentir sa chaleur m'envahir jusqu'à ce que je veuille m'enfuir de ses bras. Je me mis à engueuler la lune, tout cela était sa faute si je me sentais si incomplet. Je pris le BlackBerry et écrivis une connerie à Anne sur sa page Facebook, j'attendais quelques minutes une réponse mais...rien, j'étais seul. Je me sentais seul au monde, je me mis à penser à Emmanuelle, la gardienne de ma raison. Chris, Dams ou Luc étaient loin, Lena était loin, ma mère était loin. Je n'avais plus de repère, le jeudi j'étais à Prague, le samedi dans un bar de Slovaquie, le mercredi à Paris et ce jeudi déjà à Casablanca, je n'avais même pas un point fixe matériel auquel me raccrocher. Épuisé, je convertissais la monnaie de couronnes tchèques en dirhams avant de payer mes notes, je répondais en anglais aux types qui me parlaient en français, chaque sourire qui m'étaient dirigés était comme une agression. Ils en voulaient tous à mon argent, chacun avait son argument et me vendait quelque chose, un service, une course, un massage, de la drogue, un repas, du sexe, à boire...Stoooooooop, arrêtez, je vous en supplie mon crane explose! La journée, j'avais répondu aux questions de mes étudiants auditeurs, j'avais fait mon commercial Jedi à l'associé local, et tous leurs faux sourires étaient le reflet du mien, c'était le jeu et je suis le meilleur dans ma partie. Mais le soir, quand le décors s'effaçait, quand le verbe pouvait être vrai, la seule chose que j'espérais, la seule chose que je désirais était que quelqu'un me demande sincèrement si j'allais bien.... Et non, je n'allais pas bien. J'étais assis frissonnant sur un trottoir crade au bord de la route contemplant mon vomi à la lueur d'un astre pale.
Je me levais, rigolant franchement de ma soudaine déchéance et tendit le bras. Un taxi s'arrêta.
- Je vais au Business Hôtel, je te donne 300dh pas un de plus et si tu me saoule je te démonte toi et ta caisse de merde !
- Mais...
- Vas y j'suis malade, me saoule pas j't'ai dit !! je secouais son siège passager...
- Business Hôtel, tout de suite...
3mn plus tard, j'étais devant mon hôtel et lui donnait 500dh en m'excusant. Le portier m'ouvrit la porte et me dit « Bonsoir Monsieur, comment allez vous? ». Je répondis en hochant la tête, et dans l'ascenseur, un larme coula sans que je puisse la retenir. Je pris mon laptop et tenta de me connecter au wifi fantôme de l'étage, mais rien. Je me mis a regarder un épisode de 'Life on Mars US', je me sentais comme le personnage principal...piégé dans un autre monde. Je n'avais pas envie de dormir, je lavais ma face blafarde à l'eau froide et fut pris d'un fou-rire en pensant que je pouvais prétendre sans difficulté à un rôle dans la suite de 'Twilight'. Je descendis, réveilla le portier et une fois dans la rue demandai au taxi de me conduire sur la corniche.
La corniche de Casa est coté plage colonisée par des hôteliers et des restaurateurs et coté terre par des clubs lounges, bars ou boite de nuit qui sont tous accessoirement des repères à putes. Bref, d'un cote les femmes qui profitent, de l'autre celle dont on profite, le tout séparé par une rue a sens unique bondée de taxis. Je me mis face à la mer, les pieds dans le vide. Et réfléchissant sur ma vie, je pris la résolution secrète des 100jours, sans pour autant savoir quand j'allais débuter sa mise en œuvre. Je me sentais mieux, l'air frais de la baie avait éteint les feux qui me consumaient.
Résolution des 100 jours, vendredi 14 Aout, 25 jours sont passés...rien n'a changé et pourtant tout est entrain de changer, le jeu commence à peine.
L'AMOUR A PILE OU FACE
Le long de notre vie, nous avons des relations humaines, certains plus que d’autres, certaines plus importantes que d’autres. Des relations de contact, d’échange commercial, de camaraderie, d’amitié, de travail, sportives, de loisirs, aux hasards de la vie, etc. Certains sont plus doués que les autres pour gérer certains types de relation, mais en général, il y a toujours un mode de communication qui nous convient et ce même si les choses évoluent vers une pluralité des concordances ou vers une prise de conscience tardive. Certaines personnes sont douée pour aller vers les autres, elle sont dé-inhibées, elles nagent naturellement parmi les phrases, se fondent dans la masse et désarment par le naturel de leur décontraction, leur chaleur. D’autres sont plus refermés, plus introvertis, passifs ; il suivent le courant non par timidité, mais par pudeur, par respect envers les autres. Souvent on ne sent leur chaleur que lorsque l’on est collé à eux. Certains oscillent au gré des événements entre les eux extrêmes, plus caméléons, peut être prennent ils le temps d’analyser la situation avant de se livrer, ou peut être qu’ils se taisent parce qu’il ne savent pas mentir. Je suis né du feu (ma mère) et de la glace (mon père) et constamment, je me suis retrouvé bloqué, me demandant quel comportement adopter, que choisir. Et le temps de me décider, le temps était passé, j’avais raté l’instant. Bien souvent ce mauvais timing a été assimilé a une attitude glaciale, de la réserve, et beaucoup se sont brulés en s’approchant trop tranquilles. Les gens se demandaient si je ressentais finalement quelque chose dans les épisodes tumultueux de ma vie, ce que je pouvais bien penser et puis quand ils fermaient les yeux en proie à la douleur, à la peine j’étais celui qui se tenait au dessus de leurs corps recroquevillés. Je parais mais ne suis pas ce que je parais, cette phrase de Iago dans le Othello de Shakespeare me sied parfaitement.
J’étais assis sur son canapé et vraiment je ne sais pas ce que je foutais la. Je n’avais aucune arrière pensée, j’étais juste passé discuter avec elle, passer un peu de temps avec quelqu’un que j’estimais différent. On se connaissait à peine, en fait on ne se connaissait pas vraiment. J'étais curieux, elle était comme un ovni dans mon monde et moi comme un extraterrestre dans le sien. Il faut croire que déjà nous nous complétions, véhicule et passager. Je m'étais garé devant le portail de sa maison, elle avait ouvert la grille. Puis la suivant dans l’escalier montant a son appartement, je n'avais regardé que ses chevilles car j’avais trop peur qu’elle se retourne me me voie fixer son cul. Nous traversions le couloir, la porte de droite était entrouverte, elle menait vers la la salle de bain, les perles de buée sur le miroir et le parfum de shampoing qui émanaient d’elle me confirmait qu’elle venait de se préparer. Les gens font souvent peu de cas de ce type de détails et pourtant par cela je savais que ma venue n'était pas juste un insert dans son emploi du temps, elle s'était organisée autour de ma venue, j'étais l’emploi du temps. Nous avons parlés, de son boulot, de musique, de la vie, de ma philosophie de la vie. Philosophie de la vie....quelle farce! Je n'étais qu'un gamin et elle, c'était une femme. Elle avait déjà été marié, divorcé, mère, amante et notre simple écart de six années semblait être un écart d'une vie. J'étais étudiant, ignorant, caustique et prétentieux. Mais elle avait remarqué que je savais écouter, que je ne trichais pas, que j'observais en silence et que je voyais les détails quand tous se contentaient de l'image d'ensemble, que je voulais toujours savoir comment se construisait les événements de la vie comme un gamin démontant un jouet pour voir comment il fonctionne. On se chamaillait sur le DJ du Beverly Hills, son petit ami, sur l'importance du sexe dans une relation, sur l'importance des sentiments dans le sexe. Je me souviens qu'un de nos sujet de discussion fut sur le timing dans la vie, saisir la chance quand elle se présente. Et puis on parla de notre première rencontre.
Deux mois auparavant.
J'étais devant le Beverly Hills avec Christophe et Hervé son pote de vélo. C'était la seule boite de nuit dans la région qui passait autre chose que de la techno, une folie. Une salle funk-eighties et une salle newjack-happy house. Le Graal pour nous. Nous avions faits le trajet depuis Grigny-Draveil dans le 91 en passant par Vert-StDenis pour entrer en terre sacrée dans le fond du trou du cul du monde du 77 entre les vaches et les champs de blé, tout ça pour enfin passer une soirée de rêve. Hervé empestait le parfum de chez ATAC et avait fermé sa chemise à la MN8, Chris avait mis du gel qui lui donnait un air à la Johnnie Deep dans Donnie Brasco et moi j'avais ma coupe Curly-waves qui me faisait ressembler a un chanteur de Milli Vanilli et des santiags (lol). 3 kékés prêts pour chauffer la piste. Et, une fois devant l'entrée...
- Messieurs, elles sont où les filles ?
- A l'intérieur ...répondis Hervé
- Non mais la ça va pas être possible, Messieurs, faut être accompagnés
- Oui mais c'est la 1ere fois qu'on vient...
Le type écarta Chris avant qu'il eu fini sa phrase pour laisser rentrer un groupe de gars.
- Eh mes eux, ils ne sont pas accompagnés...
- Des habitués...Bon Messieurs, va falloir dégager l'entrée
- Attendez, on peut discuter
Le type fit un sourire a une fille qui rentrait. Et ajouta.
- Non c'est non. OK ?
Personne ne parla dans la Patmobile, jusqu'à notre arrivée au Kio, de l'autre coté du 77 après Fontainebleau. On entra dans la boite sans dire un mot, sans jeter un regards vers les types qui devant la porte essayaient d'entrer en nous pointant du doigt, sans entendre les videurs leurs dire: ce sont des habitués...
Un mois auparavant
Je suis du genre tenace, et j'étais persuadé que le BH était le Graal. Je décidais donc de revoir des amies de lycée pour une sortie en boite, comme par hasard a cote du domicile de l'une d'entre elle. J'appelais Isabelle, la motivait pour ameuter ses deux acolytes Audrey (la fille du premier post de ce blog) et Mélanie tandis que moi je ramenais les miens. On se retrouvait sur le parking du BH et Mélanie me présenta la pâtissière de son village, Valérie. Avantage de la miss, le DJ était son homme, elle fit la bise aux videurs. On entrait ENFIN au paradis.
La soirée ne se déroula pas selon mes plans mais fut agréable. Bien sur, la boite était géniale par rapport a ce que l'on connaissait, bien sur Audrey était belle, bien sur Hervé becotta Isabelle sur un slow,etc. Je dansais la série slow avec Valérie (va savoir pourquoi), elle était froide et distante, je l'avais forcé a éteindre sa cigarette pour danser car je trouvais ça dérangeant et impoli. Ça l'énerva, elle me dit que Mélanie l'avait prévenu que j'étais quelqu'un de spécial et d'assez énervant... La lumière s'alluma, on prit la direction du parking. Mélanie nous invita a prendre un café chez elle avant notre longue route et vu que la langue d'Hervé était dans la bouche de la copine qui dormait chez elle. On connaissait l'endroit, j'y avais dormi quelques mois auparavant lors d'un anniversaire avec le Chris et StraubP. Valérie resta un moment avec nous et nous informa de son départ. Et la, a la surprise générale du groupe, je demandais son numéro.
- Pourquoi faire? Répondit-elle toujours si glaciale
- Ben pour retourner la-bas...comme ça on se cale quand tu y va et on te suit
L'assemblée fut soulagée et il semble que la miss aussi. Je ne comprenais même pas leur surprise au départ, tant je ne pensais qu'a aller en boite.
Quinze jours auparavant
J'appelais Valérie pour savoir si elle allait au BH. Elle était fatiguée, elle s'était embrouillée avec le DJ et n'était pas motivée, j'insistais car j'étais tout seul et je voulais sortir. Elle me demanda de passer avant chez elle, le temps qu'elle se prépare. J'arrivais en retard. Elle m'attendait adossée à la porte de sa voiture. Par terre, plusieurs mégots a moitiés finis indiquaient que la miss était furax alors je m'avançais vers elle avec un énorme sourire à la Joker.
- Je me suis perdu
- J'ai failli retourner me coucher
- J'ai failli être à l'heure
- T'as toujours une réponse...
- Non, en général j'ai des questions...
Il ne se passa rien, pour moi elle était un ticket d'entrée rien de plus.
Une semaine auparavant
- Je suis dans le coin, t'as fini de travailler
- Oui, j'allais me coucher
- Te coucher, il est 16h?
- Je travaille a 4h du matin moi !
- Bon tant pis...
- Pourquoi? Tu veux passer...
- Non, t'as ton fils tout ça...
- Non, il est chez mes parents. Passe, tu me parlera pour pas que je m'endorme...
Nous passâmes l'après midi a discuter de futilités, d'un type s'appelant Auguste qui la draguait. De son copain le DJ. De son fils, de son mariage raté, de sa vie. Nous étions devenus amis
Jour J
Cela faisait déjà quatre fois cette semaine que nous nous voyions. Ma petite amie, Marie-Hélène, était au lycée a Fontainebleau, je la raccompagnais chez elle, restait un moment puis filai voir Valérie avant de rentrer chez moi.
Ce jour la donc j'étais dans le canapé, et elle a coté de moi. Je lui fi remarquer que la première fois ou je fut sur son canapé, elle était à l'autre bout de la pièce derrière le bar de sa cuisine américaine, et la seconde fois sur le siège en face à 3 mètres... Je lui parlais d'animal enfin apprivoisé, elle n'apprécia pas
- J'aime bien quand tu t'énerves, tu as des yeux expressifs
- J'aime bien tes mains
- Mes mains?
- Oui, j'adore tes mains. Y'a des filles qui aiment les yeux, les culs,... moi c'est les mains
- J'ai de long doigts crochus !
- Tu as des mains magnifiques....
L'après midi passa. Elle m'escorta jusqu'à ma Patmobile. J'ouvris la porte.
- Je peux te poser une question?
- ..Heu...oui
- Pourquoi tu viens me voir?
- ?? Je ne savais pas qu'il fallait une raison. On s'entend bien même si on est très différents, c'est cool! ...tu es...spéciale
- C'est la première fois qu'un gars me tourne autant autour sans rien tenter
- Mais je ne cherche rien, je te prends comme tu es...
- Et pour toi le sexe n'as pas besoin de sentiments pas vrai
- Oui, c'est comme faire du sport avec un partenaire, un ...tennis
- C'est pas grave si on couche ensemble alors
- … Je restais sans voix
- Tout est dans l'instant tu disais
- ….
- Qu'est ce qu'on fait alors?
- Je ne sais pas....
- On joue à pile ou face ?
Je me mis a rire. Elle sortit une pièce de 5francs de son jean. Et me la tendis..
- Non, non... c'est toi qui lance
- Mais je suis nulle a ce truc...
- Allez...
- Face on sort ensemble...
Elle pris le bout de metal entre son index et son pouce en fermant les yeux, quand elle les ouvrit ils pétillaient en le suivant tournoyer en l'air. Elle rata la pièce qui tomba par terre, je m'approchai pour voir mais elle fut la première sur le résultat.
- Alors?
- …
- Alors?
Elle m'embrassa.
Je ne le savais pas encore mais cette pièce de 5 Francs venait de changer ma vie pour toujours.
A SUIVRE